Paint and Fuck.

Non, je ne suis pas vulgaire, et si vous êtes bien sages et que vous lisez ce billet jusqu’au bout, vous aurez droit à un cadeau bonux, expliquant par Sabine Azéma interposée le sens de ce titre, qui n’a donc, vous vous en doutez, rien à voir avec le piège à bobo « Peindre ou faire l’amour », mais tout à voir avec le piège à bobo « Vicky Christina Barcelona » de Woody Allen.

Woody Allen, c’est un peu comme le Beaujolais nouveau, ou comme Amélie Nothomb : la régularité d’un métronome, et parfois une pépite qui surgit. Concernant le Beaujolais, on repassera pour la pépite, et à propos de Nothomb, on relira ses anciens bouquins. Merci pour eux.
Par contre avec Allen, on entre résolument dans une nouvelle ère.
Il n’y a pas à dire, depuis la rencontre entre Woody et sa mamzelle Scarlett, les choses vont comme sur des roulettes.
Regain d’inspiration, dynamique, audace, Woody Allen vit une période véritable exaltante de sa carrière, après quelques années de passage à vide.
Et rien que pour cela, il faut remercier bien bas Scarlett Johansson.

Le temps d’un été, Vicky, jeune fille bien sous tout rapport et rangée, se rend à Barcelone avec sa meilleure amie Christina, artiste bohème. S’immergeant dans l’identité catalane, le vin et la guitare, les deux américaines rencontrent Juan Antonio, un peintre du genre sulfureux dans l’œil duquel tapent les jeunes filles. S’en suit alors un chassé croisé amoureux autour des choix et du naturel, qui s’est bien connu, revient toujours au galop.

Inutile de dévoiler l’intrigue de « Vicky Christina Barcelona » pour convaincre d’aller faire un tour dans une salle obscure vers ce film. Reprenant les codes classiques de Woody Allen, il déroule son fil sur un rythme plan-plan, pendant que les personnages boivent de la guitare et jouent du vin une scène sur deux. Avec ce léger sentiment de tourner en rond et ce sentiment d’inéluctable (déjà présent de « Match Point ») « Vicky Christina Barcelona » se savoure comme un bon cru jusqu’à ivresse.
Facile de se laisser porter par le charme spontané et frais de Scarlett Johansson, encore une fois impeccable sous la caressante caméra d’Allen, et ses éclairages doux comme des velours.
Facile aussi d’être séduit par la petite nouvelle, Rebecca Hall, mais qui gagne à être connue, aussi bien mise en valeur que Scarlett dans cette histoire dont elle est finalement l’héroïne.
Penelope Cruz est ici belle comme un orage, encore une fois admirablement dirigée, donc au top, force chaotique et brute face à la douceur angélique des deux américaines.
Sinon, Javier Bardem est un grand acteur, on le savait déjà. Sauf qu’il est carrément mois « aaargh » que Jonathan Rhys Meyer et que c’est bien dommage… (Ceci étant un avis purement subjectif).
Admirable de maîtrise, bien mené, attachant «Vicky Christina Barcelona » résume une élégante synthèse entre les deux pôles sur lesquels Woody Allen est désormais à cheval. Toujours résolument lui-même, terriblement new-yorkais, mais définitivement européen désormais, avec ce je ne sais quoi de tragique dans l’air qui donne sa saveur à ce métrage remarquable.

Note : *** (ouais, mais n’est pas « Match Point » qui veut…)

PS : et comme promis, la bande annonce de «  »Paint or Fuck » »… Oui, ce film est sorti, et il a même eu son petit succès. Pauvre cinéma français.

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