«Das ist eine kolossale Konspirazion ! »

On dit que la consommation d’alcool est dangereuse pour la santé. Bon, c’est globalement assez vrai, même si tout le monde sait que la Reine Mère a vécu si vieille uniquement parce qu’elle était confite dans le Gin.
Mais globalement oui. Enfin disons que je connais cette théorie.

Par contre, parfois, il y a des arbitrages qu’il vaut mieux faire en faveur de l’alcool. Genre « je vais voir « La Marque des Anges » ou boire un mojito ? » ou « je vais lire ce billet ou boire un mojito ? »

Faites-moi confiance, allez boire. Avec un peu de chance, confits dans le rhum, vous vivrez aussi vieux que la Reine Mère.
Mais si vous avez l’âme d’un héros, la bravoure de la seiche et le courage du doryphore, alors vous boirez ce verre avant de cliquer sur la suite.

Je vous préviens tout de même d’entrée de jeu, je n’ai pas eu l’inspiration ni le courage d’en faire un billet qui serait un peu construit, du coup, méthode de la grosse loque, je balance tout. TOUT.
Avec quelques liens vidéos aussi, donc cliquez droit sur le bleu (je précise, j’en connais au moins deux qui le font jamais… J’ai les noms, je n’aurai aucun scrupule à vous dénoncer)

Attention, genious inside. Si vous décidez de lire la suite de ce billet, vous découvrirez TOUT ce que vous avez toujours voulu savoir sur la méthode la plus raffinée et la plus demeurée de l’histoire pour assassiner votre prochain.

Je vous préviens quand même, y’a du niveau. Olympique. Mais du genre olympique de 1936, voyez…

Tout commence au Maroc, avec Moktar, un mec en treillis qui récupère des gosses dans un village. Dont un sourd.
Pourquoi un sourd ?
Ce mystère ne sera JAMAIS élucidé.

Mektoub farceur, c’est aussi précisément ce jour que Moktar et son chargement plus ou moins pas franchement légal se font pincer par la police marocaine qui l’expédie manu militari dans une salle d’interrogatoire où le pauvre tombe nez à dents en or avec Joey Starr, polissier (jurisprudence Maïwenn) d’Interpol.
Quel mektoub de merde, vraiment…

«-Vas-y bâtard, parle, ‘culé.
Non.
Fais pas ta pute, Moktar.
Non. »

De rage devant autant de force mentale après…. 17 secondes d’interrogatoire aussi mou qu’un caramel de chez la Trinitaine laissé en plein soleil un 15 aout à Douarnenez (oui, je sais, il ne fait jamais beau les 15 aout à Douarnenez, vu que c’est au beau milieu de la saison humide, qui succède immédiatement à la saison très humide. Qu’est-ce que je fous là, moi, à digresser ?), Joey Starr abandonne Moktar à son collègue d’Interpol, qui selon toute vraisemblance est belge, au regard de son accent et de son l33t sk1ll en gestion de prisonnier.
En 2 minutes montre en main, Moktar se suicide avec un stylo Bic.

Bien joué, Gontran Van Der Noob.

Joey Starr, pas attendri pour un sou par la belgitude de Gontran, lui dépouille alors sa face de wallon dans les cabinets de la police marocaine.
Première scène d’action du film, plutôt pas mal puisque malgré la caméra à l’épaule, on arrive à suivre le « combat » même si le dit affrontement se résume pour Gontran à se faire benner la tête d’une cuvette de toilette à une autre en couinant « Aïe, ça fait mal, une fois.« 

Vous allez me dire que réussir une scène où un mec en tabasse un autre dans un réduit de 4m2 c’est à la portée du premier couillon venu.
Je vous rappelle pour mémoire, que la chose est impossible à un mec comme Len Wiseman, à qui on confie des adaptations de Philip K. Dick à 200 millions de dollars, hein.
Retenez donc vos sarcasmes et admirez l’astuce consistant à faire un léger zoom sur l’action à chaque fois qu’un coup brutal est asséné ce qui confère à la fois dynamisme et violence à la scène.
Bref, c’est pas l’idée de génie du siècle, mais c’est habile, et j’aime bien.

On va le voir très vite, ce qui déconne sec dans « La Marque des Anges », ce n’est pas tant la réalisation, propre, fonctionnelle et finalement honnête, que l’histoire qui sert de base au film. Laquelle est presque un chef d’œuvre du genre.

Meanwhile, à Moscou Paris, Gérard Depardieu s’en va à confesse avec son curé préféré, le révérend-père Marcel. Un dialogue qui ressemble à s’y méprendre à un Powerpoint nous apprend que :
-Gérard est un flic à la retraite.
-Gérard n’arrive pas à décrocher.
-Gérard a la foi mais bon, on ne s’en servira pas de tout le scénario, se serait con de donner de la profondeur psychologique à un personnage autre que « il est gros ».
-Gérard est veuf, ah ben la voilà la profondeur psychologique… Ok, c’est déjà totalement naze, je sais, accrochez-vous, j’ai jamais dit que se serait facile.

Meanwhile, à Lyon, au siège d’Interpol, Joey Starr discute avec Héléna Noguera et son carré plongeant. En fait, Héléna lui fait une présentation Powerpoint intitulée « background de l’inspecteur Joey Starr« . Nous y apprenons donc que :
-Joey Starr est instable.
-Joey Starr prend des substances illicites.
-Joey Starr est un peu nerveux.
-Joey Starr n’est pas du tout dans un rôle de composition.

Et pendant ce temps, à Paris, Gégé retourne à l’église mais cette fois, attation, l’heure est grave : l’acolyte du révérend père Marcel a été retrouvé raide mort étalé dans le chœur, suintant du sang par les oreilles, au lieu de débris de vitraux.
Gégé prend 15 plombes pour observer la scène et ne pas se faire la réflexion « tiens, le verre brisé et les tympans en choucroute, ça n’aurait pas un rapport, dès fois ?« 
Si Gégé avait vu « Papi fait de la Résistance », son enquête avancerait plus vite…

Mais tant qu’à parler de Seconde Guerre Mondiale, restons un peu sur le sujet car surgit pour un fugace instant l’inspecteur Thierry Lhermitte :
« –Alors, c’est qui qu’est mort ?
Le père Otto Von Schlaffen-sie-gutt.
Allemand ?
Presque : chilien.
‘foiré de nazi... »

Point Godwin.

Se fut rapide, ma foi.

PENDANT CE TEMPS A LYON (vite, pitié, que les deux enquêtes se rejoignent, j’en peux plus), Joey Starr reçoit un rapport concernant la mort du père Otto, curé et chef de chœur. Avec une vivesse qui n’a d’égale que sa promptitude et une ficelle scénaristique plus épaisse tu meurs, il fait le rapprochement entre cet évènement dont il n’aurait jamais dû avoir vent (il y a une très vague et sibylline explication au fait qu’un de ses collègues lui refile l’info, mais comme pour le gamin sourd du début, on n’en saura pas plus) et un mystérieux SMS trouvé dans le portable de Moktar.

Attention, le scénario se prend soudain les pieds dans le tapi. Pour vous la faire courte, Moktar avait dans son téléphone les noms de trois personnes que son organisation projetait de tuer. Trois personnes vivant à Paris, soit loin du Maroc où le boulot de Moktar, c’était de trouver des enfants pour les ramener on sait pas encore où, pas toutes les émotions d’un coup voyons.
Bref, le nom des trois cibles n’avaient rien à faire dans son téléphone.

Mais on va faire comme si c’était logique sinon je vais devoir frapper un singe pour calmer mes nerfs.

Ni une, ni deux, Joey Starr prend le premier train pour Paris, malgré qu’il ait été mis à pied pour avoir tabassé Gontran Van Der Noob. Trop de mystère étrange et pénétrant. Il faut en avoir le cœur net et surtout, empêcher les morts des deux autres noms sur la liste. Je vous rassure tout de suite, à eux deux, Gégé et Joey Starr sont suffisamment manches pour n’en sauver aucun.


Un duo d’enquêteurs de choc.

Pendant que Joey prend le train, Gégé va nuitamment fouiller la chambre du père Schlaffen-sie-Gutt où il ne trouve rien de mieux à faire que d’écouter une version accélérée du Miserere d’Allegri.
« Kom caybo« , se dit Gégé quand SOUDAIN ! Un twink tente de rentrer par effraction au moyen d’une clé insérée dans la serrure.

« POLISSE ! »

« AIE CARAMBA !!! » fait le twink en s’enfuyant, poursuivi par Depardieu jusque sous un pont de la Seine au terme d’une poursuite en voiture, molasse, mais pas si mal emballée que cela, oui, je tenais à le dire.

« –Me llamo Mojito, soy le toyboy del padre Schlaffen-sie-gutt, toi pas me faire de mal, Yéyé !
Wooot, t’as dit quoi là ? Que t’étais l’amant fringant et encore quasi mineur du curé chilien ancien nazi ? Mon Dieu….
Ma qué yé sais, mucho clichés completamente stupidos.
Si, Mojito, si…« 

Le lendemain, ENFIN, Joey Starr arrive dans la capitale et rencontre Gégé. Au début, ils s’apprécient pas trop, mais bon, rapidement, ils deviendront copains comme cochons, un peu comme Hitler et Von Ribbentrop.

Joey Starr montre à Gégé sa dead list où notre flic à la retraite avise le nom de Mojito. Heureusement que toutes les cibles ont des noms vachement peu commun, en fait.

Mais dans le squat où vit Mojito, ils ne trouvent que son cadavre, au milieu de sa chambrine jonchée de débris de verre. Une fois de plus Gégé se contente de regarder la scène comme si c’était un bœuf Strogonoff.

Alors que bon, deux scènes plus tôt, à la louche, le médecin légiste lui a expliqué que le père chilien était mort les tympans perforés. Non, toujours pas ? Vraiment ?

Pendant que Gégé galère à comprendre ce que le spectateur lambda a réussi à piger en moins de deux minutes de film, Joey Starr se met à avoir des flashes back. Pire, les flashes sont tellement intéressants qu’ils ne serviront même pas à faire avancer l’histoire, l’enquête ou n’importe quoi d’autre.

Mais attendez un peu, vous n’avez encore rien vu.

«-Ah mon bon Gégé, comme vous tombez bien.
Que se passe-t-il père Marcel ?
Ben je me disais que je pourrais foutre un coup de pied au cul de l’intrigue en vous disant, là, comme ça, genre vous n’avez pas pensé à me poser la question avant, en fait, si, le père Otto avait bien un type dans son entourage répondant au doux prénom d’Olivier, qui est le troisième prénom de votre liste.
C’est vrai qu’on aurait pu aussi commencer par là, ça nous aurait fait gagner du temps. »

Et ça aurait aussi sauvé la vie du père Olivier, le confesseur d’Otto.

Retrouvons tout de suite le curé en question, affairé dans son église étrangement orthodoxe pour un curé catholique romain, maybon, tous ces détails c’est chiant aussi, mayrde quoi, 1054 c’était y’a trolontan, fuck.

Olivier est occupé à éteindre des cierges devant des icônes lorsque brutalement, un petit enfant vient se planter dans son dos :

«-Coucou petit enfant, tu es perdu ?
-…
Toi comprendre quand moi parler ?
-…
Bon, je vais pas te faire un dessin, jeune frisé, mais là, on est dans un film avec des anciens nazis réfugiés au Chili devenus des curés homosexuels qui copulent avec de jeunes éphèbes sur de la musique classique. Je crains que moi un prêtre et toi un petit garçon, cela ne nous entraine vers un autre gros cliché qui sent bon l’anticléricalisme. Alors décarre tout de suite de mon église catholique romaine qui sent bon l’orthodoxie.
-…
Ok, tu me laisses pas le choix : AU NOM DE L’EGLISE JE TE BOTTE LE CUL !!! »

Non, cette dernière phrase définitivement awesome, que je cherche à recaser à toute force dans un maximum de trucs, ne sera pas prononcée dans le film.
Dommage, je rêvais de voir le curé saisir deux cierges, en nouer les mèches et défoncer la tête du gosse avec ce nunchaku improvisé.

Au lieu de cela, alors que le père Olivier commence à perdre patience, d’autres enfants sortent de l’ombre : gang roumain venu lui faire les poches de sa soutane ? Occupation de son église par des sans-abris ? L’homme de Dieu est perdu.
Soudain, le premier petit garçon, celui avec un caniche mort sur la tête, se met à ouvrir bien grand la bouche :
«  »Vois sur ton chemin, gamins oubliés, égarés…. » »

Aussitôt qu’il entend cette chanson, le père Olivier se met à convulser « NAAAAAN PAS LA CHANSONS DES CHORISTES ! TOUMAIPASSA !!!!!!! »
Les vitraux explosent, le sang lui sort par les oreilles, ça dégueulasse tout le tapi.

Et enfin, quand le corps cesse de bouger, l’armée des ombres d’un mètre 12 les bras levés quitte le chœur pour entrer dans les ténèbres de la sacristie genre sortir par là où on est entré, c’est trop pour les tarlouzes.
En fait, si, bonne idée, sinon la chorale se sera mangée un Joey Starr et un Gégé Depardieu sur le museau.
Qui déboulent toutes voiles dehors en gueulant « Père Olivier, putain, bâtard, wesh » et « Mon père, vous allez pas bien ? Vous voulez des pâtes ? » (cette vanne était sponsorisée par Barilla et ne pourra être comprise que des gens qui ont atteint mon âge canonique. Pour tous les autres, déjà, honte sur vous de pas connaître, c’était du David Lynch, ventre saint gris)

Dans un dernier râle d’agonie, « Théologie des Sept Conciles powaaaaargh…. », le père mi romain mi orthodoxe meurt dans les bras de Gégé tandis que Joey Starr poursuit les enfants dans la sacristie où il se fait poignarder.

Non mais sans blague quoi.

Les enfants, vous possédez l’art suprême du cri qui tue mais pour éliminer un poursuivant, PAF, poignard dans la couenne…

Je sais pas, c’est comme si l’US Navy trouvait subitement plus drôle d’envoyer des pédalos en patrouille parce que les frégates c’est pour les faibles.

Variante, 1945 : « Non mais le projet Manhattan, toussa, j’ai peur que les autres pensent qu’on se la pète un peu. On va plutôt leur balancer des confettis. »

Joey Starr désormais entre les mains du corps médical, Gégé peut poursuivre le film en stand alone, laissant son binôme avoir ses flashes back pourris tout seuls.

Et là, on entre dans la partie de l’enquête la plus classe de l’histoire des enquêtes au cinéma : un travail de pistage intégralement réalisé sur l’instrument le plus performant qu’il soit :

Pour obtenir cette image, j’ai tu taper « Google » dans Google. J’ai ainsi risqué de casser l’Internet.

En deux secondes et trois liens hypertextes, Gégé te démantèle une conspiration à l’échelle PLANÉTAIRE que PERSONNE n’avait jamais soupçonnée quand bien même elle est internationale et implique : des anciens nazis, des dictateurs sud-américains, un genre de secte paramilitaire, des expériences médicales, des mercenaires et des scandales internationaux.

Un long montage laborieux nous résume l’investigation : trois plombes à regarder Gégé qui regarde des vidéos sur Youtube. Mise en abime.

Mais au final, voici ce que notre flic découvre : les anciens nazis réfugiés en Amérique Latine ont très vite su mettre leurs compétences au service des dictatures sud-américaines et par compétence, j’entends torture et extermination, pas du tout brassage de la bière ou mangeage de saucisse en réunion.
Au Chili l’un d’entre eux a même fondé une super œuvre caritative avec laquelle il récupérait des orphelins pour en faire, rien du tout en fait, mais bon, comme ça, il pouvait conserver un genre de façade choupi tout en torturant des gens dans sa cave. Comme quoi, Marc Dutroux n’a rien inventé.
Cette organisation que l’on va appeler la Confrérie des Jeunesses Sociales Nationalistes, insoupçonnable, est établie partout dans le monde entier, quand bien même la maison mère chilienne a été détruite par le feu et que ses sombres agissements ont été mis au jour lors de l’enquête qui a suivi.
Bref, c’est n’importe quoi, mais Gégé pense tenir une piste : il y a justement un centre de la Confrérie des Jeunesses Sociales Nationalistes dans les Ardennes (maison fondée en mai 1940) et COMME DE PAR HASARD, elle donne un concert pas plus tard que demain. Une chouillle pareille, à croire que Gérard vient de cramer un point de destin…

Direction les Ardennes donc, et le centre super classe des anciens nazis chiliens dans le parc duquel on peut assister à des scènes assez déroutantes genre, des enfants qui font de la gym habillés comme pour les JO de Berlin (mais bon, juste avant on a appris que les traces de semelles retrouvées sur les lieux du crime venaient de chaussures datant de la Seconde Guerre Mondiale => ils avaient fait de sacrés stock, les Boches, pour préparer leur Reich de Mille Ans, n’empêche), ou ces autres enfants qui s’amusent à se promener dans la ligne de tir de leurs camarades archers : « Le Führer arrêtera les flèches », je présume.

Bon aller, c’est fini les conneries, maintenant zou, au concert, charmons nos oreilles de douces mélopées genre, le frakking Miserere en version digest sinon ça dure trois plombes et bon, c’est vrai que c’est plaisant mais avec tout le temps qu’on a perdu à regarder des vidéos sur Youtube, le film traîne un peu à se conclure. Et je commence sérieusement à avoir faim. Un plus il fait beau, merde, c’est un temps à boire des mojitos sur la côte. Aucun lien avec le nom que j’ai attribué au twink plus haut. Vraiment, non.

….

Ouais, vous commencez à bien me connaître.

JE DISAIS DONC le Miserere d’Allegri, durant lequel intervient l’enfant frisé. Sa voix est décidément grave pure comme du cristal de Baccarat. C’est tellement beau que Gégé en oublie de s’asseoir, par contre, il remarque du fond de la salle de spectacle une cicatrice sous le menton de l’enfant.
Ba.laise.

Je me demande bien ce que tout ceci signifie.

Fin du concert, Gégé suit discrètement l’enfant à la voix maudite, appelons-le donc Damien, Damien Dovahkiin, qui est séparé du reste de la chorale pour être conduit dans un endroit où aiment se réunir les Allemands pour causer Bundesliga et invasion de la Pologne : un bunker.

Là, Gégé surprend une conversation, je devrais plutôt dire un Powerpoint en approximativement quarante douze et trouzmille slides (ce film est atrocement bavard et complaisant dans ses expositions) entre le directeur du centre des Jeunesses Sociales Nationalistes, Josef-Adolf Von Tottenkopf, joué par le mec qui joue toujours les nazis dans les films français, et John-John McDonald, le mystérieux et très américain fondateur d’une compagnie de mercenaires dont on parle depuis le début du film mais dont tout le monde se fout. C’est juste parce que la compétition est inégale : entre des mercenaires et des nazis, désolée, hein, mais le choix est vite fait.

J’enchaine avec grâce et légèreté sur le monologue de Josef-Adolf :
« Ach… Chohn-Chohn, mon Petit kalopin ! Che fais te mondrer komment on torture chez nous en Allemandie. Mein petit papa, ki trafaillait dans un kamp de conzentrazion, ja, zehr orichinal, afait remarqué ke les enfants dans les chamPres à kaz poufaient pouzzer des cris capaples de Brisser des ampoules. Du coup, il z’est dit : « si che faissais des experienzes médikales à ce suchet ? » Chais pourzuivi son œuvre et foilà le résultat ! »


Josef-Adolf, à gauche, donc. J’ai dit à gauche.

Alors que John-John essaye encore de comprendre la phrase au travers de son accent teuton, Josef-Adolf lui montre Damien entrant dans une salle où se trouve un homme attaché à une chaise. Il a l’air d’avoir déjà dérouillé sévère, mais Josef-Adolf veut visiblement l’achever avec une intégrale des « Choristes ». Les nazis sont vraiment des monstres.

Von Tottenkopf veut en réalité faire à John-John la démonstration des pouvoirs de son dovahkinn auquel il demande de s’exécuter.
L’exécution consiste pour l’enfant à hurler comme un chanteur de power metal jusqu’à ce que mort s’en suive.




Conséquence étrange de l’Oscar de Dujardin, les tumblr « OSS 117 » en anglais…

A partir de là, je commence à me poser de très grosses questions sur l’état dans lequel Jean-Christophe Grangé a écrit son bouquin (ébriété avancée ?). Si tant est que l’adaptation n’ait pas tout salopé son boulot, mais bon, j’ai tout de même mes doutes :

-Damien crie pendant au moins une longue minute à la face du mec avant de le tuer. Un enfant qui crie pour tuer, c’est comme un enfant qui crie dans une cour de récréation, c’est extrêmement bruyant. A partir de là, je m’interroge sur le premier meurtre, perpétré par Damien dans le chœur d’une église en pleine journée. Pas du tout un endroit où le son va se propager comme c’est pas permis. Sans parler des vitraux qui pètent de partout. Mais personne ne remarque rien. Je m’interroge aussi sur le deuxième meurtre, celui de Mojito, perpétré dans un squat en pleine journée, dans un endroit plein de monde et tellement sonore qu’on entend un téléphone sonner dans une chambre depuis le couloir (véridique). Mais là encore, personne n’a entendu l’Antéchrist qui gueulait « Deathdeatheternaldamnation » à la face du twink. Pendant une bonne minute. Genre.

-Damien seul suffit pour donner la mort à quelqu’un, car de toute la chorale, il est le seul qui avait la capacité de produire le cri. C’est la raison pour laquelle il est le seul à avoir une cicatrice, résultat d’une opération permettant de le faire passer de Petit Chanteur à la Croix de Fer à Bruce Dickinson. Alors, bon sang de bois, pourquoi avoir déplacé tous les enfants dans l’église du père Olivier ??? Un seul suffisait, c’était tout de même vachement plus discret de faire entrer un seul môme sur le lieu du crime plutôt que toute la chorale, non ? Par exemple, ça aurait pu éviter d’avoir à garer un foutu mini bus devant l’église (véridique aussi) pour évacuer toute la troupe.

-quitte à tuer quelqu’un en faisant un maximum de bruit en un minimum de temps, autant lui tirer une balle dans la tête. Mais je dis ça, je dis rien.

-comment Damien fait-il pour supporter son propre cri ? « Ah ! Facile ! C’est pour ça que Moktar voulait un enfant sourd au début du film ! S’il est sourd, Damien ne risque pas de se faire seppuku par les oreilles ! » Ouais, c’est pas con, mais comme tu fais chanter un enfant sourd dans une chorale ?

Pendant que Gégé est trop choqué par tout ce qu’il apprend, Joey Starr continue à s’émotionner tout seul dans son lit d’hôpital à grands coups de flashes back où il se souvient de quand il était membre des Jeunesses Sociales Nationalistes au Chili avec sa sœur.

Non… Sans déconner…

C’est même grâce à son évasion que l’organisation a été démant… Non, c’est vrai que personne ne s’est soucié de ce qu’il se passait dans les autres complexes du réseau disséminé un peu partout dans le monde.
En fait, les flics se sont contentés de regarder ce qu’il restait du bâtiment principal, en disant « Ay ay ay, caramba », bâtiment auquel les nazis avaient foutu le feu avec tous les orphelins dedans, hein, on se refait pas.

Heureusement, un PNJ qui passait par là, un homme de main de von Tottenkopf, décide que c’est bon maintenant les flashes back, mayrde, et s’en va tuer Joey Starr, sauvé in extremis par le carré plongeant d’Héléna Noguerra, décidément très bien coiffée dans ce film. Puis il vole une mobylette et s’en va rejoindre Gégé dans les Ardennes.

Après quelques péripéties sans intérêt (vraiment, sauf qu’elles rallongent la sauce, ce qui est assez cruel je trouve), les deux boloss assermentés s’en vont à Bruxelles où von Tottenkopf a bien l’intention d’exécuter à grand coup de Damien dans les tympans une juge qui en veut à la compagnie de mercenaire dont tout le monde parle, mais se fout tout à la fois depuis le début.
D’où la démonstration faite à John-John tout à l’heure, si vous suivez (je sais, c’est dur, pensez au mojito que vous allez boire après).

Madame la juge s’est très opportunément isolée dans un salon pour répéter son discours à venir pendant que la chorale des Petits Chanteurs à la Croix de Fer s’apprête à chanter le Miserere.

VOUS CONNAISSEZ RIEN D’AUTRE BANDE DE BOULETS

Rapidement, Damien lui est envoyé. Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de soliste dans la chorale. C’est trop bête, qui va donc faire « AAAaaaaaaaAAAAAAAAAAAAaaaaaaAAAAAaaaaaah !!!!!!! » ? (et, question subsidiaire, qui faisait toutes ces foutues basses dans ce groupe d’enfants ? Genre, là, à 1.05, se sont Kevin, Théo et Lucas, qu’on fait tourner à deux paquets de Gitane Maïs par jour depuis qu’ils ont 5 ans ?)

Et là, moi y’en a plus rien comprendre, Damien Dovahkiin se met à gueuler sur une durée de trois bonnes minutes, le temps pour Joey Starr et Gégé de monter jusqu’au salon, ouvrir la porte, hurler comme de gros glands « Vade retro enfant de dragon du démon », avant de succomber à leur tour au cri qui tue.
Pendant ce temps, madame le juge n’est toujours pas morte. Soit elle est super résistante aux attaques psy, soit elle a des sonotones qui font office de barrière de protection. Un truc trop imprévu que personne n’avait sans doute vu venir.
Ou une facilité scénaristique, j’en sais rien. En tout cas, ce pouvoir étrange va laisser le temps à Joey Starr de tirer dans un pot de fleur ce qui fait suffisamment peur à Damien pour qu’il décide enfin de fermer sa gueule.

«-Vas-y Damien, espèce d’enfoiré, dis-moi où il est l’autre bâtard de fils de pute de nazi ? Demande Joey Starr à l’enfant apeuré.
Sans doute quelque part ailleurs, j’en sais rien, je suis qu’un petit garçon… »

Petit garçon qui a la même voix que Jeanne Moreau au réveil. Séquelles du cri ou de l’opération ? C’est difficile, mais une fois encore, ça amène plein de questions : avec une voix qui mue dès 8 ans, comment Damien peut-il encore se promener dans les aigus quand il fait soliste ?

Joey Starr s’en fout, il vient de mettre la main sur « l’autre bâtard de fils de pute de nazi » qu’il a bien l’intention d’exécuter séance tenante sous les yeux affolés de tous ses collègues d’Interpol qui arrivent au moment opportun pour le voir mettre un terme à sa carrière. Car s’il décide dans un moment de lucidité de ne pas mettre une balle dans la tête de Josef-Adolf, il lui tire dans les oreilles pour l’empêcher d’écouter Scorpion pour l’éternité.
C’est vraiment pas gentil de faire ça à un Allemand.

Suite à ce sauvetage+arrestation héroïques, Gégé et Joey Starr reprennent le cours de leurs existences comme si de rien n’était. Oui, même Joey Starr qui s’est drogué pendant une enquête menée illégalement contre l’avis de ses supérieurs après une suspension disciplinaire pour avoir tabassé un collègue, enquête au terme de laquelle il a volé une voiture, un scooter, et, devant témoins, handicapé volontairement à vie un suspect sans défense.

Je les voyais pas aussi souples sur le règlement, chez Interpol.

Oui, vous l’avez mérité, votre mojito. Moi aussi, pfffiouuu.

Dans le fond, « La Marque des Anges » est une bonne grosse série B pas si mal emballée que cela, malgré un scénario plombant les efforts de réalisation produits par Sylvain White pour dynamiser un corps pachydermique qui peine à s’extraire de l’ornière des lieux communs traités sans éclat et lourdement handicapés par des incohérences de fond qui décrédibilisent trop rapidement l’ensemble pour adhérer au reste.

Note : trop de notes (« AAAAAaaaaaaaahhhhhhAAAAAAAaaaaaaaahhhhhAAAAAAAAAaaaaah !!!!!!1 !!!!!11 »)

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