En bonne geekette, cela faisait quelques mois que j’étais, comme disent les jeunes, au taquet sur « La Lignée ».
Ceci dit, les éditeurs avaient su flatter le monstre consumériste qui sommeille en moi (j’aimerais bien qu’il dorme profondément des fois. Ma banquière aussi.) avec le site internet associé, qui avait le double mérite d’en dire un peu sans trop en dévoiler et de ressembler plus à un site officiel de film qu’à autre chose.
Que voulez-vous un geek, c’est faible.
Faible mais pas non plus assez pour laisser son esprit critique au vestiaire. La preuve, à la fin de ce premier tome, j’étais assez partagée.
Partagée dans un premier temps sur le concept. Faire du vampirisme une maladie c’est du déjà vu. Pour mémoire « Je suis une légende » faisait déjà très bien et très fort dans le style. On l’a même déjà vu dans « Underworld ». Question originalité, c’est donc pour le moment bof bof.
Ceci dit, question mythologie, là, il y a de quoi se mettre sous la dent. Je vais m’abstenir d’en dire plus, histoire de ne rien dévoiler de capital non plus, mais j’ai plutôt apprécié cette vision du vampire, de son évolution, la description à peine encore esquissée de cette société parallèle obéissant à des règles strictes de non prolifération (et on les comprend, les pauvres)…
Là où « La Lignée » coince vraiment, c’est premièrement sur le style, à peine meilleur qu’un Dan Brown. A peine à la hauteur en fait, si j’y réfléchis bien.
D’accord, Guillermo Del Toro n’est pas un écrivain, mais une chose est sûre Chuck Hogan non plus. Tout au plus un tâcheron qui a appris à écrire dans une école pour romancier. Loin de moi de critiquer cette façon de faire américaine, bien au contraire. Juste que là, le manque de talent est assez flagrant pour être souligné.
Et Del Toro n’aide en rien. Parce que ce style de roman est toujours très visuel et descriptif et qu’il est en plus ici rédigé à quatre mains dont deux appartenant à un cinéaste, l’impression de lire plus un script qu’un roman était assez tenace.
Chaque personnage apparaît sans description physique ou presque (une vague esquisse) mais se trouve immédiatement affublé de tout son curriculum vitae avant que l’action ne se poursuive.
Du coup, ralentissement du rythme, abolition de tout mystère, personnages stéréotypés au possible…
Difficile dans ces conditions de s’attacher aux héros.
Plus j’avançais et plus je regrettais que Del Toro n’ait pas eu le temps de réaliser ce film. Entre ses mains, « La Lignée » eut pu être un très bon film de vampires, un genre de « Je suis une légende » 2.0 (je suis très 2.0 en ce moment).
Là, je n’ai plus que chouiner sur l’évident potentiel de cette histoire riche et plein de promesses.
D’autant que Del Toro restera toujours un conteur impitoyable, n’hésitant jamais à sacrifier les mères et les enfants. J’aime qu’il n’ait pas cette vision sacralisé des morveux et ne sourcille jamais si d’aventure, il faut en tuer un. Ou deux.
Seulement, sous la plume de Chuck Hogan, cela perd de son charme…
Malgré tout, l’envie de connaître la suite est bien là. Parce que le plan machiavélique du Maître sent à plein nez le truc pas net du genre « l’immortalité c’est long surtout vers la fin », tendance « après moi le Déluge », ascendant « purgeons cette Terre du cancer que je suis ».
Si c’est bien cela le but de la manœuvre, l’idée est radicale. Et elle me plait drôlement, dans le concept. Même si elle fait un brin psychopathe.
Parce que aussi l’alter ego de Marylin Manson transformé en second du Maître, c’est tout simplement la meilleure idée d’apparence stupide mais qui passe comme une lettre à la poste parce qu’en fait elle est trop bien que j’ai pu rencontrer ces derniers temps.
Parce que aussi, y’en a marre des vampires façon « Twilight » ou « Vampire Diairies », sur fond de pop acidulée. Vive le gros vampire qui tâche. Zut à la fin. Ce livre, dans le paysage actuel, est une vraie bouffée de fraicheur, qui sent la décomposition, mais tout de même.
Dommage tout de même que la vision de Del Toro ne soit pas toujours très bien servie par son auteur.
Vivement l’adaptation télé (çà vient, çà vient…)
Note : **(*)