Alors Shan Sa, auteur de « La Joueuse de Go » et du flamboyant « Impératrice » s’attaquant à la légende de l’autre macédonien névrosé, forcément, çà ma parle.
Sauf que cela ne m’a pas parlé très longtemps. Tellement que je classerais bien ce livre dans la catégorie « coup de bambou », ou « mais c’est quoi ce truc ??? ».
Que « Alexandre et Alestria » ne s’attache guère à l’Histoire pour nous raconter une autre légende, une autre vie n’est pas un problème en soi. Je n’ai rien, bien au contraire, contre les détournements historiques, les « qu’est ce qui se serait passé si… ». Quand c’est bien fait.
Je ne sais pas si Shan Sa a une baisse d’inspiration, si elle n’a pas vraiment accroché à ses personnages, au contexte qu’elle s’est imposée, mais le résultat est une sorte de ratatouille dégoulinante (et je déteste la ratatouille. La preuve, j’aurais préféré que le plat de Rémi le rat soit des carbonara, j’aurais trouvé çà plus crédible).
Shan Sa dépeint donc la vie d’Alexandre, à la première personne, inventant une enfance et une adolescence trouble, aux frontière fluctuantes entre masculin et féminin, illustrant le principe aristotélicien de l’hermaphrodite qui tombé sur Terre se scinde en deux et passe son existence à chercher sa moitié. Jusqu’ici, çà va.
Arrive Tania, amazone de son état, suivante de Talestria, la reine. Dépositaire de la tradition de son peuple, Tania raconte l’histoire des amazones qui vivent loin des hommes et n’engendrent pas. On découvre l’héroïne par ses yeux, mise sur un piédestal et sacralisée. Bon, admettons…
Et puis voilà les deux héros qui finissent par se rencontrer (enfin, çà commençait à faire long…). Rien de va plus.
Procédés artificiels, exploitation du thème de la confusion des genres maladroite, raccords à l’histoire capillotractés…
Le livre s’enfonce dans un grand n’importe quoi mâtiné de sentimentalisme neuneu se hissant au niveau d’une Barbara Cartland mais avec du style (rendons à Shan Sa sa plume, vraiment très belle) pour finir sur rien, ou pas grand-chose.
Finalement, l’auteur ne nous mène nulle part (en Mongolie peut être, comme le suggère le quatrième de couverture. Question géographie de l’épopée alexandrine, la perplexité règne…) et réussit à écrire une histoire sitôt lue, sitôt oubliée, d’autant plus étonnant de la part de quelqu’un capable de récits fascinants et particulièrement puissants.
Reste à espérer que se ne soit qu’un léger passage à vide…
Note : *