
Je le savais, je le sentais, après l’excellent numéro 4, le petit sorcier filmique ne pouvait que se ramasser.
Et c’est précisément ce qui est arrivé, et en beauté en plus.
Non pas qu’il n’y ait rien à sauver dans cet Ordre du Phénix, il ne faut pas jeter l’elfe de maison et l’eau du bain, mais sincèrement, je veux la tête de l’incompétent qui a écrit le scénario demain matin au pied de mon lit.
Non mais oh…
Petit résumé des épisodes précédents : après un numéro un et un numéro deux encore enfantins et mous du genou, la troisième adaptation potterienne se distinguait par une image plus sombre et torturée, annonçant les troubles à venir, mais souffrant d’un pitoyable scénario adapté. Pourtant, le quatrième su rebondir sur l’esthétique en s’offrant cette fois une belle transcription, simple, concise, efficace et centrée sur Harry, et sur la lisibilité de l’action, pour tout un chacun.
Et bien, croyez le ou non, mais L’Ordre du Phénix renoue avec les balourdises du Prisonnier d’Azkhaban.
Et puisqu’on en parle, c’est justement le prisonnier en question qui fait le lien entre les deux épisodes, puisque, première boulette, les rapports entre Syrius et Harry sont effleurés de façon si anecdotique que le non lecteur doit légèrement peiner à piger comme l’étranger d’hier devient le super tonton d’aujourd’hui.
L’introduction malhabile de nouveaux personnages (Tonks en tête : mais qui est ce clone de Desireless ?), de nouveaux concepts (les Aurors, évoqués comme des cheveux roses de Tonks sur la soupe…), succèdent aux embrouillaminis d’un scénario centré sur l’évènementiel davantage que sur les sentiments.
Grossière erreur lorsque le lecteur de base (attention, celui qui lit pour le livre, pas pour en faire une adaptation juteuse) peut très vite constater que L’Ordre de Phénix est un passage fondateur de la personnalité d’Harry, qui forge ici son caractère d’adulte. Cependant, cette évolution est si maladroitement évoquée qu’elle ne passe plus du tout à l’écran (encore une fois, je me mets aussi beaucoup à la place du non lecteur).
Le spectacle, toujours aussi beau et riche en rebondissements, apparaît alors comme vide. Tout juste les moues chafouines de Dolores Ombrage font elles finalement mouche, son côté facho en tailleur rose ne faisant plus flipper personne depuis belle lurette.
Je passe sur le traitement PITOYABLE de l’amourette Harry/Cho, traité par-dessus la jambe avec autant de désinvolture qu’un vieux kleenex.
Injuste, et insultant, sont deux adjectifs (si, je vous jure) s’accordant donc à merveille à cette cinquième adaptation des aventures du sorcier à hublots. Tout y va trop vite, trop d’information sont apportées (le tri n’est jamais vraiment fait entre ce qui est indispensable et ce qui ne l’est pas…), et l’atmosphère et les sentiments laissés de côté.
Un dernier mot sur les méchants de l’histoire : même Raaaaaaaalf Fiennes est mauvais comme un cochon dans le rôle de Voldemort. Quant au prétendu prestigieux recrutement de Helena Bonham Carter dans l’équipe des mangemorts, il faudra repasser, tant celle-ci fait preuve de médiocrité de jeu, incarnant une Bellatrix Lestrange hystérique et mal peignée pas crédible pour deux sous.
Comme dirait Hermione, ce film a la capacité émotionnelle d’une petite cuillère… Et ce n’était pas sur celui là qu’il fallait se permettre de lésiner sur le volume…
Note : * (parce que il y a foutage de gueule manifeste.)