« I believe I can flyyyyyyy ! »

En ce moment, notre aviation est à la fête alors quoi de mieux qu’un petit film sur les pionniers de la frappe chirurgicale, les virtuoses du manche à balai, les voltigeurs de l’extrême, j’ai nommé les aviateurs de la Première Guerre Mondiale.

Non, je ne vous refais pas la critique de « Flyboys », je pense sérieusement ne jamais revoir ce film de ma vie, sauf jour de déprime.
Souvenez-vous, dans les commentaires à ce vieux billet, un Jedi fort urbain (même s’il vit en zone rurbaine, OMG, je suis possédée par un géographe) me conseillait de regarder un film allemand : « Baron Rouge ».
Un film allemand ! Mais je risque d’être tondue !

Bon, stop les blagues de mauvais goût…

« Baron Rouge » c’est donc l’histoire de Manfred Van Richthofen, surnommé le…….. Baron Rouge, à cause de son biplan ……… rouge et du fait qu’en noble prussien qu’il était, il portait le titre de……….baron .

Vous devriez vraiment vous intéresser plus à l’histoire, çà m’épargnerait ce genre de paragraphes….

Donc, Manfred est un fieffé pilote, genre un as, qui dégomme les avions de l’ennemi à la douzaine. Les avions, pas les pilotes. Dans cette armée de l’air naissante, on a une éthique, également nourrie des idéaux de chevalerie de la noblesse prussienne. Bref, on fait dans les airs une guerre qui semble déjà d’un autre temps pour les soldats qui en bas, s’écharpent entre deux tranchées.
Et on en profite pour faire la nique à la vérité historique, quitte à présenter Van Richthofel tel un preux chevalier blonde chevelure au vent ordonnant à ses hommes de ne jamais viser les pilotes, s’engageant toujours dans des combats loyaux. En vrai, les gens, pour devenir l’as des as, il faut repérer et attaquer les avions déjà en difficulté. Et ne commencez pas à faire vos mijaurées, tous les grands prédateurs le font, c’est même la meilleure façon de garnir un tableau de chasse.

Pour qui a vu « Fly Boys », « Baron Rouge » a presque des airs de chef d’œuvre. Je dis presque, parce que le film souffre tout de même de quelques problèmes de rythme. Un peu longuet, pas toujours exaltant par manque de dynamisme général, il propose tout de même de très chouettes scènes de combats aériens, avec de l’ampleur, des caméras qui ne gigotent pas dans tous les sens, et, trucs de fou, des astuces de réalisation qui rendent carrément les scènes de baston lisibles.
Là où « Fly Boys » offrait de la shaky cam et des silhouettes d’aviateurs interchangeables, « Baron Rouge » s’attarde sur les symboles peints sur les fuselages, ou, au détour d’une scène de tunning sur avion de chasse, offre un moyen simple et efficace pour reconnaitre en vol chaque membre de l’escadrille de Van Richthofen.

Film sur la Première Guerre Mondiale oblige, il faut se fader une amourette avec une infirmière, partie de l’histoire qui n’a d’autre intérêt que de permettre à Lena Headey d’étaler toute la palette de ses monoexpressions (vraiment, j’ai de l’espoir pour le personnage de Cersei Lannister, c’est dingue). En plus de permettre au film de se vautrer dans un lieu commun, cet arc nous présente un personnage super relou de chieuse moralisatrice qui n’aime pas la guerre parce que c’est bien du malheur pour les gens, et qui va se charger de sonner les cloches d’un pauvre petit Baron qui sous ses médailles et décorations cache l’immaturité de qui mène finalement une guerre assez propre.

En cela, la scène où on le voit regarder à la lunette des Poilus allemands (je sens instinctivement que l’expression est vachement impropre et qu’on va fissa me corriger dans les commentaires, ce que j’apprécierais, çà me soignerait un peu de mon inculture crasse en histoire contemporaine) se faire charcler par les mitrailleuses ennemies à peine la pointe du casque sortie de la tranchée, est parfaitement juste.

On sent perpétuellement ce décalage dans le film, entre ce corps d’armée tout neuf tout fou tout jeune, érigé au statut de héros par une propagande à laquelle le Baron et ses hommes adhèrent sans réserve (du moins au début), et la réalité d’une guerre incroyablement moins glamour que celle menée dans les airs. Pendant que Van Richthofen et l’aviateur canadien se payent mutuellement l’apéro dans le no man’s land, çà se dégomme à coup d’artillerie lourde à quelques kilomètres de là.
Le film joue d’ailleurs avec une habileté certaine sur ce plan, comptant sur la puissance évocatrice des images de tranchées et d’hôpitaux militaires pour poser le décor. Un décor qui n’est pas le quotidien du héros, dont on embrasse ici le point de vue, et qui n’a donc aucun intérêt à être montré.

Historiquement parlant, il y a pas mal de choses assez intéressantes à piocher dans ce film jamais trop didactique, qui pose sans le développer le contexte général pour mieux s’attarder sur son personnage principal. Lequel n’est pas la plus grande réussite du film, un peu trop lisse, la faute à un portrait volontiers hagiographique.
Bon, je ne vais pas jeter la pierre, faut avouer qu’il roxxait sévère, le Baron Rouge.

Je persiste tout de même à penser qu’en virant l’intrigue cousue de fils blancs avec l’infirmière, on gagnait vingt bonnes minutes et on se concentrait vraiment sur l’essentiel. Le coup de la gonzesse qui ouvre les yeux au soldat par amour tout çà, c’est rincé jusqu’à la corde, et le personnage de Van Richthofen n’y gagnait rien d’autre que de passer pour un petit con ayant besoin d’une bonne fessée (donnée par Sarah Connor, mais quand même…). Certes, quand on meurt à 25 ans, on peut considérer qu’on a pas tout a fait la sagesse du vieux maréchal prussien vétéran de la bataille de Sedan, mais tout de même…

J’aurais mieux aimé le voir prendre certaines responsabilités et autre plombs dans la tête (pas ceux-là, les autres) en même temps qu’arrivaient frère, cousin et autres pilotes newbies. Limite j’aurais préféré voir creusée sa relation avec Werner Voss (bizarrement présenté comme plus vieux que Van Richthofen dans le film, petite entorse qui aurait pu s’avérer vachement utile pour bricoler un personnage de mentor), plutôt que cette évolution un peu artificielle proposée ici.

Néanmoins (oreille en plus…), « Baron Rouge » se tire plutôt bien dans le genre biopic sur fond de guerre mondiale, en révélant plus de fond qu’il ne semble en contenir, par un contexte bien posé et l’adoption d’un point de vue unique (quitte à faire du Baron Rouge un Bisounours, quand même).


Vous l’attendiez, celle-là, pas vrai ?

Note : **

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