Jusqu’à cette saison.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire cette année mais je trouve que la saison 4 a vraiment fait gagner la série en maturité. Oh certes, on gère toujours aussi déplorablement certains arcs, on se prend encore et toujours les pieds dans le tapi, on se perd dans des digressions inutiles, on se plante, oui, mais cette saison a fait trouver à la série son rythme de croisière. Moins languissante à mi-parcours, avec une meilleure gestion des intrigues et du temps d’antenne d’une bonne moitié des personnages, « Game of Thrones » présente désormais le visage qui devrait rester le sien : une série imparfaite, mais qui globalement parvient à relever le défi d’être une bonne série de fantasy.
D’ailleurs, cette saison, il n’a pas été rare de lire ou d’entendre « meilleur épisode de la série » ou « meilleur épisode de la saison » et ce, quasiment toutes les semaines.
« The Children » les enterre cependant tous. Excellente conclusion à cette saison 4, il finit avec force tous les arcs de cette année, jouit d’une bonne écriture, de scènes visuellement impressionnantes, et d’une mise en scène très bien pensée, à la fois pour l’épisode lui-même et pour la saison tout entière. Et il trouve dans le même temps le moyen de cristalliser un des fils rouges des dix épisodes écoulés, le thème central si je puis dire : les enfants.
Une requête aux lecteurs : on a beaucoup spéculé dans les commentaires de la semaine dernière sur un éventuel cliff qui n’a pas eu lieu. Afin de ne pas trop savonner la planche aux non-lecteurs qui risquent fort de se faire spoiler la face avant l’an prochain vu le buzz qui se crée autour de cette absence, merci de ne faire AUCUNE allusion à vous savez quoi.
En plus, bah, c’était pas si grave, on a très bien vécu ces 66 minutes sans :p
Le Mur.
La dernière fois que nous avons vu Jon Snow, il s’étiolait dans un fondu blanc nanar, partant seul et sans autre arme que sa moue et ses cheveux affronter l’ire de Mance Rayder. Bref, on en aurait été presque inquiets si « Game of Thrones » n’avait pas établi une loi immuable : c’est quand ton personnage a l’air le plus en danger qu’il s’en sort.
L’ennemi qui te tue est celui que tu ne vois pas.
Souviens-toi en, Mance Rayder, toi et tes éclaireurs mi-sourds, mi-aveugles, mi-demeurés incapables de repérer DEUX armées leur fonçant dessus en rase campagne. GG les mecs, Darwin Award direct dans vos mouilles.
Mais avant d’en arriver au cas troublant de ce bataillon de sentinelles formées par Helen Keller, penchons-nous sur la scène de l’arrivée de Jon et son entrevue avec le roi d’Au-Delà du Mur. Pas tant les dialogues, ni le jeu des acteurs. Encore que j’aurais bien envie de dire un truc sur le retour de la laryngite de Kit Harrington. Mais ça doit être d’avoir passé sa nuit à gueuler sur les Sauvageons.
Non, ce qui m’intéresse c’est la manière dont la scène est filmée, caméra au poing. Pas la première fois que c’est le cas dans la série, mais sans doute la première où ce style « prise de vue sur le vif » sert aussi bien les propos du réalisateur.
Je développerai cette idée plus tard, mais cette semaine, le réalisateur, Alex Graves choisit non pas l’emphase, non pas le final pétaradant, mais l’illustration des conflits intérieurs qui déchirent les personnages. Et pour se faire, il va pour la première fois emprunter le regard des personnages. Adopter leurs points de vue. Dans la scène où Jon approche le camp, un plan explicite clairement cette attention : celui où la caméra, placée dans son épaule, nous fait découvrir Mance sortant de sa tente. A cet instant et pour le reste de la scène, c’est le point de vue de Jon qui devient le nôtre.
C’est sans doute la première fois que la série abandonne son souci d’objectivité. Et c’est plutôt réussi.
Mais comme je vous le disais, on en reparlera plus tard, à l’occasion de la deuxième scène de l’épisode ayant recours à ce style de prise de vue.
Mance et Jon, dans une autre vie, auraient pu devenir des drinking buddies. Ils auraient vidé des tas de tonnelets en se racontant des histoires du régiment avec des moues de circonstance. Mais la vie en a décidé autrement et maintenant, ils en sont réduits à vider des godets en se racontant des histoires du régiment avec des moues de circons….
Ouais, ok. Tout ce beau potentiel de bromance gâché par la sonnerie impromptue d’un cor.
«-AhaHAH ! Jonsnow ! On essaye de me la faire à l’envers ?
–Mais PADUTOU m’sieur Mance. J’veux dire, Vot’ Majesté…
–Alors c’est quoi ce pataquès ? Pourquoi j’ai une armée tellement gigantesque qu’on dirait celle de la République Populaire de Chine qui me déboule sur la tête ?
–J’en sais rien moi, peut-être que vous avez de mauvais éclaireurs ! »
Moi je dis que c’est Jon qui a raison, surtout qu’une fois tout le monde sorti de la tente, on constate en effet que les effectifs de trouzmilliard d’hommes, femmes, enfants, mammouths et géants ont fondu comme neige au soleil.
Partis, plus là… ne reste que trois quatre pelés pour se faire rouler dessus par wattmille cavaliers exécutant impeccablement la manœuvre de la tenaille dans la forêt de Machecoul.
«-Félicitations, ser Davos, notre tactique semble fonctionner du feu de R’hllor !
–Oh, merci, chef ! »
Du coup, le dernier carré de résistance autour de Mance Rayder ne ressemble strictement à rien, et heureusement que la mise en scène de l’arrivée de l’armée de Peyredragon est sobre mais efficace, parce que sinon ça frisait l’indigence cette affaire-là. Question de budget, évidemment, alors ne soyons pas plus royalistes que Stannis Baratheon qui justement s’avance devant Mance Rayder.
«-C’est qui ce demeuré en slip dans la neige ? Demande le roi d’Au-Delà du Mur.
–J’en sais rien, mais il doit être important vu qu’il n’a pas de casque.
–Et puis il a grave la classe.
–Le demeuré en slip s’appelle Stannis Baratheon. SA fuckin’ majesté Stannis Baratheon », corrige Davos que l’on sent toujours super heureux d’énoncer la titulature de son royal bro’ sur un ton mi-transi mi-rageux (prenez une chambre, les mecs, sérieux…)
«-Ah ok… Mais du coup, je ne saisis guère… Vous vous êtes perdu ? Vous ramassiez des bulots et vos pas vous ont entrainé loin de votre maison ? Vous voulez un café, un thé, une bonne carte ou un GPS ?
–Je suis beaucoup trop cool, classe et important pour répondre à vos questions, bande de mécréants. Qui est la grande frisée à l’air chafouin à tes côtés, roi d’Au-Delà du Mur ?
–Celui-là ? c’est Jonsnow. Mais on connait pas son nom de famille.
–En effet, je suis Jon Snow fils de.
–Fils de ?
–Ben, de Ned Star. Attendez… Partout où je vais même chez les Cromagnons tout le monde me jette ma bâtardise au visage, comme si elle me précédait telle une aura de loose et vous, vous savez même pas qui je suis ?
–Beh non.
–Ben laissez-moi vous dire que je vous aime déjà alors, vot’ majesté Stannis.
–Bon, Mance Rayder, c’est pas qu’on s’ennuie mais voilà, nous avons gagné alors veuillez-vous constituer prisonniers séance tenante et nous suivre de l’autre côté du Mur.
–AVEC JOIE PUTAIN JE VOUSAIMEDEJAAUSSI.
–Dites, M’sieur le roi, je peux vous ennuyer avec un menu détail ?
–Dites toujours, Jon Snow fils de.
–Bon, je sais que c’est du souci et tout, mais il faut que vous ramassiez vos morts, que vous construisiez un grand bûcher et que vous y foutiez le feu.
–Un bûcher gigantesque ? C’est bien ça que vous me demandez, mon petit ?
–Voui, m’sieur, avec votre respect.
–JE VOUS AIME DEJA JONSNOW ET IL FAUT QUE JE VOUS PRESENTE QUELQU’UN. »
Ainsi Jon su-t-il trouver les mots juste pour frapper le cœur ardent de Stannis Baratheon. Leur amour pour les bûchers mettra-t-il en péril la relation du roi avec Davos ? Mélisandre verra-t-elle d’un bon œil cet autre pyromane dans la vie de son Elu ? Il est encore trop tôt pour le dire.
En attendant, la Garde de Nuit pleure ses morts.
Après un ultime hommage rendu à la roxxitude barbue de Grenn et au glabre courage de Pyp, il est grand temps de foutre le feu aux Frères Jurés. Trois bûchers en un épisode pour Jon Snow, en comptant celui d’Ygrid. Voilà qui n’est pas sans intriguer une certaine dame en rouge, qui l’observe sans mot dire de l’autre côté des flammes.
Pas folichon une saison durant, l’arc du Mur se sera conclu de manière satisfaisante, même si les égarements et autres pertes de temps n’ont jamais pu être récupérés. L’arrivée providentielle de Stannis est d’ailleurs elle aussi victime du traitement approximatif de toute la partie Peyredragon, et cette volonté pas dénuée de sens mais au final stérile, de construire un suspens autour de ce dernier épisode.
Il me semble un peu hasardeux, pour un non-lecteur, de comprendre pourquoi Stannis est ici, pourquoi il va risquer son armée et sa peau au-delà du Mur. Un rappel de Mélisandre à ce sujet, dans la scène du bain, permettait sans doute de faire le lien entre le voyage à Braavos et cette expédition, rappelant la vision qu’elle avait eu dans les flammes en saison 3. Mais le traitement de cette intervention comme un deus ex machina peine à mon avis un peu à fonctionner dès lors que l’on essaye de nous montrer un groupe de personnage se rendant vers un autre, sans vouloir le dire, mais si un peu quand même.
Ce développement dans l’ensemble bancal, mal construit et trop plein de trous pour tenir debout tout seul. Heureusement, ce dernier épisode offre de belles scènes qui à défaut de compenser les erreurs, aident à mieux faire passer la pilule.
Ein volk, ein Reich, eine Khaleesi.
Et c’est reparti pour une nouvelle scène de doléances à Meereen. Une scène avec un contenu. Du très gros contenu.
Non, rien à redire cette semaine, je suis très contente de voir que la série est encore capable de gérer cet arc convenablement même si cela n’excuse en rien les manquements des épisodes passés.
On le verra, mais les scènes qui échouent à toucher leur cible cette semaine sont celles concluant les arcs menés à la va que je te pousse toute la saison durant.
Souvenez-vous, Daenerys voulait imposer un ordre nouveau sur la Baie des Esclaves. Un programme politique ambitieux et un brin risqué, aussi.
Mais la pauvrette va de déception en déception. Pas facile d’imposer la paix par la force des armes et d’une volonté d’airain sur une civilisation plurimillénaire fondée sur l’esclavage.
Face à un esclave incapable de trouver sa place dans son monde nouveau, Daenerys se retrouve acculée. Du coup, elle invente le CDD, « un contrat d’un an avec ton ancien maître ».
La saison prochaine, ouverture du premier Pôle Emploi de Meereen.
Oh oui, combien l’enchaînement entre cette doléance et la suivante était pertinent. En instaurant le contrat à durée déterminée entre un maître et ses anciens esclaves, Dany comprend qu’elle est en fait en train de forger de nouvelles chaînes pour les esclaves qu’elle vient de libérer.
Aussi, sa décision d’enfermer les dragons revêt-elle un sens métaphorique. En passant des chaînes au cou du symbole de sa puissance et de son pouvoir, Daenerys illustre parfaitement la position qui est désormais la sienne, son propre emprisonnement, la perte de ses illusions, la nécessité de faire des concessions. Bref, elle vient de se prendre le mur de l’exercice du pouvoir dans la tête. Fini de jouer aux jeunes et glorieuses reines libératrices, il est temps de gouverner.
Je n’ai strictement rien à redire sur la scène des catacombes, parfaite, jusque dans les symboles utilisés. Les dragons, avatars du feu, sont conduit dans une crypte sombre où le seul élément réellement présent est l’eau. On note qu’ils ne crachent pas sur les carcasses offertes par Daenerys, ce qui est biologiquement une incohérence (la saison 2 nous a enseigné que les dragons ne mangent que de la viande brûlée, même si l’épisode 1 de la saison 4 semblait nous montrer le contraire, d’ailleurs, mais passons), mais une cohérence parfaite avec la thématique de cet arc : l’eau domine ici le feu, le maintenant en servitude, le confinant à une crypte sombre et froide.
Daenerys est désarmée, réduite à l’impuissance.
Non, décidément, rien à redire, surtout pas concernant la bande originale utilisée pour cette scène, intitulée bien ironiquement « Breaker of Chains ».
Bien joué, les petits gars.
Hell on Sledge.
Mais que c’est-il donc passé du côté du Scooby Gang depuis la dernière fois ? Parce que mine de rien, ça fait au moins 18 saisons qu’on ne les a pas vu, limite si tout le monde n’a pas oublié l’existence de Bran Stark, qui sans se soucier outre mesure de notre oubli, continue sa rando dans la neige avec Hodor, Meera, Jojen, et la grippe espagnole.
Ah… comme je n’aurais pas aimé être à la place des scénaristes et encore moins de D&D cette saison…
Conscient que l’arc de Bran n’était qu’un long voyage difficile à meubler, GRR Martin avait décidé d’en faire le lieu privilégié pour introduire éléments du passé et concepts mythologiques. Il occupait ainsi intelligemment le temps du petit, tout en usant de Jojen et Meera comme des initiateurs, à la fois de l’enfant, mais aussi du lecteur, qui percevait au travers de leur récit sa profondeur, sa complexité et qui, accessoirement, pouvait aussi s’amuser à démêler l’écheveau de certaines intrigues évoquées.
Sauf que tout ceci est difficilement adaptable à l’écran, surtout depuis que la décision a été prise de ne pas réaliser de flashbacks.
Restait alors pour la série une longue et très chiante route du Nord vers le Encore plus au Nord, dynamisée cette saison par l’intermède « chez Craster », le meilleur relais et château de ce côté du Mur.
Un passage qui s’il a un peu subi le contre-coup de la rencontre manquée entre Jon et Bran, servait toutefois le personnage de ce dernier, en renforçant l’importance de sa quête.
Malgré tout, son absence prolongée cette saison est un peu préjudiciable à ce final. Et confirme un peu la tendance générale de cette saison : il se passait des trucs importants partout, mais seul Port Réal a vraiment bénéficié d’un développement complet.
En toute logique, se devrait être la DERNIERE FOIS que j’utilise ce titre de partie moisi pour causer de Bran. Et croyez-moi, ça me fait un plaisir immense, pour ne pas dire colossal car à compter de ce moment, je suis comme vous, les non-lecteurs, tel un Jonsnow reconverti en blogueuse : I KNOW NOTHING.
Pour vous situer rapidement les choses, l’arrivée du Scoobie Gang au Barral (j’y colle une majuscule car vous aviez sans doute noté qu’il s’agissait du Père de tous les barrals, au regard de sa taille, de son aura de majesté qui écarte la tempête de ses nobles feuilles, et, last, but not least, de son éminent locataire, dont on recause plus loin, pas de panique) a lieu dans le 5e et dernier tome paru, « A Dance With Dragons ».
Les quelques chapitres supplémentaires après la baston au pied de l’arbre et le pop en mode *apparitioninexpliquée* de l’Enfant de la Forêt (on en reparle aussi) ne sont par contre en aucun cas suffisants pour remplir une saison entière l’an prochain.
Ceci dit méfiance, D&D sont passés maîtres dans l’air de ne rien faire avec Bran sur 10 épisodes complets. Ceci dit, l’an prochain, on attaque la saison 5, et sans vouloir mettre la grosse pression à tout le monde, l’an prochain, il ne restera plus que 3 saisons pour tout raconter. Y compris ce qui n’a pas encore été écrit.
Du coup, je présume que dans un an environ, vous, moi, LE MONDE se sera mangé dans la margoulette des spoilers massifs sur toutes ces choses que GRR Martin n’a pas encore trouvé le moyen d’envoyer à son éditeur.
Je sais que ça pose problème à certains et que ceux-là vont sans doute arrêter de regarder la série dès l’an prochain. Honnêtement, je pense aussi que c’est une sage décision si vous tenez découvrir la fin de la Chanson de la Glace et du Feu avec George et non avec David&Dan.
Alors donc, quoi qu’il se passe du côté de chez Bran cette semaine, parce que bon, mine de rien, hein , on n’a pas revu sa trombine depuis un paquet d’épisodes maintenant.
Alors que leur longue marche touche à sa fin, Bran, Jojen, Meera, Hodor et Eté se font Evildeadiser par tout un tas de zombautres planqués dans la neige.
Une scène ravissante, je dois dire, moi qui déteste les zombies. Plutôt bien exécuté, ce combat contient quelques passages bien fun comme Brodor se débarassant des zomblars sur son dos en les chopant à deux doigts par les orbites. « Evil Dead » ne doit jamais être loin de votre esprit quand vous tourner une scène avec des zombies. JAMAIS.
Enfin, une scène d’action avec du fantastique digne de ce nom, une scène avec une jolie progression dramatique, malheureusement entachée par une ENAURME erreur de montage et un cadrage foireux sur Jojen.
Je m’explique : le paludier est à terre, ventre tourné vers le sol, la tête vers Bran à qui il hurle « ATTENTION DERRIERE TOI C’EST AFFREUX ! ». Plan sur Bran car en effet, derrière lui, c’est affreux, et retour sur Jojen qui est désormais sur le dos, les pieds tournés vers Bran, allongé de tout son long à côté du zombie qui va le poignarder. NOPE.
NOPENOPENOPE. C’est très moche, ça. Faux raccord ou grosse approximation, mais ça n’est pas joli à voir.
Ce qui l’est encore moins, c’est la scène du poignardage avec le zombie qui *STABSTABSTAB* comme un boss pendant que Jojo reste là à faire « ça par exemple, on est en train de me poignarder ». Sauf qu’il ne trompe personne, on voit trop que le poignard s’enfonce dans un truc qui l’on a mis sur l’acteur, engoncé dans une position tellement pas naturelle, et filmé sous un angle tellement nanar qu’il est difficile de croire une seule seconde à l’horreur de cette scène, pourtant vue des yeux de Meera.
Ah, et tant qu’on y est, la mort de Jojen est un spoiler. Très mal en point à la fin de ADWD, Jojen Reed devrait logiquement sous peu mourir de sa fièvre. Pas égorgé par sa frangine. Merci D&D de nous confirmer cette info.
Merci aussi d’avoir totalement merdé l’arc de Bran sur trois saisons entières.
Et là, je pèse mes mots. Car si visuellement, tout ce qui touche à ce season finale au-delà du Mur est très bien fichu, d’un point de vue narratif, on frôle le foutage de tronche.
La Corneille à Trois Yeux est un élément récurrent de la série sur laquelle il y a peu à dire. On nous a depuis longtemps expliqué qu’elle appelle Bran à elle, et qu’elle est la raison de son voyage vers le nord.
Ça, ok.
Mais, comme tout ce qui concerne la religion d’ailleurs, « Game of Thrones » a totalement échoué dans son évocation de la mythologie. Or, et c’est là que le bât blesse dans cet épisode, Bran est le personnage qui dans son voyage, va se retrouver au contact direct de celle-ci.
Parce que moi je veux bien qu’on nous fasse un putain de deus ex machina qui tabasse sa race avec les pyrobolt de l’Enfant de la Forêt sauf que je me mets deux minutes à la place du spectateur non-lecteur quand je vois une chose pareille : « DAFFUQ ? »
[Mais où est le fuck ?
Ce que D&D auraient dû nous expliquer depuis au moins 9 épisodes maintenant, au lieu de nous montrer Missandei chercher les pois chiches de Grey Worm, c’est l’histoire de Westeros. Même un tout petit petit petit passage de discussion au coin du feu aurait suffi.
Jojen, ou Meera, ou les deux d’ailleurs, auraient tout à fait pu évoquer les Enfants de la Forêt en moins de deux minutes, expliquant rapidement qui ils sont, leur lien avec les barrals et les Premiers Hommes.
« Bonjour les amis. Je suis Maryvonne, mage spé destruction de niveau 58. »En gros, les Enfants sont les premiers habitants de Westeros. En ce temps-là, le continent était recouvert de forêts et de barrals au travers desquels ils pouvaient communiquer. Ils partageaient leur terre avec les géants et si je devais les définir simplement, je dirais que ce sont des genres d’elfes. Mais c’est vraiment pour vous situer le truc, hein.
Puis, virent les Premiers Hommes qui envahirent Westeros. Les Enfants se défendirent en usant de leur magie, et s’allièrent avec certains des Premiers Hommes, comme les paludiers dont sont issus Jojen et Meera.
Une paix durable fut signée entre les Enfants et les Premiers Hommes, les deux peuples se partageant Westeros pendant des millénaires.
Puis il y eut la Longue Nuit, quand les Autres déferlèrent depuis le nord. Les Premiers Hommes ne durent leur salut qu’aux Enfants de la Forêt. La menace fut refoulée, le Mur édifié et pendant des siècles, les Enfants honorèrent la vieille alliance en offrant à la Garde de Nuit des armes en verredragon, seules capable de venir à bout des White Walkers (souvenez-vous des poignards trouvés par Sam au Poing des Premiers Hommes, dans la saison 2, empaquetés dans un manteau de la Garde de Nuit).
Puis, il y eut une nouvelle invasion, celle des Andals. Venus de l’autre côté du Détroit, ils entrèrent en Westeros, et abattirent tous les barrals afin de l’emporter sur les Premiers Hommes et les Enfants. Les Andals forment aujourd’hui la souche principale de la population de Westeros, sauf au Nord, plus grand et plus difficile à conquérir, où les Premiers Hommes restèrent assez nombreux pour faire perdurer leur sang jusqu’aux Stark actuels. Ce qui explique d’ailleurs l’affinité naturelle de Bran avec la magie des vervoyants, que maîtrisaient les Premiers Hommes grâce aux enseignements des Enfants de la Forêt.
De même, c’est au Nord qu’ont survécu les derniers barrals, très peu nombreux aujourd’hui hors de cette province.
Pendant l’invasion des Andals, les Enfants furent impitoyablement chassés et massacrés, les derniers survivants repoussés au-delà du Mur où leur présence a été attestée dans les siècles qui suivirent jusqu’à ce qu’ils disparaissent définitivement et entrent dans la légende, avec les mammouths et les géants.Voilà donc pour les Enfants de la Forêt, et encore, je vous l’ai faite longue.
C’était : mais où est le fuck ?]
Le fuck réside donc dans ce pop totalement aléatoire d’une Enfant, qu’on sait pas qui elle est, qu’on sait pas d’où qu’elle vient, au point qu’il faut lui coller un dialogue « Mais qui es-tu petite ? », « Ben je suis une Enfant de la Forêt, ainsi qu’on nous appelait jadis », « Ah, ok, c’est joli ici, vous avez fait la déco vous-même ? »
Non.
NON.
Honte à vous, D&D.
De balancer des éléments pareils sans préparation, sans poser quelques jalons dans l’esprit de votre public qui est pour partie vierge de toute connaissance préalable sur la mythologie extrêmement riche de cet univers. Même les géants on nous les avait teasé dans les saisons 1 et 2 avant de les voir dans la troisième. Alors les Enfants, c’était si dur de nous les annoncer par une présentation rapide ?
Bref.
Faisons comme si tout allait bien et que nous étions simplement subjugués par le pompompyro de Maryvonne, l’Enfant de la Forêt, qui conduit désormais Bran entre les racines du Barral où se trouve…
La CORNEILLE A TROIS YEUX.
Holy.Mother.Of….
« Bienvenu au Fort Boyard, Brandon Stark ! »
Ah non, rien.
En fait, il est un peu décevant, m’sieur , aheeeem, appelons-le m’sieur Mystérieux afin de préserver son anonymat (je ne suis même pas certaine que la série révèle un jour son identité d’avant la fusion avec les racines du Barral. Nous en reparlerons donc plus tard). Je m’imaginais une salle du trône autrement plus balaise, mais bon, budget budget, y’avait déjà des zombies, des armées, des dragons et l’Unique dans cet épisode, on peut pas tout avoir.
Donc, Monsieur Mystérieux est supposé avoir fusionné avec les racines du Barral, aussi je m’attendais à ce que son aspect soit plus composite, à ce qu’il fasse un peu moins « un vieux posé dans un arbre ».
Mais comme ce n’est pas non plus hyper important tout ça, passons sur ces détails cosmétiques pour en venir à la réplique qui tue :
«-Bon, maintenant que je vous ai retrouvé, vous me refaites marcher, comme promis ?
–Non.
–Queuah ? J’ai abandonné mon petit frère, souffert mille morts, supporté ce gros stalker de Jojen pendant des mois, manqué de crever dans la cabane de Craster, été à ça de me faire dévorer par des zombies juste pour vous trouver parce que vous m’aviez laissé entendre que vous alliez sauver mes putains de jambes et là vous m’annoncez qu’en fait, j’ai fait tout ça pour rien ???
–Tu ne remarcheras plus, mais tu vas voler.
–…
–Tu vas voler, petit.
–…
–Bran ?
–…
–Je te disais donc que tu allais vol..
–Comme ma tante Lysa ?
–Euh… Non, plus comme un Concorde. Enfin l’exemple est assez mal choisi mais…
–JE SIGNE OU ?? »
Oui, cela valait le coup de souffrir cet arc chiant comme la mort, de supporter le schéma « Bran rêve => Bran se réveille en sursaut => SURPRISE JOJEN » pour en arriver enfin là, où le destin de prince de Winterfell se joue et où il s’apprête à prendre sa place dans la guerre entre la glace et le feu.
Tout en vous confirmant bien tout le mal que je pense de la gestion de cet arc, je vous confirme aussi combien j’ai hâte à l’an prochain pour en apprendre plus sur toute cette histoire de Barral, de vol, de vervoyance et d’Enfants de la Forêt.
Je dois d’ailleurs dire que le look général de Maryvonne (Leaf, de son vrai nom) est assez réussi. Bon, on ne fait guère la distinction entre elle et un enfant de Sauvageon avec un gros mal de gorge, mais bon, dans l’ensemble, son entrée en scène tabasse suffisamment du poney pour convaincre que ce petit machin qui parle aussi grave que Jeanne Moreau appartient à peuple capable de séparer deux continent avec un raz de marée rien que par la force de la pensée (true story, bros). C’était en effet une riche idée de la doter d’une voix si grave, qui apporte toute l’étrangeté dont elle a besoin.
[Le fil rouge : les enfants.
Plus qu’un élément sciemment développé par la série, les enfants et les violences qui leurs sont faites semblent être un sujet tenant à cœur GRR Martin.
Et je ne l’avais jamais remarqué jusqu’à maintenant, jusqu’à ce dernier épisode et son titre qui m’ont conduite à mettre le doigt sur ce qui fait, je pense un élément central de la saison.Les enfants en tant que victimes des adultes sont un motif récurrent dans « Le Trône de Fer ». On ne pourrait citer que le cas des Stark pour s’en convaincre, mais cette année, il me semble pouvoir quasiment dégager un motif de ce qui ne me semblait alors qu’une conséquence logique de cet univers singulièrement violent.
Prenons les choses dans l’ordre avec ce qui nous occupera à la fin de ce billet, à savoir les rapports complexes entre Tywin et Tyrion. Tout entre eux n’est question que de filiation et de reconnaissance. Mais c’est la haine de Tywin envers son fils, et sa violence vis-à-vis de lui qui précipitent sa chute. Sur le point de le tuer, Tyrion n’a qu’un mot à la bouche « I am your son ».
Toujours chez les Lannisters, le deuil de Cersei et son acharnement à protéger Tommen motivent chaque action de son personnage, et plus, les justifient totalement. Cersei n’a pas raison d’accuser Tyrion, mais elle ne peut pas savoir qu’il est innocent. De son point de vue, certes tordu et biaisé par sa haine, il ne peut être que le coupable de la mort de Joffrey. Aussi fera-t-elle tout pour venger son fils et la violence qui lui a été faite. Idem concernant les Tyrells et ses soupçons de main-mise sur Tommen. Là encore, Cersei a tort de tout avouer à Tywin, tort de s’opposer à Margaery, tort de jouer ainsi, mais de son point de vue, tout se justifie par sa volonté de protéger son enfant. Par extension, je me permets de rappeler ici ses inquiétudes vis-à-vis de Myrcella, qu’elle est impuissante à protéger.
Et si Cersei est aussi inquiète pour sa fille, c’est en grande partie parce que cette dernière est à Dorne, entre les mains de la maison Martell. Qui entretient une haine farouche des Lannisters depuis le meurtre d’Elia et de ses enfants. « You raped her ! You murdered her ! You killed her children !”. Souvent, Oberyn aura insisté cette saison sur la mort de la princesse Rhaenys et sur celle du prince Aegon, soulignant l’ignominie de la Montagne. La Vipère Rouge vient à Port Réal pour venger sa sœur, mais également pour faire payer à Gregor Clegane et Tywin Lannister la mort de deux innocents.
Au Nord, même si la vue de Sam Jr dans les bras de Vère l’aura attendrie, Ygrid meurt de la main d’un enfant, qui l’a vu massacrer ses parents sous ses yeux.
Toujours au Nord, Mado la Niçoise meurt après une conversation où elle se plaint des pleurs du fils de la Sauvageonne, et menace de le tuer.
Chez Craster, Karl et les mutins meurent peu après avoir violenté Bran, Jojen, et tenté de violer Meera.
A Moat Cailin,Ramsay Snow devient Ramsay Bolton, entretenant ainsi le thème de la filiation, qui était au cœur de son arc cette année (souvenez-vous de la scène du retour de Roose à Fort Terreur, où ce dernier questionnait les agissements de son bâtard).
Asha Greyjoy monte un raid pour sauver Theon, ce frère qu’elle connait si peu, et qui pour elle reste ce petit garçon qu’elle n’a jamais vu grandir (cf leur dialogue à Winterfell dans la saison 2).
Arya débute la saison en vengeant la mort d’un enfant, Lommy, et la termine de la même manière, abandonnant le Limier à son agonie, moitié parce qu’elle ne peut le tuer, moitié parce qu’il mérite sans doute à ses yeux de payer pour le meurtre de Mycka. Et peut-être un peu aussi pour avoir évoqué son rêve de violer sa sœur.
A Port Réal, Jaime et Brienne se lient à la vie à la mort sur le serment de sauver les enfants de Catelyn Stark.
A Meereen, découvrant que ser Jorah était un espion à la solde de Robert, Daenerys s’inquiète principalement de savoir si le chevalier a informé Port Réal de sa grossesse. C’est d’ailleurs cette information qui avait permis à Jorah d’obtenir le pardon royal.
C’est après la mort d’un enfant, tué par Drogon, que Daenerys est contrainte de claquemurer ses dragons, les seuls fils qu’elle aura jamais. Se faisant, elle inflige donc elle aussi une violence à sa progéniture. Comme je l’ai dit plus haut, cet acte est symbolique pour Daenerys car elle se prive ainsi de la source de son pouvoir, dont elle découvre le double tranchant, mais on peut également voir cet emprisonnement rendu nécessaire par les circonstances comme un acte de cruauté envers deux enfants innocents (Vyserion et Rhaegal n’ont tué personne mais payent pour le crime de Drogon, lui-même assez difficile à blâmer puisque bon, un dragon en liberté, ma pauvre Dany, ça devait finir par arriver…).
Du coup, je ne crois pas que cela soit un hasard ou une simple envie de faire du buzz si D&D ont choisi la saison 4 pour intégrer la scène sur les White Walkers et le fils de Craster. Il s’agissait de nourrir cette ligne de force qui traverse toute la saison.
Qu’est-ce que cela nous dit ? Et bien je n’en sais fichtre rien. Sans doute que si dans ce monde impitoyable, il demeure une seule chose sacrée, les enfants. Ceux qui s’en prennent à eux subiront le courroux de ceux qui les protègent. Jusqu’à présent, c’est la seule loi qui semble tenir à peu près la route. Reste à attendre le moment où les Freys et les Boltons viendront payer leur note.
C’était le fil rouge : les enfants]
The Rime of the Ancient Lannister.
Cette saison fut celle de la chute inexorable de la maison Lannister. Après trois années de règne sans partage, c’est sous nos yeux que nous les avons vu creuser leurs propres tombes, souvent en s’aidant mutuellement d’ailleurs, ce qui dans le fond, ne manque pas d’ironie. On n’est jamais mieux trahi que par les siens.
Plus haut s’élève le trône et plus la chute est rude. Surtout quand on fait un mètre vingt les bras levés.
Oui, Tyrion, oui le Lutin, oui incorrigible plaisantin aussi vif d’esprit que court sur pattes, c’est à toi que je m’adresse aujourd’hui car de tous ceux que ta connasse de sœur aura entrainé dans sa chute, c’est la tienne qui me fait et me fera encore à l’avenir le plus de peine.
Allons, mes amis. Allons ensemble saluer le départ d’un des plus brillants esprits de ce royaume, et avec lui, la fin de cette saison remarquable.
C’est moi où la scène dans le laboratoire à Port Réal entre Cersei, Pycelle et Qyburn était digne de l’épisode de “Kaamelott” où Arthur fait inspecter le labo de Merlin par Elias de Kelliwic’h ?
«-Bon, Qyburn, vous pouvez faire quelque chose pour la Montagne ou bien ?
–Ach ça pourrait s’enfisacher…
–Votre Grâce, n’écoutez donc pas Mestre Mengele, ce qu’il suggère là n’est que diablerie !
–Cassez-vous, Pycelle. »
Cassez-vous et contempler la PUISSANCE de ma seringue géante !!!!! Semble se dire Qyburn en dégainer l’instrument. Je n’avais pas vu de seringue si grosse et si old school depuis « Fringe », je crois bien.
En même temps, pour ponctionner le sang empoisonné de la Montagne, il fallait au moins ça, je pense.
« C’est zans dancher ! »
Car oui, c’était assez fugace, mais Oberyn Martell a bien triché durant le duel judiciaire. La lame de sa lance était enduite de poison. Ce qui lui assurait, même si Gregor Clegane l’avait tué (oh…wait…) avant que lui-même ne le tue, de gagner tout de même à la fin. Il suffisait simplement de le blesser juste une fois.
Note, dans l’épisode 8, quelques instants avant le duel, on voit un escuyer frotter sensuellement la lame d’Oberyn avec un chiffon => un détail que les lecteurs auront tous noté (un peu comme mamie Olenna tripotant le collier de Sansa pendant le banquet) et que l’on peut donc maintenant signaler aux non-lecteurs. Rassurez-vous, non-lecteurs, le moment est désormais très proche où nous serons tous sur un pied d’égalité.
Mais bon, ce n’est pas un peu de poison über mortel qui va effrayer le docteur Qyburn, ah ça non, ni Cersei d’ailleurs, trop contente d’avoir prochainement sous la main une Montagne flambante neuve, pitet un peu plus neuneu qu’avant, pitet un peu plus « aaaarghaaarghBRAAAIIIINaaargh » mais encore plus balaise qu’avant, si on en croit ce que Qyburn nous promet, armé de sa seringue OF MEGA DOOM.
Bien, Gregor Clegane est en révision pour quelques semaines, mon connard de petit frère est condamné à mort, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant pour m’occuper… Ah !
Cersei file donc illico chez Tywin pour reprendre avec lui là où elle s’était arrêtée il y a quelques semaines, du temps où Joffrey n’était pas mort, et où son inquiétude number one était la main-mise des Tyrells sur la couronne et sur son pouvoir.
Stop. Deux secondes. Regardez cette scène entre la reine et son père. Caméra à l’épaule, cadre vacillant. Le style visuel que je vous avais demandé de ne pas oublier après la confrontation entre Jon et Mance Rayder.
Un style qui tranche avec les cadres très stables de la série et qui le fait pour une bonne raison : appuyer une scène de négociation où les protagonistes risquent gros. Jon, avec les Sauvageons, joue explicitement sa vie, mais le cadre vacillant est également là pour souligner une autre idée, à savoir la position inconfortable qui est désormais la sienne. J’en avais parlé l’an passé, à l’occasion de l’épisode « The Climb », qui se concluait sur un baiser avec Ygrid, au sommet du Mur. Une scène riche en symbole qui marquait l’union, chez Jon, de deux mondes, celui de la Garde de Nuit et celui des Sauvageons.
C’est de manière assez explicite là aussi l’idée. Mance argue de façon logique. Il ne vient pas se battre, mais se réfugier sous le Mur. Et si son devoir impose à Jon de leur refuser le passage, au fond de lui, il sait que la demande du roi d’Au-Delà du Mur est légitime. Et qu’accéder à sa demande est l’unique chose décente à faire.
Ainsi, notre bon Jon dans son cadre tremblant, filmé caméra à l’épaule, se trouve dans un état entre deux loyautés, entre deux mondes.
Un peu comme notre Cersei, qui réduite à n’être qu’un utérus vendu aux Tyrells, consumée par le chagrin et la peur de perdre son dernier enfant, entre dans un état d’insanité mentale tel qu’elle avoue brutalement à son père l’inceste qu’elle a commis avec Jaime.
On peut s’interroger sur la pertinence de ce dialogue. Dans les livres, jamais aucun des deux jumeaux n’avoue à quiconque la véritable filiation de Joffrey, Tommen et Myrcella. Dans la série, et ce depuis la saison 2 (dans le très beau dialogue entre Tyrion et Cersei peu avant le siège de Port Réal), l’information circule au sein d’un cercle de personnages très restreint (les enfants Lannisters, pour être précise). Rien de bien choquant, au sein de la série, à ce que cela finisse donc par passer à Tywin. Surtout pas si l’on considère que ce dialogue sert le basculement de Cersei dans la folie.
Car il faut être folle (ou avoir lu le script de l’épisode et savoir que Tywin meurt dans sa prochaine scène…) pour révéler la vérité au Lion de Castral Roc. Quand bien même la scène suggère qu’il savait, mais s’était convaincu du contraire toute sa vie.
Parce que ne nous faisons aucune illusion les enfants, ce n’est pas le mec qui condamne son cadet à mort qui hésiterait une seconde à faire tomber sa fille dans les escaliers si cette dernier devenait dangereuse pour sa précieuse LEGACY.
Or la menace de Cersei est en effet pour Tywin la promesse de voir sa maison sombrer. Tommen devient un enfant et un roi illégitime, qui plus est le fruit d’un inceste. Cela ne fait que conforter les prétentions de Stannis, et risque de faire se retourner les Tyrells contre la maison Lannister. Une révélation publique de Cersei et tout ce qu’il a patiemment construit pendant des années et consolidé les mois passés, s’écroulera.
Mais Cersei ne semble pas réaliser à quel point elle se met en danger en explosant ainsi au visage de son père. Elle ne peut pas s’en rendre compte. Elle s’en fiche, ivre de colère, acculée à cette folie qui lui fait se mettre littéralement en danger de mort. Oui, encore une fois, je suis à la place de Tywin, je la fais tuer avant qu’elle ne parle. Je n’y perdrai que le mariage avec Loras, ce n’est pas non plus l’essentiel. Le principal est don consolider le mariage avec les Tyrells, et Tommen, libéré de l’influence de sa mère, sera de toute manière plus malléable. Donc à tout prendre, oui, je fais buter ma fille. Plutôt deux fois qu’une. La mort dans l’âme, mais tout de même.
Cersei a largement dépassé le stade de la fille gentiment neuneu qui se prend pour un foudre de guerre. Elle est désormais aussi hors de contrôle que pouvait l’être Joffrey.
Le recours à un style visuel très spontané permet intelligemment de souligner deux éléments : la folie de Cersei, mais aussi le monde de Tywin qui se met à vaciller, le danger mortel dans lequel il se trouve désormais.
Comme dans la scène entre Jon et Mance, les deux partis jouent gros :
-Jon est menacé de mort par les Sauvageons et Mance par les White Walkers. Tous deux jouent leur survie durant cette entrevue à l’issue plus qu’incertaine.
-Tywin et Cersei jouent également leur vie, même si la reine n’en a pas réellement conscience.
Voilà, c’est ce que j’appelle une bonne idée. Une très bonne idée même, et j’avoue que j’aimerais revoir ce genre de chose plus souvent dans la série.
Après avoir explosé en plein vol durant son passage dans le bureau de son père, Cersei va répandre un peu de sa magie du chaos dans le bureau de son frère à la tête duquel elle décide de se jeter. Là, paf, comme ça, en faisant un effet miroir de la scène du Septuaire en plus.
La pauvre, la pauvre, la pauvre… Elle pense avoir gagné la partie avec Tywin et s’imagine que son petit numéro de kamikaze va faire forte impression auprès de Jaime. Lequel, toujours aussi facile à manipuler dès lors qu’on a la main sur sa braguette, se laisse quand même faire, parce que bon, voilà, hein, c’est ma sœur, elle est en détresse et tout, qui je suis moi pour lui refuser un peu de réconfort franchement ?
Mais retrouvons sans plus attendre Tyrion Lannister, en train de chantonner « Hallowed be thy name » tout seul dans sa cellule quand SOUDAIN ! un type surgit toutes voiles dehors, et même pas qu’il frappe avant d’entrer !
«-Oh, on est pas dans un moulin ici !
-Je m’appelle Luke Skywalker, je suis venu pour vous sauver !
–Normalement je devrais répondre à cette citation de très bon goût par « ils recrutent des nains maintenant dans les commandos ? » mais l’ironie est telle que je ne me sens pas de le faire…
–T’as pas d’humour, Tyrion.
–Et sinon, tu viens faire quoi là, Jaime ?
–Je viens de te le dire.
–Sans déconner ?
–Ouaip…
–Je suis à quoi… deux heures d’être exécuté et tout ce que tu trouves à me proposer, c’est une partie de Star Wars RPG ?
–…
–Franchement, Jaime, je suis déçu.
–Non, t’as pas compris, je viens te sauver.
–Oh. C’est sympa aussi. »
Couronnement d’une saison de scènes géniales entre Peter Dinklage et Nicolaj Coster-Waldau, la séquence « kingslayers brothers » de la semaine était aussi brève que riche en émotions. Enfin, on y a droit à l’étreinte qui avait été retenue juste avant le duel, et franchement, elle brise le cœur.
« Adieu Tyrion, on se revoit aux Emmy Awards », fait Jaime avant de tourner les talons, confiant son petit frère aux bons soins de Varys, promu gentil facilitateur d’évasions pour des raisons obscures mais on en saura sans doute plus la saison prochaine, pas de panique les gens.
Un qui ne panique pas du tout, c’est justement Tyrion, qui au lieu de se jeter vers la sortie, se dit que bon, après tout, il est un Lannister, et qu’un Lannister, ça paye ses dettes. Et que là, comme ça, il aimerait bien rendre la monnaie de sa pièce à son paternel, dans les appartements duquel il se rend, via un passage secret. Alors oui, le non-lecteur se demandera sans doute comment Tyrion connait ce truc. Il se consolera en se disant qu’après tout, le Lutin a lui aussi été Main du Roi et vécu dans ces appartements et que du coup, il en connaissait tous les recoins.
Non mais si, ça se tient, comme explication.
Sauf qu’au lieu de tomber sur Tywin Lannister, Tyrion se retrouve nez à nez avec Shae, occupée à ronfler dans le lit de son père.
OH.MY.GOD.
Ron Burgundy nous ôte les mots de la bouche.
Et là, on ne sait pas ce qui est le pire :
-le fait que Shae, croyant entendre Tywin revenir, lui murmure « My lion », comme elle le faisait pour Tyrion jadis.
-qu’elle se soit donc bel et bien vendue à l’ennemi.
-que Tywin aille aux putes.
-que du coup, après deux saisons et demi passées à nous faire comprendre que Shae, elle était AMOUREUSE tu comprends, ben la voir brutalement devenue une professionnelle sans cœur se vendant au plus offrant, ça fait un peu mal, quand même.
Ah, ça, D&D, mes petits amis, c’est ce que j’appelle une incohérence. Parce que faire de Shae l’amoureuse transie de Tyrion, c’était courir le risque de se prendre les pieds dans le tapi avec cette scène. Et c’est exactement ce que vous avez fait.
Shae en tant que pute tout ce qu’il y a de plus péripatéticienne, comme dans les livres, pouvait bien témoigner contre Tyrion pour de l’argent, et coucher ensuite avec son père parce qu’après tout, c’est son métier. La leçon était cruelle pour le Lutin, dont les sentiments étaient en revanche bien réels.
Shae en tant que petit copine de Tyrion, avec tout l’étalage de sentiments qui a été fait depuis qu’elle est arrivée dans cette série, n’ayant qu’un seul réflexe en le voyant débouler, se saisir d’un couteau pour se défendre, c’est, comment dire…. Pas logique. Surprise, ok, normal. Y’a de quoi. Mais au point de tenter illico de tuer l’homme qu’elle aime, même si elle pense que ce dernier l’a trahi, je ne sais pas, ça ne colle plus vraiment au personnage qu’on nous a présenté.
J’ergote sans doute un peu mais je reste tout de même sur un sentiment de raté concernant cet arc. Le hic, c’est d’avoir construit le personnage de Shae différemment, en prenant le parti d’en faire autre chose qu’une excellente professionnelle. La série ne nous a jamais raconté que Shae jouait très bien la comédie. Les livres, en revanche oui. Tyrion se laissait consciemment duper par son remarquable travail d’actrice, ce qui ne l’empêchait pas de l’aimer. Shae, elle, faisait son travail.
Malgré tout, on sent que la chasse à l’Emmy anime toujours Peter Dinklage du même feu sacré. Punaise, comme il emballe chacune de ses scènes avec conviction, c’est impressionnant. Et il l’est encore plus quand enfin, il confronte son père, dans l’endroit le plus classe de l’univers : LES CABINETS.
This, madame, était un vrai-faux spoiler
Magistral jusqu’au bout, Charles Dance nous offre une sortie digne de lui et de son personnage, lequel se lance dans un discours émouvant destiné à expliquer à Tyrion que « noooooon JAMAIS je n’ai eu l’intention de te tuer. D’ailleurs, je te respecte beaucoup, mon fils, mon sang, ma chair. » le tout dit exactement sur le même ton que celui employé au Palais des Mille Fleurs avec Oberyn Martell (« Noooon JAMAIS je n’ai dit à la Montagne de tuer votre sœur et ses enfants… »).
Amusant d’ailleurs combien ce dialogue avec la Vipère Rouge servait en fait à préparer cet ultime bluff.
Car personne n’est dupe, ni Tyrion, ni le public. Et il suffit d’un carrreau d’arbalète dans le buffet pour que Tywin laisse tomber l’esbroufe et n’en revienne à ses fondamentaux :
«-Tu n’es pas mon fils !
–Si. Bonne fête, papa ! »
Parfois, un auteur a le droit d’user de son plus grand pouvoir, celui de dire « nique la logique », « fuck mes grands principaux d’impartialité », « mayrde à ma loi du Valar Morghulis », pour dégainer son arme la plus puissante, la plus redoutable :
« PAR LE POUVOIR DU MON IMMUNITE SCENARISTIQUE, JE TE SAUVE LE CUL !!!! »
Et c’est ainsi que Tyrion Lannister fut sauvé, contre toute attente, de l’implacable « justice » de son père et de la vindicte de sa sœur.
Un deus ex machina en forme de Jaime.
Et c’est un autre Lannister qui meurt.
Pour une raison étrange, la mort de lord Tywin ne m’avait strictement rien fait à la lecture. Je crois qu’en ce temps-là, aidée par la colère et le dégoût de Tyrion, je me situais dans la zone situé entre le « rien à foutre » et « meurs, pourriture, de toute manière je ne t’ai jamais aimé ».
Jamais.
Ni toi, ni ta connasse de fille.
Et puis, la série arrive, objectivise les personnages, et les restitue dans toute leur dimension. Si Cersei bénéficie d’une réécriture de son rôle, Tywin lui, est assez fidèle à sa version papier, et je regrette un peu d’être peut-être passé à côté de ce grand homme de son vivant dans le livre. Si je puis m’exprimer ainsi.
Car oui, quand un personnage est déjà mort dans les bouquins, j’ai un peu de mal à le voir autrement que comme un mort vivant dans la série. Je pense que les premières morts spoiler vont me dévaster un truc de fou.
Mais nous n’en sommes pas encore là. La saison prochaine, qui sait, j’en connais au moins deux qui pourraient bien faire les frais de ce genre de petites plaisanteries. Même trois, en fait. Et non, je donnerai pas les noms. Je dirai simplement « un mot ». Et je le jure devant les Sept Dieux, si ça, ça arrive, je ravage TOUT.
TOUT.
Voilà une longue et inutile digression pour ne pas parler de la mort de Tywin. « Vieux, usé, fatigué », avait dit Lionel Jospin à son propos à moins que ce ne fut ser Davos, à Braavos, …
Non, il faut VRAIMENT que j’en parle de cette mort tellement peu conforme à l’image que l’on se faisait du papi qu’elle en ferait sans doute rire aux éclats Arya Stark.
Sur les cabinets, la grosse grosse classe à Dallas. Tué « Joffrey Style » par son fils honni d’être né nain et orphelin, rendu injustement responsable d’avoir tué la seule femme que lord Tywin Lannister ait jamais aimée : SA COUSINE GERMAINE.
Et de quoi est mort Tywin sinon d’une étrange et fulgurante crise de constipation liée à la présence incongrue d’un carreau d’arbalète dans le colon ?
Tywin est mort du même mal qui condamna son fils et tua Oberyn Martell : l’orgueil. Celui de ne pas vouloir reconnaitre l’enfant contrefait pour sien. Qui lui fit entretenir son ressentiment envers lui, pour un crime qu’il n’avait pas commis.
Si l’on voulait considérer deux minutes les choses en face, si Tywin Lannister avait un instant choisi de regarder cet enfant en face, pour ce qu’il était, un Lannister de Castral Roc, il en eut fait une implacable machine de guerre. Un politicien retors doublé d’un chef de guerre inspirant.
Parce que si Tyrion n’a pas l’élégance racée du Lannister moyen, il a l’intelligence de son père, et le panache de son frère ainé. Une combinaison redoutablement efficace quand placée dans un même homme. Même si l’homme en question est très petit. Son ombre, elle, est gigantesque. Merci, Varys.
Et si Tywin avait renoncé à son orgueil, s’il avait fait de Tyrion son héritier, le reste du monde se serait rangé à sa vue et aurait accepté le Lutin comme seigneur de l’Ouest. Il y aurait eu des moqueries, des médisances, mais cela n’aurait pas suffi à saper son autorité. D’autant moins que Tyrion possède la générosité qui manque à Tywin et qui en fait un homme supérieur à son père.
Les émotions et leur maîtrise étaient les armes les plus redoutables cette saison. Protéger Margaery et tuer le roi de sang-froid. Venger sa sœur mais avant tout obtenir des aveux. Condamner son fils à mort pour enfin lui faire payer son péché originel. Faire face à son père, et enfin, solder ses comptes. Trahir la femme que l’on aime et la regarder mourir pour sauver ses hommes. Abandonner l’espoir de rejoindre sa seule famille pour accomplir son destin.
Tout était durant cette saison 4 un dosage subtil entre raison et sentiment.
Et il est ironique de voir que c’est l’homme le plus raisonnable, le plus maîtrisé de la série, qui succombe pour une émotion qu’il n’a jamais su contenir face à son plus jeune fils.
Ce qui n’enlève en rien à ses qualités premières : soucieux de doter les siens d’un héritage de mille ans, au moins, ainsi que de la pureté de sa ra…. Ahem. Faisons plutôt le bilan militaire de Tywin Lannister, tenez : il défait les armées du roi Aerys à Port Réal en prenant la ville suite à une trahison. Sur son ordre, Gregor Clegane est envoyé mettre à sac les appartements du prince Rhaegar où se trouvent sa femme et ses enfants, oui, bon, ben passons alors à l’autre guerre, celle qui est vraiment glorieuse, où il se fait battre par Robb Stark à plates coutures tant et si bien qu’il décide de le faire assassiner de façon fort peu urbaine et…
Ok, bilan politique maintenant. Il fut une Main fiable et efficace. Moui. Un peu comme… Michel Rocard ? Oui, c’est bien comme image, car comme Michel Rocard il s’est fait virer par le roi qui était jaloux. Ouais, en fait, c’est pas ça du tout.
Une fois son opération dératisation achevée, Tyrion peut enfin rejoindre Varys qui le met alors dans une boite. J’espère juste que ce n’est pas la même que celle dans laquelle est venu le mage il y a deux saisons…
C’est en entendant sonner le glas du Donjon Rouge que l’Araignée comprend soudain ce que Tyrion a fait. Et qu’il réalise que sous peu, Port Réal sera trop dangereuse, même pour lui. Varys embarque donc avec le Lutin, ou plutôt ce qu’il en reste car c’est un Tyrion ravagé qui quitte Westeros destination…
Valar Morghulis.
Depuis leur étape récréative à l’auberge du Poney qui Tousse, plus personne n’avait de nouvelles de Brienne et Tripod, en route vers le Val d’Arryn, enfin ça, c’est ce qu’on nous a dit hein.
Et voici que nous retrouvons donc miss of Tarth, s’éveillant fraîche comme la rosée du matin après une bonne nuit de sommeil à la belle étoile. Pod aussi a l’air d’avoir bien dormi, et visiblement, aucun des deux n’a pensé à faire ce truc là, mais si vous savez, ce machin qu’on fait toujours dans n’importe quel univers médiéval fantastique lorsque l’on part en mission sur des routes pleines de danger et d’adversité ?
DES TOURS DE GARDE.
Résultat ? Les chevaux se sont barrés, quelle surprise, par le saint Briquet de R’hllor ! En quête de leurs montures, Thelma et Mouise tombent soudain sur un midget qui fait des tourbilol avec une toute petite épée.
Hommage posthume à Oberyn Martell ? Spectacle du Cirque du Soleil ?
Nope, this, madame, is Arya Stark qui revient donc des Eyriés où visiblement personne n’a jugé bon de vérifier cette histoire de nièce de Lysa venue accompagnée du Limier en personne. Nope.
Y’a pas à dire, les seigneurs du Val forment vraiment la fine fleur de la chevalerie. Sans déconner, depuis le début de la série, tous se sont prouvés être des buses, et oui, ceci est un mauvais jeu de mot rapport à l‘emblème de leur maison.
Entre celui qui avait empoisonné lord Arryn avant de se faire trucider pendant un tournoi pour qu’il se taise à jamais, celui qui s’est fait plier comme un mal propre par Bronn lors du premier duel judiciaire de Tyrion Lannister, lord Royce qui se fait entourlouper par Sansa Stark et MonPetitDoigtM’ADit, et ser Portier qui trouve inutile de retenir une prétendue Arya Stark alors que bon, son seigneur est tout de même encore son cousin jusqu’à preuve du contraire…
Mais j’accable les seigneurs du Val alors qu’il faudrait surtout pointer un doigt accusateur vers la série qui s’est un peu laissée s’empêtrer dans le bourbier avec cette histoire d’Arya au Val. Le genre d’idée pas idiote sur le papier, un peu comme l’arc de Bran vs les mutins, mais qui exige, pour s’en sortir en restant dans la ligne fixée par le canon, de le faire à coup soit d’incohérence, soit de facilité. Comme je l’ai déjà dit, ce type de scènes inventées le sont souvent pour de bonnes raisons du strict point de vue de la construction des personnages. Le hic reste la sortie, qui se fait rarement sans casse.
Or donc, Brienne tombe sur Arya et le Limier, aussitôt grillé par Podrick Payne, qui suxx grave sur le terrain, mais carbure dès qu’il s’agit de remettre un nom sur une tête ou une devise sur un blason.
J’avoue que j’avais un peu oublié au moment du visionnage, les informations dont disposait Brienne au sujet d’Arya. Dans le streaming visionné ce matin, il n’y avait pas de « previously » pour me faire me rappeler que Hot Pie lui disait que la plus jeune des Stark était partie avec la Confrérie et le Limier vers le Val.
Aussi ai-je été surprise que Brienne percute en deux secondes « OMG tu es Arya Stark ». Ce n’est que bien plus tard que j’ai réalisé que ce n’était pas du tout une facilité scénaristique, bien au contraire.
La mémoire… je devrais peut-être manger plus de poisson et d’Omega 3, moi…
Après cette prise de conscience, Brienne et le Limier se mettent à jouer à un super jeu qui s’appelle « Donne-moi cette Arya Stark ». C’est un jeu assez proche du « Donne-moi cette Sansa Stark » de la saison 3 mais c’est un peu plus violent tout de même parce que ça se joue avec des épées et des armures de plaque.
Et des arguments pertinents du genre : « la mettre en sécurité ? Où ça ?? », « Oui mais j’ai juré à sa mère !!!!!!! », « sa mère est morte, tralalèreeuh ! ».
Personnellement, à la place d’Arya, je crois que je n’aurais pas dit non à Brienne. La Pucelle de Torth c’est un peu elle avec 20 ans de plus et dans leur bref mais très joli dialogue, on sent tout de suite cette reconnaissance réciproque. Brienne aurait du reste beaucoup à apprendre à Arya, ne serait-ce qu’en matière humanité. Car si la suite de cet arc va nous montrer une chose c’est bien la demoiselle au cœur de pierre qu’est devenue Arya Stark.
Mais en attendant, jetons un regard affligé au duel entre Brienne et Sandor Clegane. Je crois que c’est Gwendoline Christie qui a un problème en fait. Déjà, en saison 3, son duel contre Jaime Lannister était filmé de tel manière que l’on ne voyait pas grand-chose des enchaînements, la caméra davantage tournée vers le Régicide. Comme on a déjà vu des combats avec le Limier et ces derniers étaient correctement mis en scène, je rejette donc la faute sur Brienne pour expliquer pourquoi ce duel, qui avait pourtant tout pour être génial, ne ressemble strictement à rien. Tout juste peut-on se raccrocher à sa violence pour y trouver de l’intérêt, ainsi qu’à sa chute, paf jeu de mot.
Cette sortie du Limier était une création de la série, et franchement, j’aime autant que cela se soit passé de cette façon. Oui, cela diverge beaucoup d’avec les livres, où se sont Rorge et Mordeur qui se chargent de Sandor Clegane.
Sauf que dans la série, on n’a vu ces deux personnages qu’une fois il y a longtemps et encore c’était dans une chariote et y’avait un Jaqen H’gar devant. On l’a d’ailleurs constaté avec leur retour impromptu il y a quelques semaines, leur présence ne fonctionne pas à l’écran car on ne les connaît pas. Leur développement plus conséquent dans les livres leur permet d’y exister, chose que « Game of Thrones » ne peut leur offrir. Autant les faire sortir, à l’occasion d’une étape dans le cheminement personnel d’Arya.
J’étais pourtant certaine que le Limier finirait par mourir de la blessure infligée par Mordeur, un peu comme Drogo, septicémie FTW.
Mais depuis le teaser de cet épisode, il paraissait inévitable que se serait Brienne qui le sortirait. Un bon choix d’un point de vue narratif dans la série, parce qu’elle a le mérite d’être un personnage connu, que tous les deux sont en quête de la même chose, à savoir des filles Stark, qu’ils ont tous deux servi les Lannisters et qu’ils sont finalement, malgré tous leurs points communs, aux antipodes l’un de l’autre. Du coup, j’ai trouvé leur confrontation intéressante.
Dommage alors, mille fois dommage, que ce duel ait été aussi pauvre visuellement. Certes, l’épisode du jour privilégie largement les éléments symboliques et intenses à de la grandiloquence ou du souffle épique, mais tout de même quoi…
Malgré sa victoire contre le Limier, Brienne n’est guère plus avancée parce que Pod a perdu Arya Stark, qui a profité de l’affrontement pour se tirer.
Thelma et Mouise sont donc on the road again, vivement la saison prochaine VIVEMENTVIVEMENTVIVEMENT.
Voilà. Maintenant CHUT et passons à la suite.
Arya retrouve Sandor agonisant quelque part dans un fond de vallée islandaise. C’est super beau, ce paysage, un parfait endroit pour mourir en se croyant dans « Skyrim ». D’ailleurs, on sent que le Limier est vachement ému par le tableau, lequel n’est pas choisi par hasard, j’en suis persuadée. Ok, je vous du symbolisme partout cette semaine, mais quand même. Regardez ce regard d’Arya. Regardez-moi sa froideur quand elle prend lentement mais sûrement la décision de le laisser là, agonisant.
Ce n’est pas la compassion qui retient sa main. Une Arya compatissante aurait achevé Sandor. Mais Sandor est sur sa liste. Et malgré la gentillesse qu’il a su lui témoigner, malgré leur complicité développée ces dernières semaines, malgré tout cela, pour rien au monde elle ne retirerait ce nom de sa liste. Et s’il lui demande de l’achever, alors elle fera l’inverse. Comme pour le meurtrier de Lommy, il faut que la leçon porte. Arya ne donne pas la mort comme un automate. Elle la distille en jugement. Sa liste n’est pas qu’une simple série de noms à exécuter. C’est de la justice divine.
Et c’est ce petit juge implacable, à l’âme aussi déserte et aride que le paysage qui l’entoure qui laisse crever le Limier, en châtiment pour ses crimes.
Le Limier qui trouve accessoirement le moyen de sortir de la série avec une des répliques les plus classe, les plus gentleman de la création : « N’empêche, j’aurais trop du violer ta sœur, ça m’aurait fait de beaux souvenirs… »
Sandor… C’est quoi. Ton. Problème ?
Alors oui, je vois déjà quelques lecteurs avides de théories du complot qui lèvent un sourcil à la lecture de « Le Limier sort de la série ».
En fait, je n’en sais rien. Au risque de spoiler en disant que je n’ai aucune info sur le sujet, pour ce que j’en sais, d’après ce que j’ai lu, le Limier est mort de ses blessures au pied d’un arbre. Voilà les gens, après ça, je ne sais rien.
Et oui, tant qu’il n’y a pas de cadavre, y’a pas de preuve de la mort. Une notion toute relative au-delà du Mur d’ailleurs, mais on ne va pas se poignarder le fondement avec des saucisses de Strasbourg au sujet des zombautres.
Restons sur le Limier et l’info principale, lecteurs, non-lecteurs : pour ce que j’en sais, il est mort. Voilà.
La bourse de Sandor Clegane en poche, Arya s’en va sans se préoccuper des spoilers vers le port le plus proche où elle espère bien trouver un bateau pour le Mur.
«-Ma qué, c’est impossible, piccolina », lui fait le capitaine braavosi « Jé rentre à ma maison ! En plous tou a vou, on a installé oune figoure Dé proue sour l’Ounique, ma que bella…»
Ce qui fait soudain se rappeler à Arya ce petit machin que « Un Homme » qui avait donné il y a… deux saisons déjà. La fameuse pièce de fer à accompagner d’un « Valar Morghulis » sonnant et trébuchant, porte d’entrée gratuite vers Braavos, la Venise d’Essos, son colosse, ses temples, ses canaux, et ses chats errants.
C’est donc pour Arya que la dernière piste de la bande originale jouait le thème de la maison Stark, défiant ainsi toute nos prédictions qui voyaient le rôle de finisseur échoir à Bran cette année. C’est un final moins spectaculaire que prévu, sans intervention fantastique (la saison prochaine, nous aurons la scène que nous attendions tous pour cet épisode 10, pas de panique), qui confirme bien le ton adopté par cet épisode, privilégiant la mise en scène des tourments intérieurs des personnages, à l’exposition de faits et d’actions.
En cela, il s’agit du meilleur épisode de la saison, et du meilleur épisode de la série tout court. Il combine à la fois de grandes qualités internes, à son rôle clé dans le cadre plus large de la série toute entière. Avec une mise en scène plus subtile que de coutume, bien moins ostentatoire que ce à quoi « Game of Thrones » nous a habitué, « The Children » touche pour la première fois depuis le début de la série à l’esprit des livres de GRR Martin.
Oui, oui, et je m’explique tout de suite : on a eu des tas de scènes depuis le début de cette série qui ont scrupuleusement suivi les mots du maître. Et globalement, même si « Game of Thrones » a su trouver son ton, elle a toujours cherché à rester fidèle à la lettre des romans.
Mais c’est pour la première fois dans cet épisode que j’ai ressenti des émotions proches de la lecture, en ce sens où je ne regardais pas des personnages objectivisés par la narration de la série, mais où je me retrouvais à vivre les scènes de leur point de vue.
C’était manifeste dans les scènes Jon/Mance, et Cersei/Tywin, dans celles de Daenerys, Arya et Tyrion.
Je pense que ce parti pris de nous faire voir au travers des yeux des personnages est une excellente manière de conclure cette saison sur la promesse d’heures sombres à venir.
La saison prochaine….
Hmm, non. Je ne vais pas évoquer ce qui nous attend l’an prochain. Même si j’aimerais bien avoir des nouvelles Gendry, ce qui pourrait bien arriver vu que des gens vont faire du bateau, beaucoup de bateau, parfois beaucoup TROP de bateau.
Dans l’intervalle, vous, vous serez partis vers de plus verts parturages, peut-être même que vous rattraperez votre retard dans la lecture des livres ce qui ne sert à rien vu que vous allez quand même vous faire spoiler dès l’an prochain. Si.
C’est obligé.
Alors en attendant le season premiere de la saison 5, je vous distribue quelques vœux :
-à vous les déserteurs qui quitteront ces lieux dès la fin de la lecture de ce billet, une excellente année, vivement l’an prochain que vous reveniez par ici, vous me manquez déjà, même si vous ne commentez jamais. Je vous VOIS.
-à ceux qui resteront dans les parages, une bonne année aussi, y’a pas de raison, et n’hésitez pas à laisser un commentaire, même si c’est pour me parler du dernier struddel que vous avez mangé.
-aux metal heads, à dans quelques jours pour une IRL sous la grande roue de Clisson.
Et enfin à vous tous sans distinction, n’oubliez pas de :
-mâcher lentement la tourte au pigeon avant de l’avaler.
-surtout, surtout, porter toujours un casque.
PS : QUATRE saisons, nom d’un petit bonhomme QUATRE SAISONS que j’attends de la caser celle-là. La durée d’un mandat présidentiel aux Etats-Unis.
Et je veux qu’on la reprenne tous en chœur !