Sweden, one point.

On ne remerciera sans doute jamais assez Stieg Larsson pour l’ensemble de son œuvre, en partie parce qu’il est mort et que pour les séances congratulatoires, il va falloir patienter un peu, mais aussi parce que grâce à ce monsieur encore inconnu hors de son pays il y a cinq ans de cela, c’est tout un pan immergé de la culture et de la création suédoise qui se fait jour dans le reste de l’Europe, peut être même du monde, aller, soyons fous.

Oui, la Suède ce n’est pas que Ikea, H&M (Dieu bénisse la Suède…), Krisprolls ou Ingmar Bergman.
Donc merci, monsieur Larsson, merci du fond du cœur.

Si vous vous demandez encore où je veux en venir, c’est que vous n’avez pas été très attentifs du programme télé cette semaine. Je ne vais pas vous blâmer non plus, mais la réponse à vos interrogations sur l’épanchement de mon affection à l’endroit de Stieg Larsson se trouve à la page de lundi.

Ouais, lundi, il y avait un truc qui faisait dire « y’a bon » rien qu’en voyant le titre. Vous pouvez vous étirer et vous rouler sur votre tapi comme un chat devant une boite de Sheba : « Arn, chevalier (suédois) du Temple ».

Il est pour qui le geekasme ?

Je viendrai par la suite tempérer mon propos, rassurez-vous, le « Arn » en question, s’il ne fait pas dans la purge, rame de nombreuses coudées derrière « Kingdom of Heaven ».
Mais l’un étant un téléfilm, et l’autre, un film (massacré au montage) de l’immense (mais irrégulier, mais immense quand même) Ridley Scott, je ne serai pas bégueule pour autant.

« Arn, Chevalier du Temple », se regarde gentiment, ou avec commentaires si vous vous le faites entre rôlistes (dont l’un maîtrise un univers dans lequel les Vikings ont envahi la Terre Sainte…), mais se suit comme une saga peut être un peu naïve et cousue de raccourcis scénaristiques et historiques.
Attention, une saga avec du pognon. Un pognon fou, oserais-je dire, au regard des décors, des centaines de figurants, des costumes pas cheap pour un sou, des très nombreux extérieurs et des multiples lieux de tournage.

La réalisation elle-même se hisse sans avoir à en rougir au niveau du cinéma (largement au dessus du cinéma français qui fait ronronner les bobos cinéphiles inondant la presse nationale de commentaires éclairés tel « Star Trek, c’est trop pas du Bergman » (je sais, je suis rancunière), l’ensemble s’avère franchement beau à regarder et ne souffre guère de baisses de régime, si l’on met à part la jeunesse du héros.

Celui-ci, Arn Magnusson, est un oblat, confié très jeune par ses parents à un monastère qui se chargera de faire son éducation. Le frère Guilbert, ancien Templier, détecte en lui un intéressant potentiel et le forme au métier des armes.
Comme tout bon Gros Bill, Arn est doté du don d’ambidextrie et se révèle un élève très doué qui une fois adulte, rentre parmi les siens.
De retour dans la vie civile, il se met à fricoter avec Cécilia, la fille d’un voisin. Révélant ses fiançailles secrètes à sa sœur, la jeune femme va précipiter une mise au ban pour Arn et elle, avec pour son promis, l’expédition en Terre Sainte à la clé, histoire qu’il aille faire passer son trop plein d’hormones sur la tête des Sarrasins.

Couvrant une quarantaine d’années, « Arn, chevalier du Temple » lorgne visuellement vers « Kingdom of Heaven », mais sait s’en inspirer sans plagier.
L’histoire, adaptée de la trilogie de Jan Guillou, écrivain star suédois, souffre cependant de nombreux raccourcis et d’un traitement mièvre revenant à mettre en avant la romance entre Cécilia et Arn au détriment de l’arrière plan politique, sacrifié, surtout dans la partie orientale.
Le règne de Baudouin IV, la déplorable politique du non moins déplorable, mais beau Guy de Lusignan, et les tensions au sein du royaume de Jérusalem ne sont jamais traités.
Et une énième fois nous présente t-on Saladdin comme un Bisounours, encore plus sympa que dans « KoH » et sans cette fois son équivalent « gentil, respectueux et plus malin que les autres » chez les Francs (rôle dévolu à Baudouin IV et Balian chez Ridley Scott). Alors que bon sang, Saladdin était un chef de guerre qui comme tous ses petits camarades de l’époque, n’a jamais ratifié la convention de Genève, hein…
A contrario, les fragiles équilibres politiques de ce XIIème siècle suédois semblent bien mieux développés (encore que n’y connaissant rien, je ne peux rien affirmer).

A côté de l’impressionnante qualité de la reconstitution historique (de quoi donner à Josée Dayan l’envie de se faire harakiri avec un dvd des « Rois Maudits »), le casting réunit bon nombre de têtes connues : d’abord notre Vincent Perez transalpin mais on va dire national quand même, Stellan Skarsgard (le plus international des acteurs suédois), Simon Callow (un habitué du petit écran britannique vu dans « Rome », « Doctor Who» entre autre, mais aussi « Desperate Housewives »), Steven Haddington (vu dans « Le Dernier des Mohicans », mais abonné de façon générale au film en costume, avec à titre d’exemple une participation récente dans « Les Tudors »), Bibi Andersson (parce qu’il faut un zeste de Bergman dans toute production de prestige en Suède. C’est l’équivalent national de notre Comédie Française. Sauf que nous, on se cogne Francis Huster), mais aussi le désormais célèbre autre part que dans son propre pays Mickael Nyqvist (Mickael Blomkvist dans « Millenium ») et Sven-Bertil Taube (Henrik Vanger dans « Millenium » aussi. A se demander combien il y a « vraiment » d’acteurs en Suède…).

Co-production suédo-norvégienne, « Arn, chevalier du Temple » ne peut prétendre dépasser malgré sa durée (plus de 2h30) le simple récit historique romantique et un rien niaiseux sur les bords, souffrant de coupes drastiques autour des éléments qui auraient pu être les plus intéressants. Comme quoi, Frida, ménagère de moins de cinquante ans à Stockholm a autant de pouvoir que Madame Michu en a en France.
Ceci étant dit, Madame Michu ne peut se vanter d’une telle qualité d’image sur TF1.

Après une impression globale franchement mitigée (« Arn » ne restera pas dans mes annales du genre, d’autant que l’acteur principal avait l’air aussi fin qu’Orlando Bloom), il est malgré tout fort possible que je me mette en quête de la fameuse trilogie, histoire de passer mon été avec des croisés suédois. Cà me servira de répétition générale.

Note : *(*)

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