Youpi, j’ai réussi à retrouver et surtout à retenir le nom savant désignant les éclats de lumière bleue horizontaux que JJ Abrams nous colle dans tous ses films quand bien même c’est moche, ça ne sert à rien et semble toujours venu de nul part.
Lens flare.
I haz it…
Et « Super 8 » sinon ? Bah…
Même sur l’affiche, il réussit à nous en coller un…
Enfant caché qu’ « ET » aurait eu avec « Les Goonies », « Super 8 », estampillé jeunesse, fait partie de ces films paresseux bourrés de bonnes idées ne développant jamais rien de façon satisfaisante. Un objet de frustration intense, réalisé par un tâcheron et surveillé de près par LE Maître, comprenez Ze Steven, qui se suit sans ennui, mais échoue à se transcender. Alors qu’il y avait matière.
Si le scénario aligne les incohérences et finit toujours par se perdre dans un cul de sac, le rythme proposé et le dosage des divers éléments garanti une certaine efficacité narrative. A condition de ne pas être trop regardant sur la qualité tout de même, malgré l’épure de l’ensemble et une bonne articulation générale.
Mais le fait est que beaucoup des pistes de l’histoire se dissolvent rapidement, noyés dans la multiplication des climax. Et la fin, risible, ne pourra jamais prétendre relever le niveau. Étonnant, avec le recul, je ferais désormais le même reproche à « Star Trek »…
Alors que « Super 8 » aurait pu tenir sur les rapports entre réalité et fiction (et nourrir une réflexion sur la création), il se borne à fonctionner sur la nostalgie que JJ Abrams a des seventies, de son enfance et du cinéma de l’époque. Une nostalgie qui se focalise d’ailleurs davantage sur les émotions de jeunesse que sur des éventuelles références culturelles, ici simples éléments de décor qui rendent presque inutile le placement de l’action en 1979.
La partie comédie reste la meilleure réussite du film, mais paradoxalement, Abrams échoue à créer une empathie entre le spectateur et ses personnages. Si l’on en vient à les apprécier, on ne sent aucun rapport d’affection se tisser à mesure que le film avance.
Des lens flares ! Des lens flares partout !
Immense déception, l’abandon à mi parcours du tournage du film des héros. Bon sang, le film s’appelle « Super 8 », a pour personnages principaux des enfants cinéastes amateurs concourant pour un festival avec un film de zombies, et il se trouve que leur réalisateur est une sorte de tyran obsédé par « la plus value sur la production« .
Et quand le monstre abat son courroux sur la ville, personne ne pense à en tirer parti pour continuer à filmer coute que coute.
Ben mince alors…
« Ohé ohé, Super 8 abandonnée ! »
Moi qui voyait déjà le jeune réal se comporter comme le personnage de Jack Black dans « King Kong » et exploiter jusqu’au trognon le cataclysme pour terminer son film.
Le tout en déployant des trésors d’imagination pour :
-recharger la caméra dans le chaos ambiant.
-tourner sans être vu de l’armée.
-prendre des risques pour obtenir le cadre idéal.
-questionner l’éthique et de fait le cinéma.
Et je dis cela d’autant plus volontiers que « Super 8 » m’a fait penser à « Cloverfield », lequel n’allait pas non plus tout à fait au bout de son propos, mais amorçait néanmoins un semblant de discours sur les rapports de notre société à l’image.
De toute façon, ne cherchez pas plus loin, « Super 8 » est un « Cloverfiled » pour enfants :
-il y a des caméras.
-une grosse bête aussi moche que furtive.
-des amours contrariées.
-une bimbasse à sauver au cœur des ténèbres.
Comme souvent chez JJ, la fin de l’histoire sera également bâclée, une fois les arcs résolus avec beaucoup de paresse. Ainsi, l’inimitié entre le papa du héros et celui de l’héroïne se voit bouclée par un « – Et si on passait l’éponge ? – Ok, lol. » alors même que leur antagonisme était le cœur de la tragédie romantique moisie servant de prétexte à faire avancer le scénario.
Moisie oui, car les non dits et les ambiguïtés de cette affaire étaient parvenus à me convaincre qu’en réalité, nos deux tourtereaux étaient frères et soeurs.
Une explication qui aurait eu le mérite d’expliquer de nombreuses choses et de caser une belle référence à Star Wars.
Même chose avec le monstre. Un bon tiers du film est consacré à brosser de lui le portrait d’une créature sanguinaire tuant pour le plaisir, mais à la fin, comme çà, juste pour rire, on viendra nous expliquer qu’il est en fait très sympa et qu’il peut se laisser convaincre de vous épargner si vous lui servez un beau discours bien larmoyant digne de la prose de Yannick Noah : « La vie c’est cool, man. »
Un peu comme si Beowulf avait arrêté la folie meurtrière de Grendel en lui offrant des verres gratuits à la soirée du roi Hrothgar…
Bref, une belle frustration que ce film, encore accentuée par la passion que JJ Abrams entretient pour les cadres étriqués.
Déjà, dans « Star Trek » (« Super 8 » contient d’ailleurs une belle auto-référence à ce précédent film…), sa manie de tout filmer en gros plan (et en shaky cam) était insupportable.
Sans rire, des vaisseaux, des combats dans l’espace et jamais un plan large ? Tu vas pas venir me dire que c’est la faute du budget. Tous les combats aériens de « Battlestar Galactica » réunis ont du couter l’équivalent de 10 minutes de ton « Star Trek » et chacun est 100 fois plus épique que ton pseudo space opera.
Ici, même combat. La scène du déraillement est correcte, sans plus, mais le reste fait franchement rigoler. Entre l’action filmée entre deux portes et le monstre que l’on n’a jamais vu une seule fois en entier sans que rien, je dis bien rien, ne vienne justifier pareille décision, je crois que ce que j’ai préféré, c’était le lens flare.
En partie parce que çà apportait de la couleur au film. Punaise, je ne sais pas si c’était la faute de mon cinéma, mais les contrastes étaient totalement absents.
Dans un film qui comporte autant de scènes de nuit, proposer du sombre sur du un peu moins sombre c’est criminel. En même temps, le chef opérateur était peut être en RTT. Comparé à « Harry Potter », et sans les lunettes 3D, je vous jure, c’était pire…
Vous voyez bien que je ne vous mens pas…
A force de se la jouer petit bras, JJ Abrams finit par livrer un film qui a toute les qualités plastiques d’un pilote de série friqué. Film qui ne tient que par ses personnages bien caractérisés. Le manque d’empathie détruit cependant la dernière scène, celle du deuil consenti par le père et le fils (dans la grande tradition du « lâcher prise » si chère à JJ Abrams), visuellement excellente mais froide faute d’une bonne gestion de l’émotion sur l’ensemble du métrage.
Un gros capital sympathie n’est en aucun cas synonyme de bon film. Et dans le cas présent, on peut tout à fait attendre le passage à la télé.
Note : */*
PS : Qui peut me dire pourquoi, alors que les cubes commencent à agréger la matière, et que tout ce qui est métallique se retrouve irrésistiblement attiré vers le vaisseau, l’appareil dentaire d’un des héros est mystérieusement épargné ? Je dis çà parce que çà aurait pu être bien drôle, tout de même…