Il est magnifique.
TOUT pour me plaire, ou presque : des réponses à des questions posées par les épisodes précédents, des enchaînements gracieux, des dialogues qui font progresser l’histoire, de l’aménagement astucieux avec les livres, de la classe, de l’émotion.
Et ce final. Par les Corbeaux d’Odin, ce final fantastique dans tous les sens du terme, mettant fin à des années de questionnement tout en nous faisant pénétrer au cœur du lieu le plus mystérieux de tout Westeros.
Comme souvent, l’épisode cultive l’art des transitions liant les personnages et les histoires parfois déconnectées en apparence. Après une semaine dernière posée sur un rythme plus calme, on retrouve ici une excellente dynamique, et cette ambiance poisseuse qui colle à la série depuis le début de cette saison.
Ein Volk, ein Reich, eine Khaleesi.
Une fois n’est pas coutume, nous débutons avec notre habituelle finisseuse de choc, Daenerys l’Ignifugée, qui interrompt d’entrée de jeu une scène toute choupignonne entre Grey Worm et Missandei, venue donner des cours de langue à l’Immaculé.
C’est pas le moment de se presque rouler des galoches imaginaires, petit général grognon, ta kaiserine a une ville à prendre.
« JA VOLL ! » S’écrit l’eunuque en claquant les talons de ses sandalettes.
S’infiltrant dans Meereen par les cabinets de la cité, les hommes de Dany rejoignent un meeting secret de Mélenchonistes ascendants trotskistes, planqués dans une cave à fomenter des complots.
«-Guten tag.
«-Mais qui êtes-fous ?
–Che zuis fenu en paix.
–Les mecs dans « Iron Sky » ils disaient ça aussi. Au final, c’était rien qu’une bande de nazis de l’espace. Où avez-vous dont garé votre vaisseau spatial ?
–Ach. Che zuis izi pour fous tranzmettre ein klein messache : fous defez reprendre fotre liberté fous même, sa machesté est une grosse feignante. »
Là-dessus, tel un membre du parti distribuant des rouleaux de PQ gratos sur la place Lénine, Grey Worm remet des épées à ses camarades de servitude aux yeux brillants d’excitation.
Meanwhile, dans les rues de Meereen, Jean-Pascal, un honnête négociant en poudre de riz, khol et après shampooing bio rentre à son domicile, escorté de ses deux Immaculés, sifflotant gaiement dans la lumière vaguement grisâtre d’une aurore vespérale du milieu de la nuit.
Quand soudain !
«-C’est étrange, ça, se dit Jean-Pascal en considérant ce graffiti rageux.
–Ohlala, maître, regardez donc sur la grande pyramide ! C’est pas banal…
–J’y vois rien, qu’est-ce-que c’est ?
–Un genre de… truc rouge qui s’étale sur la face de la Harpie, mais c’est difficile à dire, ma vision est en qualité 240, ça pixelise un peu.
–Ah, prenons des airs surpris tout de même, juste au cas où. »
Surprise donc, suivie de panique quand déboule de tous les coins une colonie de mecs en fundoshi qui offrent un peu de chirurgie viscérale gratuite à Jean-Pascal. Adieux, problèmes de transit, vous êtes partis vers d’autres cieux, en même temps que son intestin grêle…
Le fundoshi, pour vous, messieurs.
Le lendemain, Dany est réveillée par la bonne odeur d’un croissant chaud que lui apporte Missandei, avec l’édition du « Monde ».
«-Ah tiens j’ai pris la ville pendant la nuit ?
–Il semblerait.
–Chic alors, je vais aller me faire acclamer par la foule pour n’avoir rien foutu de la nuit.
–Je vais vous faire une nouvelle coiffure pour l’occasion.
–Et tu penseras aussi à me faire changer de fringues, un jour, parce que La Dame m’a envoyé 17 732 mails rageux depuis la semaine dernière, exprimant vertement son ras le bol de me voir toujours dans les mêmes vêtements moches et indignes de mon rang depuis une saison et demi. »
Daenerys règne désormais sur un empire de Gungans qui ne savent dire que « Mhysa » à longueur de journée.
C’est un jour fort glorieux, aussi décide-t-elle de se payer le luxe d’une petite revanche personnelle.
«-Ser Barristan, allez-donc me clouer tous ses nobles le long de la route.
–Se sont vos sujets, Khaleesi. Même s’ils ne sont que de sombres connards d’esclavagistes, il faudrait peut-être considéré une attitude plus magnani…
–COMMENT OSES-TU DÉFIER LE DRAGON FIFOU JESUISLAFILLEDEMONPERE ALORS EXECUTE MOI CES CHIENS AVANT QUE JE TE PAYE UN ALLER SIMPLE POUR LA MAISON DE RETRAITE, PAPI ! »
Ainsi débute le règne de Daenerys Targaryen Née du Typhon, Mère des Dragons et Fürher du IVe Reich, sur ce plan dévoilant à mes yeux abusés par un streaming même pas en HD la nature de la grosse tâche rouge sur la Harpie, la bannière de la maison Targaryen.
Un plan que n’aurait pas renié frau Riefenstahl, de Dany en majesté, contemplant sa ville, au milieu des hurlements de douleurs de nobles agonisants sur leurs croix, toute à son délire de grandeur.
Cette saison nous montre plus que jamais le délire de grandeur de celle qui, il y a trois saisons encore, n’était qu’une enfant timide et soumise à son frère, puis à son époux monosyllabique. Avoir survécu à l’enfer des Red Waste, déjoué le sac de nœud de Qarth et embrassé la puissance de ses trois dragons l’a changée en dirigeante bornée et implacable, persuadée de son bon droit. Elle en est presque effrayante armée de trois créatures monstrueuses, adulée par une foule grouillante, mais inexpérimentée, et héritière de quelques grands barjos notoires. Commence son règne de fer, et l’on sent déjà qu’il sera maladroit, et que chaque faux pas se payera au centuple.
Bizarrement, la scène où Barristan suggère à Daenerys de se montrer plus souple envers les maîtres fait écho à celle entre Tywin et Tommen la semaine dernière. Papi Lannister mettait en avant la jeunesse et l’inexpérience de son petit-fils pour lui expliquer l’importance d’avoir de bons conseillers et d’écouter leurs avis. Pauvre petite Dany qui n’a pas eu la chance d’avoir auprès d’elle un politicien de la trempe de Tywin et qui commet là ce que je ne peux percevoir que comme une bourde, en choisissant de massacrer et d’humilier ceux sur lesquels elle devra pourtant s’appuyer pour régner.
En attendant, dans son dernier plan, elle ressemble vachement à Thulsadum.
Love Boat.
A bord du Pedoboat, Sansa commence à se poser de sérieuses questions sur son gentil bienfaiteur. La bonne question, celle qu’il fallait se poser la semaine dernière était : « comment en sait-il autant sur la mort du roi alors qu’il n’a pas bougé de son bateau situé au large de Port-Réal ? »
Peine perdue : Sansa se demande surtout où il l’emmène.
«-En sécurité, on vous l’a déjà dit.
–Je me permets de demander parce que bon, vous m’avez fait monter dans votre bateau en m’offrant des bonbons et même si vous n’êtes pas un inconnu, vous savez, statistiquement, les mineurs agressés le sont en majorité par quelqu’un de leur entourage du coup, je me demande si vous ne m’envoyez pas dans votre cave, un peu comme un Marc Dutroux médiéval fantastique.
–Ahah… Quelle idée… PAS DU TOUT §§§§ (capitaine, modifiez le cap, tout de suite !) Non Sansa, je vous emmène à l’abri chez votre tante Lysa, dans les Eyriés.
–Lysa. Ma tante.
–Ma future femme, oui.
–Ma tante. Celle qui allaite encore son fils de 27 ans.
–Il en a six.
–C’est toujours trop vieux. Lysa Tully, celle qui voulait jeter Tyrion Lannister du haut de la montagne parce qu’elle s’était persuadée toute seule qu’il avait tué son mari ?
–Ouioui…
–… »
Histoire de noyer le poisson, lord Baelish Petyr décide de dévoiler à Sansa la véritay sur la mort du roi Joffrey dans un jeu de question réponse destiné à nous montrer que 1)la petite n’est vraiment pas idiote, 2)mais elle n’est pas encore assez retorse pour comprendre ce qui s’est jouer, 3)nous non plus parce que personne n’aurait misé un kopek sur la culpabilité de Littlefinger, faut être honnête.
Un petit reproche sur cette scène de révélation, le moment où le mode opératoire est révélé :
«-Sansa, vous êtes un tout petit peu coupable vous aussi. Vous n’avez donc pas remarqué qu’il manquait une pierre à votre collier ? »
« –HAAAAAAAAAAA§§§§§§§§§ Le poison !!!!!!!!! »
Non mais sans déconner quoi… C’était si dur d’écrire une autre ligne de dialogue, à Littlefinger par exemple en mode « Et oui ! Les améthystes de votre collier sont un poison solide mouhahahahah #trüevil#puregenious » ?
Parce que là, je pense que l’immense majorité des non-lecteurs doit encore être en train de bugger sur cette réplique obscure et vaguement étrange.
Sauf s’ils ont une mémoire de fous, et se souviennent du mestre de Peyredragon.
Si, souvenez-vous de ce monsieur, dans le premier épisode de la saison 2, qui tenta d’assassiner Mélisandre en lui faisait boire du vin où il avait fait tomber un gros caillou qui avait fait «glounkglounk » contre le métal de façon extrêmement discrète ?
La même.
L’améthyste noire d’Asshaï.
« J’ai tout pigé. »
Bref, le complot est enfin dévoilé et le rôle de Littlefinger, qui s’était fait oublié depuis la saison dernière commence à prendre une belle épaisseur. La série a préparé depuis la saison 1 l’instant de cette révélation en choisissant, maladroitement à mon avis, de montrer Baelish comme un manipulateur. On en a eu des dialogues et autres monologues d’anthologie destinés à nous expliquer que « ouuuuuuh qu’est-ce qu’il est méchant, et fourbe et cruel et plein de ressentiment », une explication de texte dont le point culminant aurait été le monologue de l’échelle du Chaos la saison dernière.
« Je suis Ian Malcolm et j’approuve ce message ! »
En tant que lectrice, qui s’est prise dans la figure la révélation du rôle de Littlefinger da ns les pires complots ourdis à la cour, je regrette un peu que la série n’en ai pas fait autant. Je reste persuadée qu’il y avait moyen de présenter ce personnage de façon plus subtile. Mais « Game of Thrones » a parfois la délicatesse d’un tractopelle.
Pourtant, avec le recul, la gestion du personnage n’est pas si nulle que cela. Juste un peu lourde et maladroite parfois. Si le caractère conspirateur du personnage n’est inconnu d’aucun non lecteur, son éviction à la moitié de la saison 3 a permis d’endormir les soupçons de ces derniers. Et finalement, quand il se pointe la moustache en fleur avec son « J’ai tué le roi Joffrey ! » impossible de ne pas le croire parce que justement, le terrain a été préparé. Le spectateur n’est ainsi pas jeté dans une zone de « quoi, lui ? Le petit moustachu un peu ridicule ? J’y crois pas… » mais dans « WOOOOPINAISE, l’enfoiray !!!!! »
C’est une façon de faire qui se défend plutôt bien.
GRR Martin aime bien dévoiler son jeu très tard, en mode coup de poing. C’est un de ses « trucs » d’écrivain, sa manière à lui de toujours surprendre son lectorat. Il dévoile ses indices quand il le décide et garde toujours la main sur le moment où il souhaite faire ses révélations.
D&D ne procèdent pas de la même façon. Ayant moins de temps pour développer sur de longues explications les motivations de certains personnages, ils ont préféré développer leurs caractères sur le long terme, sans rien dissimuler.
J’ai déjà parlé du changement profond que le mode de narration objectif de la série apportait à une série de livres fondée sur le principe de subjectivité.
Littlefinger est l’illustration parfaite de cette manière de procéder.
Après, on aime, on aime pas, c’est une question de point de vue.
Même si j’ai mes réserves, je dois dire que j’aime quand la série me surprend en prenant un chemin que je ne connais pas. Sur cet épisode, elle le fait à diverses reprises. En saison 2, les prises de liberté étaient parfois hasardeuses et pas toujours heureuses. Ironiquement, la plus ridicule et mal exploitée de toute, Jon surprenant Craster offrant son fils aux White Walkers et n’en parlant jamais au lord commandant, était en fait l’étape préparant la partie la plus réussie de l’épisode. On y reviendra plus tard. Ici, en saison 4, ces entorses au canon me semblent pour l’instant réussies et nous conduisent sur des chemins nouveaux, puisque très clairement, cette fois, nous entrons de plain-pied dans des éléments des livres 6 et 7.
Port Réal.
L’info de la semaine était pour les non-lecteurs, la réponse au « who dunnit ». Les lecteurs ont pu se réjouir, ou grincer les dents de découvrir l’innocence de Margaery dans la mort de Joffrey. Bon, on s’en doutait déjà depuis la semaine dernière, dans un dialogue avec sa mamie qui désormais, avec le recul, fleure surtout bon le remplissage.
Car l’entrevue de cette semaine est largement meilleure, que ce soit pour les réponses apportées, les caractères explorés et l’ambiance générale de ce court passage.
Olenna Tyrell n’a clairement pas volé son surnom de reine des épines. Qui s’y frotte s’y pique, à commencer par les petits « Baratheons » excités de la gâchette.
Au travers du personnage d’Olenna, on retrouve aussi le pendant féminin de Tywin Lannister. Et on explore un peu plus la vie des femmes dans cet univers qui ne leur est pas forcément des plus favorables, mais où elles peuvent tirer leur épingle du jeu.
Ah, quand je pense que Cersei se rêve aussi rouée et efficace…
Ce petit dialogue m’a fait penser à une phrase prononcée dans la série « Mad Men » : « You can’t be a man. Be a woman. It’s powerfull business when correctly done » => « tu ne peux pas être un homme. Sois une femme. C’est une affaire puissance, quand elle est bien faite » (les traductions de La Dame : elles feront se suicider vos professeurs d’anglais)
Cersei disait d’ailleurs quelque chose dans l’esprit qui lie ma citation de « Mad Men » aux propos d’Olenna : « l’arme la plus puissante d’une femme est entre ses cuisses« .
Et c’est précisément cette arme qu’Olenna encourage sa petite fille à utiliser, afin de mieux contrôler le roi et donc le Trône de Fer.
Limite si cette partie de la série n’a pas été écrite pour faire mentir, ou ajouter de l’eau au moulin de la mauvaise foi de ces articles prétendant que GoT était une série misogyne où les femmes sont réduites au rang d’objets.
Des objets qui assassinent des rois (c’est le deuxième régicide fomenté par une femme depuis le début de la série. Je compte celui de Robert par Cersei parce que je considère qu’entretenir l’ivresse de son époux parti chasser le sanglier, c’est un meurtre), bâtissent des empires (on peut avoir les réserves que l’on veut sur Daenerys mais tout de même, accomplir ce qu’elle a accompli à seulement 14 ans et zéro expérience politique, ce n’est pas donné à tout le monde. Même avec trois dragons), prennent le contrôle de leur maison ou de royaumes entiers (Olenna a clairement montré que son fils, Mace, ne sert à rien, Margaery s’apprête à devenir LA reine et reçoit les conseils du meilleur professeur qui soit, Cersei a tenté d’être elle aussi une femme de pouvoir mais dans son cas c’est l’intellect qui n’a pas suivi, Mélisandre est aussi un bon exemple d’influence déterminante même si sa relation avec Stannis est plus équilibrée car motivée par l’intérêt réciproque), deviennent des tueuses psychopathes capables de s’autogérer à même pas 10 ans (Arya).
Dans un monde machiste comme celui du Trône de Fer, la place de la femme n’a rien d’enviable. Sansa a toujours été l’archétype de la femme élevée pour devenir une épouse et une mère, un accessoire commode au service des hommes. Son expérience de femme a été à chaque fois extrême (pour l’instant, même si c’est pas passé loin pendant l’émeute, le seul truc auquel elle ait échappé, c’est le viol).
Maltraitance, brimades, mariage forcé, Sansa est passé cruellement à la réalité et son évolution est une de celles que j’ai préféré dans les livres. Son entretien avec Littlefinger dans cet épisode nous a fait mesurer le chemin parcouru. Dure, froide, sans illusions, elle se montre sous un jour nouveau, avec un caractère forgé par ses déboires familiaux certes, mais aussi par la domination de l’homme sur la femme dans cette culture. Voilà entre autre pourquoi j’ai hâte de connaître la suite de son arc dans les livres (mais la série me le révèlera peut-être plus tôt que GRR Martin), histoire de voir ce qu’elle finira par accomplir.
A noter que Sansa est plus proche d’une Olenna ou d’une Margaery dans son rapport aux hommes. Elle ne cherche pas à en être un, et accepte sa condition de femme. Contrairement aux Tyrells, elle ne s’en sert pas encore pour arriver à ses fins, par manque de confiance et de maturité. Mais parce qu’elle ne rejette pas sa nature féminine, elle continue de s’opposer à Cersei et Arya, qui regrettent toutes deux d’être nées femmes.
Remarquez que je n’ai pas évoqué le cas de Brienne, qui me semble encore une fois un peu à part. Je ne crois pas qu’elle se voit elle-même comme un homme qui serait né avec une paire de seins, bien au contraire. Brienne a dans les livres (la série a d’ailleurs était un peu à l’opposé sur le sujet) des réflexions sur les femmes et leur rôle minoré par la société qui montrent qu’elle respecte son sexe et l’assume totalement. Elle aussi j’aurais tendance à la ranger dans le panier des Tyrells. Simplement, elle n’a aucun goût pour les intrigues politiques, et préfère mettre des mandales dans la gueule des autres chevaliers. Brienne assume complètement son choix (sans quoi, elle ne mènerait pas cette vie). Elle ne souffre guère des moqueries au sujet de sa carrière de femme-chevalier mais bien de celles relatives à sa laideur, son unique complexe.
Mais cessons un peu de discourir sur les femmes de Westeros pour deux trois rageux voyant le mal partout, et intéressons nous plutôt à ce qu’il se passe à Port Réal.
« Toctoc » fait ser Jaime à la porte de sa sœur.
« Ay, tequila ! » lui répond cette dernière, noyée jusqu’aux oreilles dans la margharita.
Comme Olenna l’avait pointé, la reine est détruite par la mort de son fils. Y’a de quoi. Ne jugeons donc pas Cersei sur son deuil, mais plutôt sur ses accusations hystériques, accusant Jaime d’être de mèche dans on ne sait pas trop quoi, mais bon, de toute manière, hein, voilà, hip! c’est Tyrion, c’est de sa faute hip! et Sansa aussi et si tu t’avises de me contredire je t’ordonne d’aller à trouver et de me la ramener hip! morte ou vive, de toute façon peu importe, dans les deux cas hip! j’y foutrai le feu.
« Wouôh » se dit Jaime « elle a totalement perdu la carte, la pauvre ». Pas naïf au point de penser qu’elle ne le demandera pas à un autre si elle refuse, le Régicide comprend que la vie de Sansa Stark est très sérieusement menacée. Il honorerait bien son serment fait à Catelyn Stark, pour le coup, mais il lui manque une main, il vient tout juste d’avoir une promotion comme lord commandant et puis, je sais plus si je l’ai dit, mais il lui manque une main, quoi…
Heureusement pour lui, Brienne est l’homme de la situation.
« –Lady Brienne, veuillez accepter ce modeste présent en gage de ma confiance.
–Qu’est-ce que… C’est de… C’est votre vorpale, ser Jaime.«
En langage Brienne, lui offrir une épée de cette qualité, c’est un peu l’équivalent d’une bague de fiançailles.
« –Ne vous emballez pas Brienne, cette épée, c’est pour le travail.
–Ah, ben si c’est pour le travail, alors... »
Et ce n’est pas tout !
Tel un soupirant invitant sa mie dans un cinq étoiles pour un repas mémorable au cours duquel il lui demandera sa main sauf si elle avale la bague qui était dans la coupe de champagne par inadvertance, Jaime a décidé d’offrir à Brienne une robe de soirée.
Enfin l’équivalent d’une robe de soirée dans son langage à elle, qui se trouve être également le mien.
UNE.ARMURE.TROP.BELLE.
Et décidément oui, elle ressemble drôlement à Rhaegar dans cette armure noire avec ses cheveux platine, la Brienne. Et décidément, elle la porte superbement bien. Tellement qu’on sent le Jaime à ça de lui demander effectivement sa main parce que bon, voilà quoi, hein, il est comme qui dirait rudement émotionné par la loyauté de cette femme, ce chevalier exemplaire qu’il aspire à devenir, cette amie de bons conseils, cette personne profondément gentille, bref, ce portrait inversé de la reine Cersei.
Je sais pas vous mais moi, je trouve que cette saison, tous les épisodes entretiennent un climat malsain qui sied parfaitement à l’ambiance générale du moment : globalement c’est le bazar partout dans cet univers. Daenerys détruit à coups de santiag toute une civilisation fondée sur l’esclavage, le roi des Sept Couronnes est mort et un enfant mineur le remplace, à la cour c’est un peu le flottement entre Tyrell et Lannister, au Nord on n’a plus de roi, sur le Mur plus de lord commandant, chez Craster plus de Craster, bref, c’est la pagaille à tous les étages.
Et depuis le début de la saison, c’est comme si auteurs et réalisateurs éprouvaient un malin plaisir à notre mettre nous aussi mal à l’aise en nous imposant des scènes aux climats tendus, malsains et parfois les deux en même temps.
Genre la scène de Tommen cette semaine.
L’enfant roi dort désormais dans la chambre du roi, l’ex chambre de son frère donc, où visiblement personne n’a jugé bon de retirer les carreaux d’arbalètes plantés dans à peu très toutes les pièces de mobilier. Pauvre gosse, s’il savait que l’on avait retiré le cadavre de Roz que la semaine d’avant le mariage (les bonniches n’ont pas l’air très au taquet dans ce palais…).
Bref, Tommen a du mal à dormir, et on le comprend un peu, quand SOUDAIN !!!!! un bruit de porte suspect se fait entendre.
Le petit roi flippe sa race, ce qui est normal à son âge où on croit encore aux monstres dans le placard et quand on a une mère qui a du vous répéter 1000 fois en deux jours qu’on était en grand danger de mort et qu’accessoirement, on a vu son frère mourir sous ses yeux.
A sa place, je hurlerais un truc du genre « A moi la garde !!!! Y’a une blonde dépoitraillée dans ma chambre !!! »
D’ailleurs, il lui pose une bonne question, à la blonde dépoitraillée : « Comment t’as fait pour passer la garde ?
–Hihi, la garde…«
OK, trois options :
1) Le garde en faction n’a pas vu passer Margaery ce qui en dit long sur le niveau des Manteaux Blancs.
2) Margaery et/ou Olenna l’a soudoyé, ce qui en dit toujours aussi long sur la Garde Royale.
3) Margaery a déjoué sa vigilance en passant devant lui planquée sous un carton, comme Solid Snake.
Quoi qu’il en soit des skill de fufu ninja de Margaery, la conversation vire assez vite au pedobear. Pedorose en l’espèce car Margaery subjugue littéralement son petit roi par quelques minauderies et discrètes allusions à leur prochaine nuit de noce. Tommen, hypnotisé, ressemble un peu à la proie d’un serpent même si l’on est guère inquiet pour lui. Gentil comme il est, Margaery ne lui fera jamais de mal. Elle se contentera de lui souffler les bonnes réponses et de lui offrir des chatons.
Mon côté « OOOOUUUUU le piti chat trop choupi HIIIIIII ! » s’est bruyamment exprimé durant le visionnage de l’épisode en découvrant ser Pounce, auquel Joffrey avait visiblement promis une fin de carrière très créative. C’est quand Tommen a raconté cette histoire que je me suis vraiment réjouie de la mort du précédent roi.
Après avoir filé sa première érection à Tommen, Margaery peut donc s’en aller, certaine d’avoir ferré le poisson comme mamie l’avait demandé.
A savoir que dans les livres, le rôle de Margaery n’est pas aussi développé que dans la série. C’est même un personnage assez inssaisissable, que l’on découvre principalement au travers des yeux de Cersei qui lui voue une haine farouche et la soupçonne d’user de ses charmes pour détourner d’elle ses deux fils. Ce en quoi, elle n’a pas tort et la série nous donne la preuve que ce personnage est un peu plus que la version médiévale de la cheerleader.
Une fois encore, c’est objectivité de la série qui nous donne une vision plus complète de Margaery.
L’objectivité et aussi, il faut le dire, le vieillissement de tous les protagonistes par rapport aux livres. Dans ceux-ci, même si je pense qu’elle est tout aussi manipulatrice et retorse, son très jeune âge en fait plus un instrument conscient et volontaire de la maison Tyrell alors que la série la montre avant tout motivée par ses ambitions personnelles (« I want to be THE queen« ). Sa famille n’ayant guère été présentée dans la série, Margaery se devait d’incarner les ambitions de son clan entier et donc, de prendre plus d’épaisseur, ce que l’âge de Natalie Dormer permettait de rendre totalement crédible à l’écran.
Châteaunoir.
Pauvre Jon Snow, on dirait qu’il a chopé une laryngite. Et le voilà à donner des cours d’escrime dans la cour, tentant de donner des instructions avec sa grosse voix grave ramenée au-delà du Mur !
Parmi ses élèves du jour, Jonathan, qui avoue être une grosse buse avec une épée, ce qui est assez normal quand on essaye de confier une épée bâtarde à un enfant de 8 ans ne se nourrissant que de patates à l’eau.
Et à côté de Jonathan, Locke, qui joue le fayot « hophop pas chassé, hop, tac dans ta bouche »
«-Mais c’est que vous roxxer grave, Locke ! Et pas que de vos réparties cinglantes !
–Oh, ben vous savez, c’est beaucoup de boulot.
–Mais dites-moi, qu’est-ce que vous fichez donc là, au fait ?
–Ah… Une bien triste histoire… Un jour, je volai une miche de pain pour nourrir euh… un mec, je crois.
–Comment c’est noblement poignant… Je pleurerais bien mais je suis revenu tout empreint de maturité de mon voyage au-Delà du Mur. La preuve, ma voix a perdu facile deux octaves. »
Habilement, c’est au détour d’un dialogue que se règle ce qui aurait pu être perçu comme une incohérence : l’absence de mention de Bran entre Sam et Jon. Le premier ayant croisé le petit prince, il était presque étonnant que le sujet ne soit pas abordé entre lui et son bro, mais cette semaine, on découvre que le Tarly a bien informé lord Snow que son frère a passé le Mur et que cette nouvelle a motivé Jon lors de sa convalescence.
La série retombe ainsi habilement sur ses pattes tout en continuant d’enrichir l’arc inédit avec Locke, qui se porte volontaire pour la mission chez Craster parce qu’il surprend leur conversation sur l’éventuelle présence de Bran dans ce secteur.
Du coup, quand Alliser saisit au vol l’occasion de se débarrasser de Jon en l’envoyant avec des volontaires au nord du Mur, Locke n’écoutant que son swag et la certitude de se faire peler vif par Roose Bolton s’il venait à faillir à sa mission, choisit de se joindre à la petite expédition qui réunit tous les plus sympathiques amis du frisé.
Cet arc, inédit, le personnage de Locke n’existant pas dans les livres, aboutira je l’espère à un final détonant, mixé avec les autres arcs de l’Au-Delà du Mur. Pour l’instant, difficile de juger, les modifications par rapport aux livres sont pour l’heure si importantes qu’il vaut mieux attendre et voir que de s’user au jeu des sept erreurs.
Rapetown.
Si Dany ressemble de plus en plus à Thulsadum, Karl le Mutin a un petit côté roi barbare décadent.
Ouaip, incroyable mais vrai, les filles de Craster regrettent désormais leur père. D’accord, il était incestueux et polygame mais au moins, ça restait en famille.
Les mutins de la Garde de Nuit ne sont plus qu’une bande de soudards, de monstres décadents. Il règne dans cette cahute une ambiance de fin des temps, ce qui n’est pas totalement faux considérant l’armée des Sauvageons arrivant par le nord, coursée par des cohortes de zombies. Karl et ses hommes n’ont dans le fond guère d’illusions quant à leurs chances de survie. En attendant, c’est le règne de la terreur pour les filles/épouses de Craster, soumises aux pulsions morbides des anciens frères jurés.
Et justement, voici qu’une d’entre elles se présente avec un enfant dans les bras. Un fils posthume de Craster, nommé donc Craster Junior.
Je sais que vous y avez aussitôt pensé…
Elément excellent dans cette scène, ajout qui donne des frissons dans le dos, cette litanie spontanée des épouses « A gift to the gods… » qui rend soudain cette scène oppressante, presque mystique. Le spectateur sait pertinement ce qu’il va se passer à présent, même si Karl et ses hommes ne saisissent pas tout de suite le sens du sacrifice, y voyant d’abord un moyen pour le vieux Craster de se débarrasser d’une bouche à nourrir et d’un rival potentiel.
Sur le chemin du retour après avec déposé le colis sous un arbre, un des mutins se fait grogner dessus par
Fan…
Fantôme ?
C’est bien toi ?
« Woouaff, oui, c’est moi, wouafwouaf »
Mais enfin, qu’est-ce que tu fous ici ? Enfin je veux dire c’est vrai que ça explique pourquoi on ne te voyait plus avec Jon depuis la saison dernière.
« Ouais, voilà. Tu sais ce que c’est un, les économies, hein, la faute des dragons, toussa. Et puis y’a plus de CGI cette année, donc voilà, y’a un moment, c’est nous, les direwolves qui en faisons les frais. »
C’est tout à fait logique ce que tu me dis là mon bon Fantôme, d’ailleurs je
Déjà, qu’est-ce que tu foutais du côté de chez Craster alors que selon toute logique, tu devrais être soit plus au nord, du côté de chez les Sauvageons de Mance Rayder, soit directement dans les pattes de Jon Snow, lequel n’est pas repassé par chez Craster depuis des mois ?
Ensuite, pardon de te dire ça, mais comment une bande de gros glands bourrés au gros rouge ont fait pour capturer et mettre en cage un putain de loup de la taille d’un bœuf charolais ? T’as une explication à ça ?
« Euh….. Ay tequila ? »
Ok, ce n’est plus Fantôme qu’il faut qu’on t’appelle toi, c’est Moonmoon !
C’est heureusement fort à propos qu’un phénomène du genre paranormal sauve Moonmoon de l’embarras en jetant sur la scène un voile de vent glacé et de givre impromptu.
C’est la nounou qui est en chemin pour récupérer Craster Junior.
La nounou c’est Hubert le White Walker (parce que ça rime, c’est très précis l’onomastique chez les Marcheurs Blancs), le demi-frère de Gilbert de l’année dernière (ce qui rime aussi, notez-le), que Samwell Tarly assassina froidement par inadvertance.
Il est donc grand temps de passer au moment où les cris de l’enfant attirent l’attention de visiteurs inattendus, qui me font dire que décidément, chez Craster, c’est pire qu’à l’auberge du Poney qui Tousse : tout le monde finit par y attérir un jour ou l’autre. A ceci pris que l’auberge est sur la route royale, sorte de passage obligé pour les voyageurs, alors que l’Au-Delà du Mur, quand même, c’est vaste.
Mais bref, faisons donc un tour du côté de chez Bran…
Hell on wheels.
Chers D&D,
Je vous remercie du fond du cœur d’avoir pris en compte mes remarques relatives à la monotonie de vos scènes avec Bran.
Cordialement,
La Dame.
PS : faites comprendre à la costumière qu’il faut vraiment faire quelque chose pour Dany. Se serait fort urbain.
Bon alors faut pas déconner non plus, c’est pas Byzance, hein. Mais non seulement, pour une fois il ne dormait pas, mais en plus fait-il des trucs de zomans en entendant Craster Junior s’époumoner dans la forêt.
C’est davantage la suite qui m’intéresse, quand leur commando de gros busards vient se jeter dans la gueule du loup.
Vous auriez dû vous planquer sous des cartons, comme Margaery… Amateurs…
Fun fact : quand un Stark tente de passer en fufu chez Craster, il se prend un coup de pelle. Oh ce running gag en mousse.
Aux mains de Karl qui connait désormais l’identité de Bran, voilà nos joyeux randonneurs dans une fâcheuse posture, à ça de se prendre le raid de la Garde de Nuit sur le museau.
Entorse majeure au canon qui place Bran et Jon à ça de se retrouver, même brièvement. Et occasion pour la série de dynamiser un peu l’arc de Bran qui, il faut le dire, a été rendu assez chiante dans la série par la volonté des auteurs de ne pas s’en servir, comme c’était le cas dans le livre, pour raconter des flashbacks. Les Reed connaissent en effet bon nombre d’histoires et servaient souvent à Martin pour caser deux trois petites info bien sympa (genre le chevalier d’Aubier Rieur, pour les lecteurs qui s’en souviennent).
Après, méfiance tout de même : ajouter des péripéties inutiles c’est aussi une option et il se pourrait que cet arc se solde par un grand coup d’épée dans l’eau. Mais j’attends. On ne sait jamais, cette saison j’ai tendance à me montrer un peu plus confiante avec la série.
Les Contrées de l’Eternel Hiver.
Depuis la saison 2 déjà, la série avait répondu à une question que tous les lecteurs se posaient : que faisait vraiment Craster de ses fils ?
Il n’y avait pas dans le livre de réponse vraiment claire et le passage où Jon surprend Gilbert s’emparant d’un Craster Junior avait surprise (avant de devenir nulle parce que cette buse n’avait pas jugé bon d’en informer le lord commandant) car elle confirmait ce qui était une hypothèse plutôt bien étayée.
Mais comme dans « Le Trône de Fer » on ne sait que ce que Martin veut bien nous révéler, difficile d’avoir des certitudes. « Game of Thrones » elle, en donne, objectivité de la narration oblige.
Qu’apporte cette scène, concrètement ? Et bien elle nous fait entrer dans le domaine de l’Autre, dans l’antre de l’Hiver, et repose les bases fantastiques de la série. Pour mémoire, le livre comme la série s’ouvrent sur le retour des Marcheurs Blancs, lesquels sont tout de même LA menace pesant sur l’ensemble des protagonistes, et composent la moitié du titre de la saga « A Song of Ice and Fire ».
L’ambiance de la scène rappelait donc cette composante fantastique au cœur de l’œuvre et d’un point de vue visuel, son aspect fantasy.
D’ailleurs, je ne peux pas m’empêcher de penser que du point de vue de la réalisation, le fait que la dernière scène de Daenerys, contemplant sa cité du haut de la pyramide, ait elle aussi une esthétique très marquée dans l’unique but de faire écho à l’ultime scène de l’épisode.
De la même manière, Est-ce un hasard sur la forteresse des White Walker a une forme pyramidale ? Je vais sans doute chercher un peu loin, mais je crois vraiment que la série cherche à marquer un lien entre ces deux pôles, jusque dans le cri que poussent les dragons et les White Walkers, étrangement similaires en saison 2.
Il me semble que ce spoiler arrive fort à propos dans une série qui, comme dans les livres, n’accorde qu’une place ténue (mais qui tend à augmenter) au fantastique. Il était temps de remettre les White Walkers sur le devant de la scène et de rappeler la menace qu’ils représentent.
Amusant, si je comprends bien, à moins que d’autres Sauvageons pratiquent ce rituel, ce qui n’est pas impossible, Craster semble être le père de tous les White Walkers.
GRR a VRAIMENT un sérieux problème avec l’inceste…
Retrouvons enfin Hubert le White Walker et son précieux chargement, chevauchant gaiement dans un désert de glace un rien lugubre. Effet à la fois creepy et saisissant, certains plans sont filmés du point du vue de bébé, qui ne semble pas vraiment inquiet de voir que sa nounou a la peau hyper gercée tout de même. Non, il semble juste content d’avoir quelqu’un pour lui changer les couches, ce qui peut se comprendre quand on a passé trois heures allongé dans la neige à la merci des loups.
Pour la première fois de l’histoire de Westeros, nous découvrons une terre dont très peu sont revenus : les Contrées de l’Eternel Hiver . Un endroit si extrême que même Bear Grylls il peut pas y aller. On ne sait pas trop ce qui y vit, mais on sait que c’est de cette désolation de glace que viennent les Marcheurs Blancs. Eux et l’Autre, l’entité de l’Hiver, la chose tapie dans les neiges qui attend son heure pour recouvrir le monde d’un épais manteau blanc.
C’est émouvant. Grisant et émouvant de se retrouver là, dans ce lieu mystique où aucun lecteur n’a jamais foutu les pieds, merci le principe de subjectivité des romans. Que D&D détournent astucieusement en choisissant de le faire découvrir au travers des yeux du fils du Craster, qui nous sert de référence pendant tout ce passage.
J’en étais encore là, à penser que la scène allait rapidement se conclure sur un fondu noir d’Hubert emportant l’enfant toujours plus au nord, jusqu’à disparaître à notre vue en mode lonesome cowboy quand soudain…
Minas Morgul.
Enfin pas tout à fait.
La Citadelle de la Couronne de Glace.
Enfin non plus.
Un mix des deux coiffé d’aurores boréales, une vision à la fois magnifique et effrayante. Stupeur et tremblement, cette fois, ON Y EST. A deux pas de l’Autre. A deux pas du dieu sombre et froid.
O.M.G.
O.M.G, un cromlech.
[L’instant culturel :
Dans la typologie des monuments mégalithiques, on distingue deux types d’alignements : les menhirs disposés en ligne, qui prennent le nom générique d’alignement mégalithique, et les cromlech, où les pierres levées sont disposées en cercle.
C’était l’instant culturel]
Hubert dépose l’enfant sur un autel au centre du cromlech, laissant planer le doute sur la suite : va-t-il l’abandonner là, ce qui du coup ne sert pas à grand-chose parce que quitte à mourir de froid autant rester près de chez Craster. Va-t-il lui planter un poignard dans les langes ?
Non, OHNONLESAMIS.
L’awesomeness devient encore plus awesome car toujours avec les yeux de l’enfant, nous découvrons alors 13 formes sombres.
Se détache alors la silhouette d’un humanoïde qui se révèle être Iced Maul, la version Esquimo de Darth Maul, qui se penche sur l’enfant et effleure sa joue de son ongle :
«-Désormais tu te nommes Herbert. Parce que ça rime avec White Walker. »
Et soudain, les yeux du bébé se virent au bleu de glace, répondant à la question que le monde entier se pose depuis l’origine des temps : comme on fait les bébés White Walker => on les fait pokévolver en surgelés Picard, comme des bébés Courgeau.
Conclusion.
En tant que lectrice, cet épisode m’a baladée entre tous les sentiments que j’ai pu avoir au sujet de l’adaptation depuis le lancement de la série. Autant dans la saison 2, ces divergences étaient parfois mal goupillées et on sentait que les auteurs avaient un peu de mal entre la fidélité aux livres, la nécessité de faire un travail d’adaptation, et l’envie de raconter cette histoire à leur manière.
Je n’aimerais d’ailleurs pas être à leur place, contraints de condenser l’œuvre de GRR Martin pour la faire passer sur un support plus largement grand public où il est souvent nécessaire d’être concis et moins subtil afin d’aller plus rapidement à l’essentiel.
A la différence d’un GRR Martin qui écrit comme il veut, au rythme qu’il veut (même s’il a un peu la pression maintenant le papi), et qui décide tout seul du temps qu’il va passer à décrire tel personnage, tel action ou tel repas, D&D ont une marge de manœuvre plus restreinte : impératifs économiques (même si le budget de la série a considérablement augmenté, « Game of Thrones » a toujours un budget de série télé), impératifs techniques (impossible de tout montrer en 10 épisodes de 45-50 minutes chacun avec une telle profusion de lieux et de personnages), cahier des charges à respecter….
Et maintenant, ajoutez à cela qu’ils se retrouvent au pied du Mur (mouarf), à rattraper un auteur qui leur a dévoilé la fin de l’histoire qu’il n’a pas encore écrite.
Il est grand temps de prendre des libertés, des risques, et d’oser modifier parfois drastiquement certains arcs. Celui de Bran cette saison est une grosse prise de risque et je me demande bien où tout ceci va bien pouvoir aller. J’espère un peu le voir croiser Jon, dans le fond, sinon cette entorse au canon risque d’avoir le même effet que le coup de raquette dans la gueule du bâtard en saison 2 : un coup d’épée dans l’eau. Faire prisonnier Eté, mettre Bran et ses compagnons en danger de mort, tout ça pour les voir se barrer en loucedé pendant l’assaut de chez Craster par la Garde de Nuit sans que les deux frères ne se croisent, ou ne se voient, se serait un peu décevant parce que ça sentirait très bon la péripétie rajoutée inutilement pour faire genre.
Ok, ça ferait aussi genre « mettons un peu de piment dans l’arc de Bran« , ce qui n’est clairement pas un mal, mais je resterais sans doute un peu déçue si ça se finissait sans un rapide échange, qu’il soit verbal ou de regards.
Et je ne dis pas ça QUE parce que j’espère un peu que cette hypothétique confrontation me donne des indices sur le tome 6, hein. Pas que…
D&D en sont désormais rendu au moment où ils se mettent à spoiler ce fameux tome 6, peut-être un peu le 7 aussi d’ailleurs et comme je le disais dans le billet, on peut difficilement le leur reprocher. Ce n’est pas parce que GRR, qui a accepté cette règle du jeu, n’avance pas, qu’ils doivent se brider au détriment de leur série et de son rythme. Depuis la saison 1, ils pratiquent l’art de poser des éléments en avance, afin de préparer le spectateur à certains évènements, certaines révélations : Littlefinger en est un bon exemple, mais je pense aussi à une scène de la saison 1 montrant Arya dans la gueule de Balerion, destinée à préparer le terrain pour des révélations de la saison…5, selon toute vraisemblance. Idem concernant les allusions à la Compagnie Dorée…
Jusqu’à présent, les lecteurs étaient encore maîtres du jeu, sachant ce à quoi la série faisait allusion et se réjouissant intérieurement de comprendre ces références.
Désormais, nous avons perdu la main, découvrant des indices ou obtenant des réponses sur des éléments qui nous sont encore totalement inconnus (le Roi de la Nuit apparaissant cette semaine, ou Mélisandre annonçant à Arya qu’elles se reverront…).
Personnellement, cela me fait regarder la série d’un œil nouveau. Jusqu’alors, j’attendais de voir ce que je connaissais déjà, maintenant, j’ai hâte d’en savoir plus sur la suite.
Certes, cela me spoile sauvagement les livres.
Quand la série a commencé, je m’étais posée la question de savoir ce que je ferais si jamais HBO prenait de l’avance sur GRR Martin. Je n’ai toujours pas la réponse à cette question, mais elle se pose aux lecteurs aujourd’hui plus que jamais. Certains décideront sûrement d’arrêter et d’attendre pour ne pas déflorer « A Dream of Spring » trop tôt.
L’épisode du jour nous force clairement à réfléchir à ce choix futur.