« Tu me fais tourner la tête ! » (Anne Boleyn à Henry VIII).

Histoire de reprendre les hostilités en douceur, j’attaquerai donc ce premier billet de mon retour du Jedi par un mot sur la saison 1 des Tudors, que j’ai enfin réussi à voir en entier, après 6 bons mois d’interruption.

Au terme de ces dix épisodes ultra glamour, il n’y a pas à dire, Henry VIII et ses histoires de culs bénis ne cassent pas des briques. Décidément n’est pas HBO qui veut, et Showtime, malgré un casting de gueules et un pognon monstre investi, ne parvient jamais à se hisser au niveau des Rome et Deadwood concurrents, atteignant tout juste le statut de série historique de prestige (et hyper chère, cela va de soi). Quand on constate le fossé séparant l’unique rue de Deadwood et les fastes des palais britanniques, force est de constater que l’argent ne suffit pas…

Rappel des faits historiques :
Le jeune Henry VIII, marié à l’Espagnole Catherine d’Aragon, pure grenouille de bénitier, se morfond dans les jupes de toutes les dames de la cour de ne pas avoir d’héritier. Les nobles gravitant dans son entourage profitent d’ailleurs outrageusement de sa faiblesse pour la dentelle en lui mettant dans les pattes leurs filles et nièces, histoire de grappiller quelques honneurs au passage.
Pendant que le roi batifole, la reine est malheureuse, mais se satisfait de son sort jusqu’au jour où Henri rencontre Anne Boleyn, dont les ambitions paternelles ne sont rien en comparaison de celles de sa fille.
Sur fond de luttes entre pouvoir séculier et pouvoir temporel, de réforme religieuse et de stratégies d’élévation sociale, le canevas le plus embrouillé de l’histoire d’Angleterre se tisse autour d’Henry VIII, façonnant en quelques années le nouveau visage du royaume.

Au terme de ces dix épisodes menés tambour battant, que retenir, au final peu de choses, à part Jonathan Rhys Meyer, malheureusement desservi par son rôle, trop mal écrit pour rendre justice à la fois à l’acteur et au personnage.
Si son charisme impose tout seul sa silhouette gringalette, ses éructations perpétuelles lassent, quand elles n’agacent pas carrément.

Anne protège son cou avec une fraise. Prudente la fille

Trop de balourdises parasitent un scénario empêtré dans une réalité historique complexe, sans doute jugée trop ardue pour la compréhension du spectateur moyen, obligeant les scénaristes à expliquer tout et n’importe quoi.
Les fausses routes brouillent les cartes, sans doute pour remplir les épisodes de petits quelques choses dont globalement, il faut bien le dire, on se fout du tiers comme du quart, d’autant qu’elles n’ont aucune incidence sur l’histoire. Ainsi la romance « gay friendly » sans enjeu dramatique aucun (les protagonistes ayant des charisme de palourdes) ou encore, le must en matière de néant absolu, le personnage de Margareth, la pauvre princesse encombrante mariée au duc du Suffolk dont il faudra bientôt se débarrasser pour d’obscures raisons et d’une façon si pitoyable que s’en est risible :

«-Sire, sire, votre sœur se meurt de consomption !
-Ah ben zut alors, je savais pas qu’elle était malade… »

Et nous non plus en fait…
Ainsi, pendant que Margareth répand ses poumons sur son carrelage, on se demande quelle bizarrerie a poussé les scénaristes à ne pas la faire mourir un épisode plus tôt, pendant la meurtrière épidémie de suette, par exemple (mais moi, je dis çà, je dis rien…).

« –Je suis au regret de te le dire, Margareth, mais tu ne sers à rien… »

De même, le passage éclair du petit Henry Fitzroy, pauvre bambin bâtard passant l’arme à gauche avec une telle brutalité et si longue disparition de l’écran que le monde entier se fiche de savoir s’il est mort (ici à environ trois quatre ans, dans la réalité, vers l’âge de 18 ans)…

Reste au final l’éclat des costumes (un rien délirants souvent) et des décors, ainsi que l’aura de certains personnages venus relever le niveau. Au-delà de ses pleurnicheries, la reine Catherine est une battante, convaincue de ses droits et la royauté collée à la peau, jamais prête à abdiquer

devant l’énigmatique Anne Boleyn, jamais tant manipulée que manipulatrice, le genre à vouloir le beurre et l’argent du beurre, et le sens des affaires en prime. Personnage un rien sphinx sur les bords, elle passe de la mutine connasse de base peu à peu vers la fine mouche capable de faire vaciller le royaume sur ses bases, accompagnant ainsi assez bien l’un des thèmes principaux de la série.

L’enjeu autour de ce triangle amoureux restant bien la séparation de l’Eglise d’Angleterre avec Rome, la question reste difficile à aborder au sein d’une fiction, en témoigne le ratatinage total de « The Other Boleyn Girl », incapable d’expliciter son sujet.

Dans les « Tudors », il y a certes plus de temps pour traiter de l’affaire dans sa complexité, et la population des courtisans illustre avec une certaine intelligence cette mouvance délicate de la noblesse britannique, saisissant avec opportunisme la moindre occasion d’élévation.
En cela, les Boleyn sont les plus représentatifs de cette gentry soucieuse de promotion sociale et se retrouvant bien mieux dans l’iconoclasme du luthérianisme que dans l’ordre divin voulu par l’Eglise catholique.

Anne Boleyn est par conséquent celle qui comprend le mieux et le plus vite tout le bénéfice à retirer de ces nouvelles idées et de la révolution religieuse et sociale qui suivra son implantation officielle en Angleterre.
Malgré celà, ses motivations restent obscures, et l’on comprendrait davantage son acharnement à renverser le cardinal Wolsey (Sam Neill) si l’affaire du mariage annulé par ce dernier avec Henry Percy avait été abordée…

Pour avoir vu les quatre premiers épisodes de saison 2, il est sans conteste que la série n’a ensuite plus d’intérêt que pour elle, son ascension parfois effrayante et la fragilité de sa position.
Face au monomaniaque Henry, personnage sans surprise, il va se soit que son nez en l’air n’ira pas très loin.
Reste néanmoins que le rôle ne rend pas justice à ce que fut Anne Boleyn, une fois de plus…

Il y a intérêt à ce que Jane Seymour (l’Islandaise Anita Briem, vue dans l’inénarable « Voyage au Centre de la Terre » et qui prouve que Henry VIII aime décidément les nez en trompette) soit à la hauteur…

Note : *

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