Like a virgin.

On m’a toujours appris de boire le calice jusqu’à la lie alors afin de clore en beauté l’arc des Tudors, entamé de façon bancale avec la série Showtime, décliné maladroitement avec le film « The Other Boleyn », il me fallait faire un détour vers the last but not least de la famille, j’ai nommé Elisabeth Ier.
La fille d’Henry VIII et Anne Boleyn aura pendant son long règne suffisamment marqué les esprits et fait couler l’encre pour que les biographies ou les allusions à son règne glorieux se multiplient au cinéma, comme à la télévision, et s’il est une vision d’Elisabeth que le grand public retiendra de ces dernières années, c’est sans conteste le diptyque de Shekar Khapur, avec dans le rôle titre, l’immense Cate Blanchett.

Après une amère déception suite au visionnage du premier il y a quelques années, j’ai donc vaillamment décidé de remettre le couvert grâce au double coffret DvD consacré à cette bio légère comme du plum pudding.

Religion Wars, épidose 1 :
Il y a très longtemps, dans un royaume lointain, mourut le roi Henry, laissant le trône à sa fils, Marie dite la Sanglante, catholique fervente et bien décidée à éradiquer les erreurs de son père en massacrant les protestants trop largement implantés dans son royaume.
Sans enfant (grande tradition familiale), la reine n’a pour unique héritier que sa demi sœur, Elisabeth, qu’elle considère comme bâtarde, née du remariage considéré par le pape comme nul et non avenu avec Anne Boleyn.
Protestante, Elisabeth vit recluse dans un château où sa vie dépend du bon vouloir de Marie et du travail discret de ses quelques partisans pour la protéger.
A la mort prématurée de la reine, la jeune fille se retrouve propulsée sur un trône éjectable, en proie aux oppositions les plus variées.

Ce premier film, servi par un casting admirable, il faut le reconnaître, n’avait malheureusement pas la qualité de servir son héroïne comme elle le méritait.
Passées les quinze premières minutes, lorsqu’ Elisabeth se trouve ballottée entre sa sœur et les conseillers de celle-ci, offrant l’image d’une jeune fille maladroite et perdue dans la jungle de la monarchie, l’histoire s’enlise dans les pistes discutables choisies par le réalisateur dont le vœu de ne rien expliciter, même un minimum, complique sérieusement l’implication que l’on pourrait avoir envers le personnage principal.

Khapur passe comme une fleur sur la question de l’anglicanisme, supprimant ainsi l’un des meilleurs enjeux dramatique de son film. Il en résulte que le complot final n’est plus d’aucune force, même concernant la trahison de Dudley, joué par le falot Joseph Fiennes.
A quoi se résume donc cette première partie de règne sinon à une vague histoire d’amour avortée, un complot dont on se fiche du tiers comme du quart, des personnages secondaires dont on ne saisit pas toujours les motivations.
Ainsi Walsingham, exilé sans doute pour hérésie et revenu en grâce pour servir la reine Elisabeth, fait montre d’une fidélité et d’un dévouement impressionnant sans que l’on ne discerne réellement pourquoi.
Les prétentions de Norfolk restent évanescentes (et son exécution un modèle de self control), le bras de fer avec l’épiscopat un flou artistique fabuleux, l’affaire de la rébellion de Thomas Wyatt n’est à aucun moment compréhensible, le conflit avec l’Ecosse mal amené et brouillon…

Il faut toute la puissance du jeu de Cate Blanchett, habitée par son personnage de bout en bout, pour faire sortir la tête de l’eau à cette vaine biographie.

De cette volonté de ne brosser qu’à grands traits les phases d’un début de règne chaotique ressort un portrait incomplet, au fil du quel on peine à comprendre les évolutions de la jeune fille vers la grande reine.
Desservie par une réalisation manquant d’ampleur, « Elisabeth » se clôture par l’apparition d’un mime Marceau en robe, archétype de la reine vierge, qui passe de justesse, avec de gros points d’interrogation…

Note : **

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