Téméraire, les dragons de sa Majesté.

Au chapitre des déceptions, le pauvre Téméraire se pose là, et pourtant j’étais partie dans cette lecture avec un enthousiasme franc et sincère. …

Bon, déjà, pour faire les choses dans l’ordre, Téméraire, qu’est ce que c’est donc que cette chose là ?
Il s’agit de l’œuvre d’une certaine Naomi Novik, une petite dame bien gentille, racontant les exploits « hallucinants » d’un dragon de combat pendant l’ère napoléonienne.
Voui, vous avez bien lu. Dans cette histoire alternative, genre que maîtrisent à la perfection les pays anglo-saxons, les armées du monde entier combattent aussi bien sur mer que sur terre et dans les airs.
Dans tout ce joyeux pataquès, un capitaine de la Navy, William Laurence, capture un beau matin une frégate française transportant un œuf de dragon sur le point d’éclore. Lorsque la coquille se brise, l’équipage n’a d’autre choix que de harnacher le dragonnet, seul moyen de domestiquer durablement la bestiole. Un malheureux concours de circonstances plus tard, et voilà Laurence maître du dragon, baptisé Téméraire (un vrai nom de star…), condamné à quitter la marine pour rejoindre les aviateurs de sa Majesté.

Je parie, que, présenté comme cela, vous aussi, vous hurlez à la mort. Sur le principe, Téméraire semble vraiment génial.
Sur le papier, il a de furieux airs de Eragon pour adultes…

Aux personnages stéréotypés et manichéens, s’ajoutent un style naïf et un scénario culcul la praline comme on n’en voit rarement.
Non seulement, tous les retournements sont archi prévisibles, mais la mièvrerie de l’ensemble plonge très vite dans une profonde léthargie.

Pas grand-chose à sauver, entre Laurence bourré ras la gueule de principes, de bonté, de gentillesse, de sagesse, de pudibonderies de bonne sœur confinant au ridicule, Téméraire, forcement le plus beau, le plus intelligent, le plus rapide, le plus rare des dragons (à tel point que la révélation finale tombe comme un cheval dans la soupe (oui, j’ai bien écrit « cheval »), et les copains convenus : le grassouillet capitaine bourru mais sympatoche, la capitaine fragile et fleur bleue, gnagnagna…

Une accumulation grotesque de clichés agaçants d’autant plus que le style… Mon dieu… Certes, on doit perdre à la traduction. Mais tout de même…
Visez un peu :
« Mieux encore, une semaine après qu’ils eurent repris l’entraînement, un paquet de sir Edward Howe leur arriva par courrier. Il était malicieusement adressé à Téméraire en personne, qui fut enchanté de recevoir du courrier (oui, et en plus, c’est farci de répétitions) à son nom ; Laurence défit le paquet pour lui et trouva à l’intérieur un beau volume de contes concernant les dragons d’Orient, traduit par sir Edward lui-même, venant tout juste d’être publié.
Téméraire dicta une très jolie lettre de remerciements, auxquels Laurence joignit les siens, et les contes orientaux devinrent le point d’orgue de leurs soirées… »

Même des enfants finiraient par trouver çà neuneu…

Mais à ces défauts encore faut il rajouter les grossières ficelles qui soutiennent l’ensemble :
-les dragons parlent comme vous et moi à la naissance : normal ! Ils apprennent le langage dans leur coquille…
-les dragons peuvent voler côte à côte sans se flanquer des coups d’aile… Trop fort.
-Ils peuvent même se porter en plein vol et continuer à battre de la membrane…Génial…
-les scènes de mondanités dans la bonne société britannique sont pompées directement chez Jane Austen. Heureusement que cette chère Jane est morte…
-Laurence, officier de marine, ne sait rien de rien sur les aviateurs, au point d’ignorer que des femmes y sont capitaines. Fortiche…

En bref, cette future trilogie dragonnière fait encore une fois pâle figure, n’arrivant jamais à la cheville du Cycle de Pern de Anne Mac Caffrey, lorgnant davantage sur Eragon, ce qui, vous le savez maintenant, n’est pas une référence.
Une déception d’autant plus grande que j’en attendais beaucoup, espérant un vrai bon livre mettant des dragons en scène. Forcée de constater que la denrée est rare…

Personnellement, j’attend de voir si Peter Jackson l’adaptera finalement. Parce que cela prouvera deux choses :
-sans un support d’origine digne de ce nom, le gars n’est pas plus doué qu’un autre, et avec une telle histoire, je ne vois pas comment il pourrait ne pas se faire tirer vers le bas, qui reste son penchant naturel.
-si Téméraire l’a emballé, je comprend mieux pourquoi il n’a rien pigé au Seigneur des Anneaux. Trop compliqué… Eh, Peter, tu prendras un doliprane avec ton Retour du Roi ?

Note : * (oui, j’ai a-do-ré le débarquement français à dos de dragons….Pendant deux lignes…)

Un commentaire Ajoutez les votres
  1. Bonjour, Ma Dame, me revoilà (nous revoilà, devrais-je dire ? Même si je n’ai jamais cessé d’être à l’affût de tes bons mots…) !
    Si j’interviens c’est en rapport avec ta dernière remarque concernant Peter Jackson. Sais-tu qu’il est en très bonne voie de réaliser "Bilbo le Hobbit" ? Son "différent" avec l’un des dirigeants de New Line s’étant subitement arranger… (que ne ferait-on pas pour quelques malheureux millions de dollars ?)

  2. J’ai eu vent de cette rumeur disant que l’autre de Wellington allait remettre le couvert… La question étant avec qui ?

    Elijah Wood reprendra t’il le rôle de Bilbo en écarquillant un max des yeux ?
    Tobey « Spider » Maguire incarnera t’il Gollum pour se consoler de ne pas jouer le rôle principal dans un film que Sam Raimi ne réalisera pas ?
    PJ ira t’il chercher Liv « Kleenex » Tyler pour apporter une indispensable touche glamour et rose bonbon ?
    Aragorn fera t’il un caméo ?
    Nicolas Sarkozy jouera t’il le rôle de Thorin Ecu de chêne, roi des nains sous la montagne (c’est vrai çà, il n’y a qu’au cinéma qu’on ne l’a pas encore vu…) ?
    Oseront ils légender le film « çà va Barder!!! » (en référence bien sûr à l’archer Barde, ce qui connaissent comprendront…) ?

    Sinon, question casting, j’ai une petite idée : ceux qui ont lu le livre se souviennent évidemment de Beorn, ce personnage singulier, mi-homme, mi-ours, et re mi-ours par derrière. Ben moi, je verrais bien Sébastien Chabal. En plus, çà fera plaisir à toute la Nouvelle-Zélande…

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