J’ai beaucoup d’affection pour les mutants. Sans doute parce que j’en suis un moi-même. Mon super pouvoir, celui d’emmerder le monde, est un des plus puissants qu’il soit. Si vous saviez le nombre de super vilains que j’ai terrassé grâce à lui, vous seriez surpris et vous commenceriez tout de suite à me faire des offrandes, subjugué par Mégachieuse (c’est mon pseudo à l’académie du professeur Xavier) et ses ondes télékinétiques.
Tout çà pour vous dire que je suis allée voir « X-Men : Le Commencement » et que malgré les affiches foireuses, le film gagne vraiment à être vu, ne serait-ce que pour son statut de film de super-héros de qualité. Une denrée rare par les temps qui courent…
Notez que l’affiche est elle aussi mutante : elle a le super pouvoir de faire fuir le potentiel spectateur.
Beaucoup de choses plaidaient en défaveur de « X-Men : Le Commencement ». Une campagne promo à la ramasse, une trilogie dont la qualité n’a cessé de décliner jusqu’à l’apothéose que fut la honteuse préquelle « Wolverine ».
Sur le principe, il n’y avait rien susceptible d’attirer le chaland vers les salles de cinéma pour ce énième truc Marvel. En plus, je sais pas vous, mais à part « Spiderman » et les nouveaux « Batman », il y a peu de choses qui tiennent la route en la matière aujourd’hui.
Charles Xavier se souvient encore de sa migraine après « Thor ».
Pourtant, « X-Men : Le Commencement », s’avère un bon divertissement, une préquelle intéressante et une jolie galerie de personnages acquérant de l’épaisseur à mesure que le film avance. Bon, pas tous les personnages non plus, mais l’essentiel y est (les jeunes X-Men seront sacrifiés au récit). Même les caméos sont chouettes, et c’est important à signaler.
La réalisation n’est pas brillante. Voilà, c’est dit. Elle est efficace.
Et se fend d’un montage très sympa en milieu de film où pendant l’entrainement des mutants à la future X Académie, l’écran se divise en bandes noires rappelant les cases des comics, seule concession évidente faite au support d’origine. L’idée était plutôt bonne, d’autant que comme je l’ai dit, la réalisation ne se prend pas à la tête avec des effets de style chiadés ou des tics censés donner une identité visuelle de la mort au film. Et quand j’écris cela, je pense à Kenneth Branagh et à son cadreur dahut…
Plutôt que de se la jouer, Matthew Vaughn, préfère la concision, et l’iconisation de ses personnages, qu’il sait particulièrement bien mettre en valeur avec un vrai sens du cadrage (droit, le cadrage, en plus).
Et mine de rien, il parvient aussi à insérer quelques scènes bien pensées telle la première discussion entre Sebastian Shaw et le petit Erik, que l’on pense ne pas pouvoir être plus malsaine qu’elle ne l’est déjà jusqu’au moment où l’on découvre la dite scène sur l’angle opposé à celui de départ.
Ou la mutation qui accouchera du Fauve que l’on ne verra que de son point de vue.
Les combats restent en revanche un peu décevants, filmés sans vrai dynamisme et sans réelle interaction entre les personnages (on repassera pour l’esprit d’équipe que l’on est en droit d’attendre d’une franchise comme « X-Men »).
A la décharge de Vaughn, c’est aussi la première fois dans toutes les adaptations que l’on voit à ce point les mutants utiliser tous leurs pouvoirs (on se souviendra du très moyen Phénix du troisième film, jamais à la hauteur du personnage le plus puissant de toute l’univers Marvel, par exemple) et sans parcimonie.
Le scénario, sans être ni original ni très novateur pour l’univers X-Men, est également une agréable surprise, car il traite tout à la fois du particulier (les états d’âme des mutants), du général (avec le discours classique chez les X-Men à savoir l’intégration, la différence, les droits des uns, les devoirs des autres), mais aussi du global (le contexte géopolitique bien mis en valeur).
Un joli équilibre qui permet de dépeindre trois portraits assez précis, ceux de Charles Xavier, de Magneto et de Mystic (son entrée en scène était foireuse tout de même). Leur mise en avant permet d’aborder trois façons différentes de supporter sa différence, réfléchie chez Xavier (mais quel scoop me direz-vous ? C’est Captain Obvious qui te l’a soufflé ?), agressive chez Magneto (oui, le Captain est encore là), et progressivement assumée chez Mystic (personnage pour le moins intriguant de la première trilogie).
Le soin de l’écriture sert clairement Magneto, ici dans sa phase « Anakin » mais en carrément moins pénible. Si l’on apprend que très peu de choses sur ses origines (déporté, cobaye des Nazis… En fait, on apprend rien dans ce film, c’est fou), c’est sur la construction de son idéologie que l’on va s’arrêter deux heures durant. Le futur super vilain au casque à l’esthétique plus que discutable nait de l’enseignement de deux mentors, Sebastian Shaw et Charles Xavier, un peu ses Darth Sidious et Obi-Wan à lui, mentors ou pères de substitution qu’il lui faudra tour à tour tuer pour devenir lui-même (c’est drôlement freudien ce que je raconte).
A noter que les choix de casting étaient également assez bon. Je passe sur Rose Byrne ici en service minimum.
James Mc Avoy et sa tête de premier de la classe permettait d’assurer un charisme tranquille au personnage de Xavier (et quelques blagues bien foireuses sur ses cheveux, gné), sans que ce dernier ne se fasse bouffer par Michael Fassbender en Magneto, qui décidément, tape une classe violente et en plus, çà se confirme après « Inglorious Bastards », devient carrément choupi dès qu’il parle allemand. Je rajoute qu’il peut soulever un U-boot avec une seule main ou vous avez compris ?
Détail qui tue : même le casque de Magneto, qui est une horreur sans nom, lui va super bien.
Agréable surprise aussi du côté des super vilains commandés par Kevin Bacon en forme olympique et January Jones qui était née pour jouer Emma Frost (dont le look sous sa forme diamantée est raté). Cependant, on peut tout de même le dire, le traitement de cette équipe était totalement à la ramasse, question caractères ou motivations. Un manque de profondeur qui rend le final légèrement déroutant et qui fige Emma Frost dans un rôle de bad James Bond girl un peu réducteur (c’est Emma Frost tout de même…).
Oui, au cas où vous vous posiez la question, c’est bien Jason Fleming. Çà m’a prit deux heures …
Par contre, est-ce que quelqu’un peut me dire qui était ce jeune éphèbe porto-ricain dont le pouvoir consistait porter des chemises moulantes et à faire des tourbilol avec les mains ?
« Hasta siempre, moutantès ! »
Et pour flatter mes penchants malsains pour la Kriegsmarine, dans « X-Men : Le Commencement », on découvre un somptueux modèle inédit et totalement über pour tout méchant Jamesbondien qui se respecte (et ce petit parfum de 007 était particulièrement bien dosé dans le film) de U-Yacht.
Comprenez un sous-marin de luxe avec mini-bar et réacteur nucléaire shinny intégré.
Dommage que Magneto ne l’ait pas récupéré à la fin, sinon, je l’épousais direct.
Note : **