Bis repetita.

Tandis que Pedro Almodovar radote, Woody Allen bégaye. Seulement, le New Yorkais sait mieux se répéter que l’Espagnol.
Autant depuis quelques temps j’aurais tendance à fuir le premier, autant à chaque film du second, vous me trouverez dans la salle, ou presque (« Le Rêve de Cassandre » exclu, et pourtant *m’adresse à Wilhemina*, il y avait Colin Farrell dedans).
« Whatever Works », donc…

Au risque d’enfiler les platitudes comme des perles, Allen rentre pour l’occasion à New York, utilise Larry David comme avatar, et renoue avec ses comédies cyniques d’antan.
Voilà, çà, c’est fait…

« Whatever Works » a des allures de « Pygmalion », parfaitement assumées et référencées du reste, dans lequel l’élève serait une jeune idiote redneck débarquée de son Sud profond, totalement fascinée par l’esprit new yorkais de Boris Yellnikoff, cynique, prétentieux, bavard, hypocondriaque, en somme allenien jusqu’au bout des ongles.

A ce portrait familier volontiers autocritique, Allen oppose une autre facette de l’Amérique, cette fois allègrement brocardée au travers des parents de la jeune Melody, conservateurs, grenouilles de bénitiers, bourrés de préjugés.
Traitée avec la verve et le sens de l’humour si particulier d’Allen, cette partie du film ne s’avère pas franchement la plus convaincante, un peu trop donneuse de leçon, un rien condescendante, imposant en quelque sorte le modèle de société de la Côte Ouest comme une sorte d’idéal permettant à tous les protagonistes de trouver chaussure à leur pied, quand bien même la chaussure a de quoi parfois surprendre.

La démonstration ne m’a donc pas particulièrement convaincue sur le fond, mais comme toujours avec Woody Allen, je me suis laissée portée par la forme jusqu’au bout.
Et puis il s’avère aussi que taper sur une certaine Amérique, cela fait souvent du bien (ils sont tellement agaçants ces Républicains…), et qu’en fin de compte, Boris n’est pas non plus fondamentalement plus sympathique ni moins stupide sur certains sujets que les autres.
Voilà la façon unique qu’à Allen d’emballer son public, ici directement pris à partie par l’alter ego du réalisateur sur fond de comédie de mœurs légère mais fine.

J’attends encore son prochain grand film, celui qui se hissera à la cheville de « Match Point », mais il faut reconnaître que ses œuvres sont comme le presbytère et le jardin : elles ne perdent rien de leur charme ni de leur éclat.

Sans Scarlett Johansson, Allen se retrouve une blonde en la personne d’Evan Rachel Wood (celle qui a broyé le petit cœur sensible et délicat de Marylin Manson, même que depuis ce n’est plus le même homme, il déprime, il écrit des bluettes…), délicieusement sotte dans ce rôle de jeune dinde influençable, irrésistible lorsqu’elle tente de recaser les préceptes de son mentor dans chacune de ses conversations.

Larry David, issu du stand up, possède le débit pour incarner ni plus ni moins que le rôle dévolu à Woody Allen, mais j’avoue ne pas avoir été totalement convaincue par sa prestation au long du film.

Quant à Patricia Clarkson, elle pourrait assurer le show à elle seule, tant elle possède une énergie solaire irradiant son rôle, et ses deux personnalités antagonistes.

Et je remercie Woody Allen d’avoir ramené de Londres Henry Cavill. Depuis le temps que je le vois froncer les sourcils sous trois tonnes de velours dans « Les Tudors », j’en avais fini par oublier combien il était doué pour bouffer la pellicule.

Note : **(*)

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