Non, vous n’êtes pas dans le quarante douzième tome de la Compagnie Noire…
Mais comme vous vous en doutez, vous êtes bien chez Glen Cook.
Et un petit Cook, qui plus est, ce qui honnêtement, n’enlève rien aux qualités de cet ouvrage (car un petit Glen Cook, c’est un peu comme un petit Mozart, c’est bien quand même) étrange, sorte de réappropriation improbable de l’histoire des guerres Puniques.
Petite explication : la cité de Qushmarrah est la rivale séculaire d’Hérod, laquelle est parvenue, six ans plus tôt à mettre son adversaire à genoux en la privant de son tyran, Nakar l’Abomination.
Désormais, Qushmarrah vit sous occupation hérodienne, dont la main de fer s’arme des contingents Dartars, nomades vendus pour leur survie à l’envahisseur.
Au sein de la ville, de nombreuses forces s’affrontent : résistants, habitants soucieux de voir le lendemain, soldats, espions, chacun tirant dans les pattes de l’autre, parfois sans même en avoir conscience.
Qushmarrah est une cocotte minute, un bouillon à ébullition, prêt à exploser à n’importe quel instant.
Plus un exercice de style (le conflit Carthage/Rome revu et corrigé par la dark fantasy), une récréation, qu’un roman à objet particulier, « Qushmarrah » illustrerait parfaitement l’expression « Glen Cook fait du Glen Cook ». On frise parfois l’auto parodie, assumée cela dit, dans ce divertissement diablement bien ficelé, mais qui ne surprendra pas l’habitué de l’auteur. D’où cette désagréable impression de renifler parfois à dix kilomètres un retournement de situation ou une révélation qui fait dès lors l’effet d’un pétard mouillé.
Avec son style toujours aussi percutant, ses personnages complexes, Cook plonge le lecteur dans l’ambiance poisseuse d’une cité rongée par les luttes de pouvoir qui la traversent, une ville qui n’est pas sans en rappeler une autre, prise dans les glaces du Nord où s’élevait chaque nuit un peu plus un inquiétant Château Noir…
Qushmarrah et Génépi, même combat ? On peut le dire. Là-bas la forteresse du Dominateur, ici la Citadelle de Nakar (qui n’est pas sans entretenir une parenté avec le personnage précédemment cité).
Azel impose le détachement et l’ironie d’un Toubib (sans son penchant fleur bleue, ici l’alias de la Dame en prend pour son grade…) avec l’implacable violence d’un Corbeau.
Le « héros », Aaron, fait irrésistiblement penser à Marron Shed, ballotté par le vent de l’histoire mais impliqué bien malgré lui dans les destins des autres protagonistes.
Bref, une atmosphère familière, un style connu, des personnages qu’on pourrait tous inviter à la taverne pour bavasser avec eux tellement on a l’impression de les connaître déjà par cœur…
Un terrain connu, reconnu, qui ne peut vraiment ravir que les (mot affreux) « initiés ». Je doute en effet qu’un nouveau venu à Glen Cook y retrouve ses petits, ne pouvant trouver dans ces imbroglios politiques qu’une histoire bien fichue mais sans plus. Difficile en effet de s’attacher aux personnages dans ce tome unique (Cook est vraiment un auteur du temps long. Ses héros, il les dévoile, les décante, les berce, les brusque, à son rythme), qui a finalement les défauts de ses qualités.
Il reste néanmoins que je le conseillerai vivement à tous les frères de la Compagnie Noire. Je suis sûre qu’ils apprécieront cette pastille. Avant de repasser aux choses sérieuses…
Note : **
PS : Aller, une bonne nouvelle… La sortie récente de « La Tyrannie de la Nuit », premier tome d’une nouvelle série (« L’Instrumentalité de la Nuit ») de Glen Cook. Mouhahahahahah !!!
Pas de suite à la Compagnie Noire ? Remarque c’est pas plus mal qu’une suite torchée…
Comme je suis un peu à sec, et que j’ai pas beaucoup de temps, j’attendrai avant de le lire. Et, cette nouvelle série, elle promet ? Tu as lu le premier tome ?
En parlant de lui, me suis achetée le nouveau tome broché avec les belles illustrations \ o / (et j’suis encore passée pour une dingue auprès de ma mère et de mon copain… »Comment t’achètes un bouquin que t’as déjà ?? », « Mais, mais…c’est Cook ! »)
Mais non, tu n’es pas dingue ^^ Moi aussi je compte bien le faire un jour (mais je ne suis pas un très bon exemple en matière de saineté mentale…).
Sinon, concernant la nouvelle série, non, je ne l’ai pas lue. J’ai juste le premier tome à portée de main (encore qu’il soit parti loin, loin, dans une cité où l’on courre après un ballon rond en mangeant des rascasses…), et quinze mille choses à lire avant… Bref, pas demain la veille tout çà !
A propos, l’autre jour (je devrais dire il y a 6 mois de cela), j’ai trainé mes guêtres dans un chateau de briques perdu dans la forêt de Brocéliande (j’ai des vrais divertissements de Bretonne, j’espère que tout le monde aura noté. Dimanche prochain, je vais ramasser des ormeaux à la côte, promis) ou l’on pouvait voir, outre des reconstitutions fort pittoresques de la geste arthurienne, quelques illustrations originales de Didier Graffet. Ben les canaillous, j’en suis restée toute esbaudie, même si j’ai regretté le trop de Merlin et Morgane et déploré ne pas y trouver plus de morillons noirs… M’enfin, je suis une éternelle insatisfaite…
Je me rapelle aussi avoir lu une biographie de l’illustrateur, mais étrangement, je serais incapable aujourd’hui de me souvenir de la moindre information… Et pourtant, j’avais trouvé tout çà très intéressant… Un coup de Volesprit ? Quelle couillonne…
Le Château de Comper, le Centre de l’Imaginaire Arthurien, c’est ça ? Un jour, je me suis tenu devant, sans pouvoir y rentrer (pas eu le temps : je devais rentrer chez moi, au Duché de Bourgogne dans la journée, alors c’était ça ou le Val Sans Retour. Ce fut le Val Sans Retour..). Je me suis promis d’y retourner un jour, exprès pour le visiter.
Et puis Didier Graffet, et bien que dire ? Splendide ! J’adore ce qu’il fait !
Yep, Comper, bien vu Graal !
Alors comme çà tu as arpenté le Val Sans Retour. La question est donc : l’arbre, qu’en as tu pensé ? Personnellement, je crois que si j’vais porté un chapeau ce jour là, je l’aurais bien mangé, pour faire passer le goût de la déception. Moche, moche, moche…
Heureusement que le Val rattrape ce saccage. La balade vaut le coup, mais je tiens à préciser que pour revenir en arrière, l’escalade (et surtout la descension en fait) est déconseillée. Parce que j’ai un super sens de l’orientation (véridique, pas d’ironie inside) et un sens inné pour les raccourcis à débouchés foireux (sans ironie non plus). Et que pour quitter le Val sans Retour, j’ai descendu limite en rappel une sorte de falaise pour me retrouver pile derrière l’abomination qui porte le nom d’arbre d’or…
Comper, c’est nettement moins dangereux…
Moi, j’avais empreinté les sentiers normaux et j’ai fait tout le tour du lac avant d’arriver à l’arbre d’or. C’est vrai qu’il fait un peu toc, mais bon, ça m’a pas dérangé plus que ça. Sinon, le Val, superbe !
Hmm je connais aucun de ces endroits, pardonnez ma méconnaissance du pays ^^’
J’en profite pour tenter une tentative de squattage et d’irl. Vous me faites visiter ? :p
Ah et en repensant à la Compagnie Noire et les illustrations, je crois qu’on voit pas énormément La Dame. D’après mes souvenirs, on a plusieurs illustrations de Volesprit, de Kina, et le reste c’est assez flou.
Mais ça vaut le coup en tout cas !
Cà c’est parce qu’elle est tellement belle qu’on ne peut pas la dessiner, les crayons fondent…
Sinon, pour l’IRL en région Bretagne, ben c’est quand tu veux ^^
Je crois qu’il a réussi à en faire une au moins, je vais feuilleter les tomes quand j’aurai un peu de temps.
J’ai retrouvé une Volesprit scannée que je voulais te montrer, en pensant continuer à scanner les autres images, mais j’ai pas du avoir le temps parce que c’est la seule que j’ai trouvée sur mon PC.
http://roupille.free.fr/vrac/volesp…
Bon, pour la Bretagne, je pense que ça sera bon en juin / juillet. Je me renseignerai d’ici là pour les billets de train et pour trouver un coin où dormir.
Grand merci pour ce dessin !
Sinon, eh, je suis pas une sauvage, si tu viens, autant que tu crèches dans mon humble demeure 🙂
Ah, c’est gentil ! Je voulais pas te déranger. On en reparlera, de toute façon c’est dans longtemps.
Et de rien pour le dessin ! ^^