Cela dit, hein, dans le fond, tu es bien content tout de même. Et moi aussi, parce que j’ai toujours été un peu chauvine sur les bords. Sauf que la statuette a l’amer goût de bling-bling qui caractérise si bien la glorieuse cérémonie en même temps que notre sixième président.
C’est donc décidé. L’année prochaine, je vais jouer dans un film sur une personnalité française internationale, genre De Gaulle ou Mireille Matthieu, avec trois couches d’enduit sur la figure et des sourcils dessinés au crayon. Je vais prendre 18 kilos, me faire graver des rides dans la couche de fond de teint, faire réaliser le dit film par Josée Dayan (parce qu’elle est presque l’homonyme de Olivier Dahan), et me gauler une nomination aux Oscars. Non, sans rire, c’est aussi simple que çà. Pour mémoire : Gwyneth Paltrow dans « Shakespeare in Love », Charlize Theron dans « Monster », Nicole Kidman dans “The Hours”, et donc Marion Cotillard dans “La Môme »…
Et parce qu’en ce moment, je n’ai pas trop le temps pour des critiques mais juste pour des billets d’humeur écrits avec les pouces en cinq minutes, je vous remets donc la critique de ce french master piece :
La Môme.
N’en jetez plus, la coupe est pleine. Au terme de la vie d’Edith Piaf, un constat s’impose : Et ben l’en a bavé des ronds de serviettes la môme !
Enfin çà, c’est ce que veut bien vous dire le film d’Olivier Dahan, biopic l’américaine de LA chanteuse française par excellence. Forcément, quelque part, çà coince.
Commençons donc par la vie de la pauvre petite Edith, ballottée dans les rues de Belleville par sa chanteuse de mère indigne à l’improbable accent de racaille du neuf trois, puis expédiée par son paternel contorsionniste dans un bordel (pas de pot) en Normandie (la poisse) tenu par sa grand-mère maquerelle (quelle famille…). Là, comme si on n’avait pas déjà touché le fond de la misère, arrive le grand malheur (tous en chœur avec moi !!!) : « Non, rien de rien, Non, Edith ne voit plus rien !!! »
Sortie du lupanar par son père et sauvée de la cécité par une sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui lui apparaît dans le souffle d’un cracheur de feu (sang blague), Didith continue son bonhomme de chemin avec son papa en chantant la Marseillaise dans les rues de Paris : Ségo et Sarko devrait songer à l’embaucher. +10 dans les sondages garantis.
Et çà continue, continue, continue, entre les premiers pas vers la gloire, la cocaïne, la morphine, la bibine et des tas de trucs en –ine dont Edith use et abuse dans une vie pitoyablement décadente. Chouette, c’est encore plus fort que Ray Charles. « Et pendant que Cerdan la prend dans ses bras, Qu’il lui parle tout bas, Elle boit la vie en rouge, Oups, voit la vie en rose », enfin, on ne sait plus trop au final, puisque le scénario ne cesse de nous catapulter d’une soirée cuite à une autre, à vingt ans de distance, le tout sans vraiment de fil conducteur.
Et c’est bien là le problème de « La Môme », un script qui fait aussi tâche que le gros rouge que descend allègrement héroïne, ne suivant aucun fil chronologique, sans doute pour donner au spectateur l’impression qu’il doit bien réfléchir pour tout comprendre à de subtilités non existantes, au risque de laisser en rade des pans entiers de l’histoire, qui nous auraient bien éclairés sur la psychologie du personnage (le rapport avec sa mère, l’enfant dont on découvre l’existence pendant une minute top chrono en fin de métrage, l’histoire avec Cerdan, expédiée en quelques séquences…).
Autre soucis de taille : Marion Cotillard. On va me dire que je suis de parti pris avec cette actrice, mais il faut bien le reconnaître, la donzelle n’a jamais été correcte que dans le rôle de Tina Lombardi dans « Un Long Dimanche de Fiançailles », ou encore dans « Dikkenek », où on lui demandait de faire ce qu’elle a de mieux en magasin, à savoir surjouer.
Du coup, bien planquée sous un maquillage que l’on ne saurait qualifier autrement que de prodigieux, elle caricature la gestuelle de la môme jusqu’à plus soif. A trop vouloir être Edith, Marion n’est que Cotillard singeant Piaf, ce qui est à la fois bien réussi, bien joli, mais manquant cruellement d’épaisseur.
La fameuse scène de la mort de Cerdan est emblématique de cet échec. Une première partie, excellente, du plan séquence, suit Piaf, filmée de loin (Marion Cotillard n’est jamais aussi bonne que lorsqu’on la filme de loin…), parcourant l’appartement.
Puis on lui annonce qu’il y a eut un accident, et là tout bascule, la faute à « Maaaaaarceeeeeeeeeeeeeeeeeeel !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! », suivit d’un moment d’anthologie digne des grandes heures du mime Marceau ( et que je gesticule, ah lala, je souffre, mon dieu quelle horreur, ah oui, zut, ma chanson…).
La déception est donc à la hauteur des bonnes intentions placées dans ce film (Olivier Dahan est un type pétri de bonnes intentions, regardez son « Petit Poucet », on y croyait presque, sur le papier), alors que le film n’est lui jamais à la hauteur du mythe. Et c’est bien dommage. On sort de la salle sans la réponse à la question « Qui était Edith Piaf ? » Pas mal, pour une biographie…
Note : ** (parce qu’il y a tout de même un bel effort, et que Jean Pierre Martins, fait un superbe mais trop court Cerdan).
PS : Marion Cotillard joue trop bien la surprise, et deux soirs de suite en plus : « Ah bon ? C’est moi ? Nooooon…. »
PPS : Autant le dire tout de suite, je suis en mode stand by (encore plus que d’habitude) jusqu’au 11 mars. Après çà, normalement, je devrais être un poil plus cool, et ce, jusqu’en juin. Mais tout est relatif…
PPSS : Ouais, je trouve que tout ce foin autour de « La Môme » et de Cotillard c’est un tantinet exagéré au regard de la performance courageuse mais pas non plus brillante de la dite môme. Cotillard, elle joue. Limite on voit les engrenages dans la tête : « Gnéééééé, maintenant j’interprète la joie »…Rien que du naturel… Comme le maquillage…