Ce que je vais vous dire vous paraitra sans doute étrange, mais il n’y a pas que « Le Trône de Fer » dans la vie. Sans blague, les gens, y’a aussi Kate et William qui se marient, sortez un peu de chez vous.
Alléchée par de multiples critiques et autres commentaires élogieux, j’ai récemment lu un ouvrage assez déroutant, mais néanmoins brillant, « Bankgreen » de Thierry Di Rollo, un auteur qu’apparemment, il faut suivre de très près. Je plussoie.
Porté par un style impeccable, où chaque mot est minutieusement choisi pour composer ce qui s’apparente à un long poème épique, « Bankgreen » est une plongée sans concession au cœur d’un monde au temps distordu. Sur la planète mauve et noire, véritable clé de voute du récit, cohabitent des espèces dont la durée de vie varie de l’éphémère à l’éternité, chacune confrontée à la mort qu’incarne Mordred, le varanier.
Fil conducteur de récit, la créature qui ne quitte jamais son armure ni son grand varan Rod, voit la mort de chaque être de ce monde en fin de cycle.
Sans se targuer d’allégorie, « Bankgreen » s’apparente à un récit métaphysique (1) qui surprend par sa violence, sa désespérance, aussi bien que par les graines d’espoir qui parviennent à germer de cette ambiance au goût de métal.
Chaque chapitre est à sa manière un univers. L’histoire progresse sans avancer, mue par un mouvement inexorable, généré par les morts qui jalonnent la route de Mordred, Silmar, Niobo et les autres. Les phrases exercent lentement mais sûrement une fascination morbide, une curiosité née de l’impression diffuse que quelque chose s’accomplit sous nos yeux, une chose impalpable mais inéluctable, qui sourd de derrière les mots, suinte des pages, vous traverse sans que vous, ou les personnages de cette expérience, n’y puissiez rien.
« Bankgreen » pourrait bien atteindre le statut d’une œuvre majeure. Il faut maintenant laisser faire le temps.
Note : ****
(1) Oui, voilà, c’était pour çà le titre…
Fouettez-moi avec des câbles Ethernet, je le mérite…