Tenez, si vous prenez « Quantum of Solace » par exemple, vous constaterez rapidement (parce que le film est il fait le dire aussi, très court) que dedans, Olga Kurilenko ne sert à rien. Même pas à faire joli.
Alors, à quoi sert donc ce Bond, qui n’en est pas vraiment un ?

Un James Bond, tout d’abord, c’est quoi ?
Un agent des services secrets britanniques déjà, premier point, Daniel Craig est so british qu’il transpire du earl grey.
Des gadjets : q était en vacances pendant le tournage, désolés, vraiment. C’est qu’il devient exigeant le bougre. Sur « Casino Royale », il nous avait tout juste concédé un défibrillateur et encore, on avait du vachement insister.
Un méchant fou et très très méchant : Mathieu Amalric. Un gars qui fait hyper peur c’est vrai. Un acteur qui fait hyper plaisir à voir, mais chez les autres. Sauf que son personnage n’est pas fou. Mais que font les scénaristes ?
Du glamour : il tient en un mot. Enfin deux, enfin non, il ne tient nulle part puisque vous pouvez qualifier Daniel Craig de tout sauf de glamour. L’adjectif lui va aussi bien que « charmant » convient au Crépuscule des Dieux de Wagner.
Des James Bond Girls : toujours au moins deux, sinon le MI6 n’envoie pas d’agents en mission. Ou plutôt disons que les agents ne veulent pas partir. La doublette de bonnasses est ici respectée mais fait un peu triste figure. Dur de succéder à Vesper Lind (haaan, c’était l’effet recherché, pardon).
De l’humour anglais : avant, l’humour de Bond ne faisait avant rire que Bond. Désormais, Craig se la joue pince sans rire et s’amuse de son côté bulldozer. Çà fait plaisir.
Il faut le reconnaître, à la différence de « Casino Royale » qui avait pris ses distances d’avec la série tout en collant aux codes du genre, « Quantum of Solace » (un titre que personne n’a osé traduire) aurait aussi bien pu s’intituler « Le Quantum dans la peau » que l’on aurait avalé sans problème que Daniel Craig était devenu Jason Bourne.
Bondistiquement parlant, on est très loin de « Goldfinger ».
Bon film d’action d’honnête facture, « Quantum… » ne soutient malheureusement pas la comparaison avec « Casino Royale ». La faute à quoi ?
Pas à Daniel Craig, à l’aise dans son personnage et archi crédible.
Peut être en partie aux scènes d’action filmées à la Paul Greengrass en oubliant que seul ce dernier peut gigoter dans tous les sens avec une caméra pendant deux heures et continuer à produire un film intelligible. Et quand « Quantum… » débute sur une course poursuite intégralement tournée depuis l’intérieur d’un panier à salade par un borgne hypermétrope, tout suite, çà laisse un arrière goût qui ne s’en ira plus.
Le scenario, certes plus complexe que celui de la plupart des James Bond, mais en dessous du précédent.
Mais intervient alors l’épineuse question : à quoi sert la James Bond Girl ?
Dans « Casino Royale », on délaissait la godiche faire-valoir au profit d’un personnage profond et complexe autour duquel tournait toute une partie de l’intrigue.
« Quantum… » semble prendre le même chemin mais avorte toutes les pistes à explorer. Le personnage de Camille a sa propre trajectoire, et ne se retrouve dans les pattes de Bond que par accident, lequel semble avoir singulièrement perdu son mojo, d’ailleurs… Bref.
On en finit presque par se dire que Olga Kurilenko n’est là que pour deux choses. Premièrement, déjà qu’on n’a pas de gadgets, faut deux James Bond Girls, sinon, on est mal. Deuxièmement, le scenario est hyper court. Si on ne veut pas se retrouver avec un court métrage tendance pub pour les costards de Tom Ford, il faut meubler.
Ainsi on retrouve la pauvre Olga transformée à coup d’UV et d’autobronzant en Bolivienne (et vu la tronche de toast qu’elle se promène, je vous jure qu’il a au moins fallu les deux) embarquée dans sa vengeance personnelle et tellement pièce rapportée qu’elle n’aide ni ne sauve Bond à aucun moment.
Alors, vous y répondez à la question ? Elle sert à quoi la James Bond Girl ?
Plus orienté sur la psychologie de son héros que sur une intrigue quelconque, « Quantum of Solace » sauve les meubles en posant tranquillement ses bases pour les prochaines aventures où Bond affrontera donc sans doute le mystérieux Quantum, le Spectre des années 2000.
En partant sur des bases plus crédibles, ce 22ème épisode apporte un coup de lustre et d’authentique à une franchise totalement obsolète depuis les origines, transformée en auto-parodie un peu vaine.
Si ce film là ne m’aura pas convaincue, je tenterai cependant encore le coup la prochaine fois, en espérant cette fois que Craig ne soit pas seul à tenir le film sur ses épaules. Qu’il a fort larges…
Note : **