La saison 5 est décidément une saison bien inégale. Cette semaine était atroce, entre des scènes écrites en dépit du bon sens, d’autres scènes chiantes, et quelques réussites niveau écriture mises à mal par une absence de projet de mise en scène autre que « des gens dans des pièces ».
« Unbent, unbowed, unbroken », outre avoir le titre le plus ironique de l’histoire de la série, semble reposer exclusivement sur les arcs des filles Stark, qui brillent par leurs qualités d’ambiance et d’écriture. Parce qu’on aura rarement eu autant envie de casser son écran avec son clavier puis de foncer vers le port le plus proche pour y voler une barque à bord de laquelle nous ramerons vers Los Angeles, mais si c’est possible de le faire, ser Jorah y arrive bien, lui, pour aller hurler notre rage au visage de D&D, quand bien même c’était prévisible, quand bien même c’était tout sauf illogique vues les directions prises par la réécriture, quand bien même cela correspondait finalement aux évènements du livre, quand bien même, quand bien même…
Cet épisode est donc placé sous le signe de l’ironie, la plus amère et la plus mordante qu’il soit. Préparez-vous à suivre ce fil rouge.
Dorneville.
C’est moi où ils font n’importe quoi avec les décors dorniens ?
Il y a 15 jours Bronn, Jaime et le Snake Gang zonaient dans un genre de désert littoral, qui ne devait être en fait qu’une grosse plage mutée en Sahara par la magie du cinéma et des cadres étriqués.
Cette semaine, nos bros sont le long d’une nouvelle plage, quelque part dans un coin où il n’a pas l’air de faire plus de 15 degrés, genre c’est l’Irlande du Nord et la minute d’après PAF, les voilà en Andalousie, va comprendre quelque chose.
Après, le côté « on a tourné la scène à Cherbourg », c’est assez raccord avec Dorneville, mais quand même quoi.
Ici le fabuleux palais d’Al Glaoui
Et là, Colleville
Bref, considérations météo mises à part je dois bien dire que l’arc dornien est parfaitement pourri.
Mais d’une force les gens….
Je ne vais pas revenir sur l’absence de plan de Jaime, Bronn le fait très bien tout seul.
Regardez-moi ce magnifique Doran Martell, livré avec sa célèbre chaise roulante et son Aeroh Hota tout équipé. Je me demande bien ce qu’il va faire cette semaine, sans doute nous éblouir d’une réplique lourde de sens prompte à semer confusion et effroi dans nos esprits :
« Une Lannister et un Martell, c’est krékré dangereux. »
BAM, nailed it bonhomme. La petite phrase en contexte genre l’air de rien, qui annonce son don le plus précieux, l’omniscience. Il n’y a pas que les pattes qui trainent chez le prince de Dorne, il y a aussi les oreilles, lesquelles avaient évidemment vu venir à quelque chose comme 27 000 bornes le « plan » trop génial et carrément pas prévisible d’Ellaria.
Faut dire que la dernière fois qu’ils se sont vus, cette dernière a trouvé intélijan de lui servir un monologue de Grand Méchant, vous savez celui qui dévoile l’intégralité de votre projet machiavélique « Tu é 1 fèble é mé cops lé aspique L von tro te f1té la prinssesse ».
Du coup, Darth Ellaria et ses fidèles apprenties ont beau se planquer dans une citerne, leur furtivité n’a d’égal que leur stupidité parce que quelqu’un pourrait-il m’expliquer s’il vous plait l’intérêt de se coller des foulards sur le museau pour entrer dans le jardin, foulards qui seront retirés dès qu’elles seront en position ???
C’était quoi l’idée les filles, on vous écoute : « Lé foular C pour fer kom lé ninja dan lé film de Brousse Lit, lé ninja C trop discré TMTC alor nou oçi lol »
Tant qu’à loler, je voudrais profiter qu’on soit là peinard à regarder Bronn&Jaime infiltrer les Jardins Aquatiques pour vous faire remarquer, sombres abruties, que ces deux bras cassés qui 1) ne sont pas chez eux, 2) n’ont même pas de plan, trouvent le moyen d’être plus crédibles dans leur tentative que vous ne l’êtes, profitant de leurs uniformes de Stormtroopers pour entrer ni vus ni connus dans le cœur de l’Etoile Noire. Je sais que ce n’est pas parfait, surtout rapport au fait que Jaime ressemble au cousin aryen de votre père Oberyn, mais au moins ça a le mérite d’être un minimum réfléchi.
Donc, pour aller à l’essentiel dans cet enchainement de scènes assez navrantes, Bronn&Jaime tombent sur Myrcella en train de galocher Trystan Martell, ce qui choque légèrement le Régicide.
Ne me regardez pas comme ça, on voit clairement qu’il est soulagé en découvrant que le godelureau en cosplay Aladdin est le fiancé de sa fi…nièce, soulagement qui ne manque pas de surprendre de la part d’un mec qui s’est envoyé sa sœur jumelle sur le cadavre de leur fils biclassé incestueux et adultérin. Mais je dis ça, je dis rien. Un papa reste un papa.
«-C’est bon Myrcella, range moi cette langue, on rentre à la maison.
–Non, jamais, tu ne peux pas nous empêcher de vivre notre amour !
–Ecoute, j’ai pas trop le temps de t’expliquer mais…
–Tu n’as pas d’ordre à me donner, t’es pas mon père.
–LOL.
–La ferme, Bronn.
–Je vais aller siffler « The Dornishman’s wife » dans un coin alors, le temps que vous régliez votre différent familial.
–Myrcella, pour ton bien…
–Qu’est ce que t’y connais à mon bien d’abord ? Ici j’ai pas à supporter mon alcoolique de mère à longueur de journée, on m’habille avec des robes de princesse Disney, j’ai même été recast pour avoir une vraie tête d’ado relou qui donne envie de la baffer avec des parpaings dès qu’elle ouvre la bouche, et mon promis est trobo, plus que tous les One Direction réunis, en plus ça doit être le seul mariage arrangé de toute la série avec deux gens contents et consentants alors laisse-moi vivre mon rêve en paix !!! »
Naaaaaaaan mais sans déconner…. Ok, D&D n’ont pas à suivre à la lettre les bouquins, d’ailleurs ça fait un moment qu’ils ont abandonné l’idée, mais je suis tout de même un poil déçue par cette Myrcella next gen. Vieillie pour les besoins de la série, elle n’a strictement rien à voir avec l’enfant intelligente et sage engendrée par les jumeaux Lannister.
Parce que oui, malgré le l33t sk1ll de ses deux parents à mobiliser leurs capacités cérébrales, Mymy en impose, au point que dans les livres certains Martell avaient de grands projets pour elle.
Et en lieu et place de cette douce et prometteuse enfant, on se cogne Myrcella Mc Girly, biatch hormonalement lobotimisée qui ne se tait que lorsqu’elle inspecte les amygdales de « sonchéri ».
Mazette, c’est à peine croyable.
Ce qui l’est encore moins c’est l’archi pourritude du combat qui va suivre, combat opposant Bronn, Jaime, Obara, Nym et l’autre Aspic Jesaisplussonnom.
Attention, gros gros niveau en matière de chorégraphie et d’écriture, attachez vos ceintures, on part sur les montagnes russes du n’importe quoi.
D’abord, les filles sont trois et les garçons sont que deux, donc on va se séparer, comme ça Obara tu prends Bronn et Jesaisplustonnom tu te cognes le manchot. Pendant ce temps, Nym va fouetter leurs culs, ça va bien les déstabiliser, c’est de l’unagi, technique ancestrale, tu peux pas test.
Schlackschlak, fait le fouet sur le postérieur de Jaime, lequel est manchot donc si d’aventure Nym avait eu ce truc là, vous savez, avec un manche et une lame au bout, ou même si elle avait décidé d’utiliser son frakking fouet pour autre chose qu’une très mauvaise imitiation de Félindra Tête de Tigre, elle aurait pu aider Jesaisplussonnom à envoyer en 2 secondes le Régicide au tapi.
Pour mémoire, pas plus tard qu’il y a 15 jours, Jaime expliquait à Bronn qu’il pouvait se battre mais contre un seul adveraire à la fois et de préférence quelqu’un de lent. Soit tout le contraire de Jesaisplusonnom qui se bat à deux lames, tout de même, spécialité qui dans n’importe quel RPG est l’apanage des rogue combattant au corps à corps dans un tourbillon d’épées courtes promptes à lacérer la face d’un adversaire plus gauche.
Mais bon, elles s’y seraient mises à 2, Jaime serait sans doute mort et visiblement, pour lui, c’est « not today » (contrairement à Bronn qui devrait y passer next week ou celle d’encore après, vu qu’il s’est fait piquer par l’Aspic…. Je l’avais dit un discours émotionnant et tu signes ton arrêt de mort).
Y avait-il un moyen à la fois logique et intelligent de poursuivre ce combat avec deux duels, et un troisième Aspic occupé à quelque chose d’autre que faire schlakchlak ?
Bah oui bande de plow. Il suffisait que Nym fonce sur Myrcella en lui disant « Vite vite princesse, je vais vous mettre à l’abri, ne restez pas là », la conduise à Ellaria et c’était dans la poche. Histoire de ne pas tout foirer le scénario de l’épisode qui devait conduire à un échec des Siths, il suffisait de montrer les troupes de Doran interceptant Nym et Myrcella en chemin.
Et hop.
Mais non, schlakschlak, va comprendre…
Braavos.
Arya est le personnage qui cumule le plus de séries dérivées le long de son parcours. Après « Kill Ilyn Payne, ser Meryn Trant, king Joffrey… », « Arry Sans Famille », « Punkie Brewster Westeros Edition », « Le Limier, Chien Fidèle », la voici donc dans « Six Feet Under ».
Sa leçon du jour s’avère très intéressante afin de comprendre le parcours qui sera le sien. Jusqu’à présent, Arya comme le spectateur avaient cru que le principe de son initiation était d’effacer sa personnalité pour n’être plus qu’une enveloppe vide, capable d’accueillir un des multiples visages que revêtent ceux qui servent le Dieu Multiface.
Mais cette semaine, Jaqen nous a fait comprendre qu’il y a une dimension au-delà de ce « personne » qu’il veut qu’Arya devienne. Une dimension qu’elle a atteinte en accompagnant l’enfant au bord du bassin, la conduisant vers sa mort en s’appropriant sa souffrance, de la même façon que sa camarade l’a fait plus tôt. En écoutant cette dernière lui raconter sa vie de fille de noble westrien chassée de chez elle par une belle mère indigne, Arya souriait, avant que Germaine ne la retourne en révélant que son histoire n’était qu’un tissu de mensonges. Germaine à qui Arya n’a sans doute jamais raconté sa vie, mais qui a déduit ses informations par l’observation, sa connaissance du monde, et surtout par cette qualité que cherchent les Sans Visages, l’empathie.
Car contrairement à leur attitude rigide, leur formation semble bien conduire à une parfaite maîtrise de l’humanité, une compréhension totale de ce que recouvre le concept, seul moyen pour eux de n’être plus personne, en devenant tout le monde.
Changer de visage, de personnalité, ne peut se faire que de cette manière et c’est bien ce que Jaqen a démontré à Arya en la conduisant dans le Frigo aux Mille Visages pour lui annoncer qu’elle vient de passer niveau 2.
Koh Lanta.
La vie est dure au camp de base des rouges. Depuis que Tyrion est tombé du bateau pendant l’épreuve d’immunité, son équipe n’a plus rien à manger à part des baies, chose dont personnellement, dans un jeu de survie comme ça, sur un continent étranger, je me méfierais.
Malgré une tentative pour nous faire croire qu’on ne va pas se faire suer durant l’arc « Tyrion et lord Friendzone voyagent ensemble », avec notre bon nain qui met les pieds dans le plat en révélant à Jorah que son père est mort, on se fait tout de même très vite suer jusqu’à ce que BRUTALEMENT la série passe de Koh Lanta à « Lost » en faisant pop Monsieur Eko au beau milieu de « Game of Thrones ».
« Perso j’ai jamais compris d’où venait le monstre de l’île de Lost. On lui posera la question ? »
Décidément, c’est l’épisode de l’ironie. Ser Jorah, chassé de son fief par Ned Stark parce qu’il s’adonnait au trafic d’esclaves, se trouve la proie d’une bande d’esclavagistes dotés du pouvoir de téléportation.
Car c’était aussi l’épisode des téléportations cette semaine, entre Littlefinger qui est déjà à Port Réal, la gamine chez les Sans Visages qui se matérialise dans le dos d’Arya, et ces mecs qui sortent de nulle part alors que même pas deux secondes avant il n’y avait derrière Tyrion qu’un horizon dégagé.
Bon. Là aussi on frise l’indigence parce que cette scène n’est que fonctionnelle pour nous, pour eux, pour D&D. A un détail près. J’y reviendrai.
En attendant, réjouissons-nous de voir Tyrion retrouver son meilleur niveau langagier quand il pirouette plus vite que son ombre pour sauver sa tête, son kiki et la vie de ser Jorah. Limite si ça ne nous rappellerait pas l’époque où il sillonnait les Eyriés avec Bronn en se faisant des potes de tous les clans qu’il croisait.
Réjouissons-nous aussi car l’épisode du jour va permettre à nombre d’entre vous de répondre à une question posée par Fewer dans les commentaires de l’épisode précédent : si vous viviez dans cet univers, où voudriez-vous résider et quelle profession exerceriez-vous ?
Levez la main tous ceux qui rêvent de devenir marchand de zgeg à Pentos.
Et maintenant, le point OMGWTF ça vous arrive de vous relire parfois ?
Dans les livres, il arrivait à quelques péripéties près la même chose à Tyrion et Jorah, réduits en esclavages et expédiés vers Meereen. Meereen qui était en état de siège de la part des autres cités esclavagistes, ce qui expliquait pourquoi comment pourquoi ces fiers marins avaient l’idée saugrenue d’aller vendre des gens dans la seule ville de la région ayant aboli l’esclavage.
Accessoirement, même en admettant que la réouverture des arènes soit de notoriété publique, il faudra expliquer à ces garçons l’info principale à ce sujet : seuls des hommes libres pourront s’y affronter.
Nan mais bravo le bricolage, vraiment. On ne serait pas totalement ébloui par la mention de l’existence des vendeurs de pénis (pénicier ?) qu’on se laisserait presque abuser par ces marchands d’esclaves qui vont vendre leur marchandise dans une cité dirigée par une reine abolitionniste avec l’espoir de se faire payer un bon prix le chevalier-gladiateur qui de toute manière ne pourra combattre et donc potentiellement leur rapporter de l’argent qu’en HOMME LIBRE.
La Manif Pour Tous.
Je suis encore et toujours impressionnée par Littlefinger, qui a renoué avec son cher téléporteur puisque nous le retrouvons donc cette semaine à Port Réal. Ok, ça fait 15 jours qu’on en l’a pas vu, il a sans doute pris un bateau depuis Blancport du coup ok, ce n’est pas si foufou que ça.
Mais ce qui m’impressionne vraiment c’est qu’il ait reconnu Lancel Lannister malgré sa robe de bure, sa coupe de cheveu, ses 30 kilos de muscles supplémentaires et son symbole jaffa sur le front.
Lancel qui pourrait carrément l’arrêter au beau milieu de la rue pour délit de propriété de bordel, mais bon, ça aurait été dommage de rater la scène d’après où Cersei lui en fait justement la remarque. Une scène intéressante, compte tenu des leçons que Littlefinger tente de donner à la reine-mère, laquelle n’écoute rien, n’entend rien, ne comprend rien :
«-Donc, vous avez armé des fanatiques religieux…
–Exactement. Brillant hein ?
–Tout ça pour faire arrêter Loras Tyrell pour crime de buttsex dans ses escuyers.
–Comparé à moi, Machiavel, c’est Nadine Morano.
–Ok, je vois… Disons que c’est balot pour ser Loras. Quel regrettable choix de partenaire de lit *winkwinkWINKREGARDEMOICERSEIwink*.
–Vous avez une poussière dans l’œil, lord Baelish ?
–Je faisais référence à la poutre dans le vôtre, vôtre mâjesté, mais comme je constate que vous êtes une cause perdue, je vais oublier la chronique de votre chute annoncée par retour de manivelle dans votre auguste visage pour faire ce que je fais de mieux, tirer profit de la situation. Aller, je me lance, accrochez-vous au pinceau, je retire l’échelle : SANSA STARK !
–WAAAAT ?
–Oh ouais, chez les Bolton.
–Vous êtes en train de me dire que mon ex-belle fille qui me déteste a fui chez ces traitres de Bolton en qui personne n’aurait confiance pas même quelqu’un d’aussi naïf que… Ben que Sansa Stark justement ??? En voilà un retournement de situation pour le moins inattendu ! »
Au départ, je me demandais bien où Littlefinger voulait en venir avec cette bombe, mais c’était juste du pur Baelish dans le texte. Quitte à revenir à Port Réal autant que cela soit en donnant à la reine l’illusion qu’on peut lui faire confiance. Les Tyrells sont en mauvaise posture, et si d’aventure Cersei parvenait à tirer son épingle de son jeu dangereux, autant demeurer dans ses petits papiers. Surtout quand on est tenancier de bordel, comme la Valkyrie de la Morale et de la Vertu c’est plu à le lui rappeler.
En vendant à la reine-mère la présence de Sansa à Winterfell, Littlefinger a une fois de plus parfaitement manœuvré. Cersei a l’illusion d’avoir un allié efficace et précieux à son service. Parce qu’il a localisé celle qu’elle hait le plus au monde même devant Margaery, il peut la manipuler à loisir en lui promettant de s’occuper personnellement du problème. Et elle gobe, parce qu’elle n’a aucune raison de douter de lui. Et lui, et bien avec ses chevaliers du Val, son association avec les Tyrells pour le régicide et la confiance de Cersei, il a l’assurance qu’après la bataille de Winterfell, il pourra quoi qu’il arrive devenir Gardien du Nord.
Jusqu’à présent, Littlefinger n’a commis aucune erreur, y compris en mariant Sansa à Ramsay Bolton.
Disons que politiquement, c’était une manœuvre habile. Et qu’en toute honnêteté, la probabilité que la petite épouserait un psychopathe était tout de même inférieure à 2%.
Lorsqu’une scène impliquant Olenna Tyrell s’avère moyenne, on peut sans hésiter taxer l’épisode du jour de médiocre.
La confrontation de la Reine des Epines avec la reine-mère n’avait rien de flamboyant et on comprend pourquoi mamie Olenna regrette tant Tywin Lannister. Déjà parce que Cersei est une vraie gamine à faire semblant d’écrire comme le faisait son père alors que tout le monde sait bien qu’elle est en train de dessiner des teubs sur son parchemin.
Ensuite parce qu’elle manque singulièrement de répartie. Et qu’elle n’est de toute façon pas là pour négocier. Ici, nous rencontrons les limites d’Olenna Tyrell en matière de joute verbale car quand votre adversaire se borne à la posture défensive, vous ne faites que vous épuiser et vous frustrer.
Malgré le manque de peps de la scène, sa conclusion était un brin glaçante, lorsque la Reine des Epines se lève, un soupçon de panique dans les yeux. Elle vient de comprendre que Cersei n’est pas une politicienne. C’est une femme riche et puissante en roue libre. Un monstre incontrôlable qui croit manipuler des forces la dépassant complètement.
Mais Cersei continue de se croire maligne jusque lors de « l’enquête » menée par Captain High Sparrow pour tenter de prouver l’homosexualité de ser Loras :
«-Oh oye, gai matelot ! Alors, comme ça il parait que tu aimes inspecter la cale des moussaillons ?
–Je comprends rien à ce que vous dites, monsieur.
–Je te demande si tu souques ferme dans les chenaux étroits.
–Mais enfin non !
–Parole, corne de bouc ?
–Parole.
–Avance, femme !
–Reine Margaery, s’il vous plait, High Sparrow.
–Captain High Sparrow !
–Ok, je… C’est étrange, cette situation a comme un air de déjà-vu.
–Plait-il ?
–Voyons voir, je suis reine, je suis à un procès, et dans deux minutes sur la fois d’un témoignage accablant vous allez m’accuser de tous les crimes les plus odieux, m’enfermer dans une tour et me couper la tête…
–Ah oui, je comprends mieux, vous confondez avec la fois où vous étiez reine d’Angleterre dans « Les Tudors ». Non mais vous pouvez parler sans crainte, on est dans « Game of Thrones », pas de danger. Alors !!! Votre frère : gay ou bien ?
–JAMAY sur la tête de baby George !
–ENTRE ICI TEMOIN ACCABLANT !
–J’en étais sûre !!!! »
Ainsi, pour la deuxième fois de sa carrière, Natalie Dormer va nous jouer la partition de la reine en prison, même si cette fois, les accusations portées contre elles sont fondées.
Pour mémoire, dans les livres, Cersei la faisait accuser d’inceste avec Loras (je sais, l’hôpital, la charité…), ce qui rétrospectivement nous rapproche un peu des chefs d’accusation contre Anne Boleyn, c’est seulement maintenant que je le remarque. C’est marrant.
C’est donc une habile pirouette pour la série que de faire arrêter Margaery pour parjure, compte tenu du fait qu’il aurait été difficile de faire avaler à qui que ce soit une relation incestueuse avec Loras. Déjà dans les livres ça passe limite et ne tient que parce que Cersei a une « preuve » de consommation d’une tisane contraceptive/abortive par Margaery, alors qu’elle n’est pas supposée avoir la moindre activité sexuelle (elle est alors en attente de son mariage avec un Tommen âgé de 8 ans, ce qui reporte aux calendes grecques sa nuit de noce).
Il ne reste plus désormais qu’à attendre les conséquences de ces arrestations mais le regard meurtrier de mamie Olenna en dit long sur la violence de la contrattaque.
Il fait en tout cas vachement plus peur que les deux gardes royaux perdus dans le décor, très impressionnés depuis l’intérieur de leurs armures complètes par les deux mecs du Pugnus Dei avec des bâtons.
Malgré sa difficulté à gérer correctement son rythme, cette saison 5 est aussi celle qui semble la plus riche en intrications, posant loin en amont ses billes. La scène Loras/Dodo/Margaery du premier épisode, outre un moyen habile de rappeler Dorne au bon souvenir du spectateur, était également la pièce maîtresse de cet interrogatoire, dont tous les éléments étaient destinés à tomber aujourd’hui : la tâche de naissance, la présence de Margaery…
Une scène qui prend un ton délicieusement ironique car c’est au terme de celle-ci que Margaery s’était exclamé « perhaps » en évoquant sa belle-mère. Quelques jours avant de manipuler son époux pour qu’il l’éloigne, quelques jours avant que Cersei ne se mette à jouer avec le feu et fomente sa machination. « Perhaps », Margaery. Perhaps.
Winterhell.
Quand il y a deux ans je décidai de surnommer Ramsay Bolton « Michel Fourniret », je n’imaginais pas que ce sobriquet viendrait si fort à propos, et surtout pas que Sansa serait la principale intéressée de cette lubie pour le viol de vierges.
Paf, les mots sont lâchés, appelons un chat un chat et considérant que c’est de loin le pire truc qui soit arrivé à un Stark depuis le pilote de cette série. Depuis la chute de Bran en fait.
Le pire ? Vraiment ? Allons, des gens sont morts tout de même, limite la petite devrait s’estimer heureuse, ahah, l’autre.
Non.
Ned Stark, pour injuste que fut sa mort, avait mérité de se faire taper très fort sur les doigts. Robb Stark, pour adject que fut le modus operandi, avait lui aussi mérité de se faire sanctionner comme il se doit. Cat… Disons que Catelyn a été une victime collatérale et que sa mort à elle aussi était terriblement affreuse. Même si c’est elle qui l’avait déclenchée, cette guerre…
Sansa n’est la victime d’un viol conjugal que parce qu’elle est une femme. Point.
Le final de cet épisode était le plus malsain de toute l’histoire de la série. Et pourtant, « Game of Thrones » n’en est pas à son coup d’essai en matière de viol conjugal puisque Daenerys a aura également subi, dont un face caméra.
Mais depuis, nous avons rencontré Ramsay Snow, et surtout depuis, la série a gagné en qualité de mise en scène. Et le moins que l’on puisse dire c’est que tout dans ce mariage suintait glauque, dangereux, malsain, brutal.
Y compris jusque dans la bande originale qui aura rejoué les thèmes « I’m hers, she’s mine » et de la famille Stark de la façon la plus tordue possible, afin de bien appuyer le sentiment nauséeux.
Alors oui, cette scène était courue d’avance pour Sansa. A force d’être fiancée à tout un chacun, il fallait bien qu’à un moment, l’un de ses maris songe à consumer durant la nuit de noces. A l’instant d’évoquer Tyrion, on saura apprécier l’hommage tardif mais l’hommage quand même de Sansa à son premier mari, sorte de portrait en négatif de Ramsay.
Un Ramsay admirablement interprété comme de coutume par Iwan Rheon, qui a su faire basculer en une fraction de secondes, le regard presque sympathique du fils Bolton en regard malade de Michel Fourniret. Alors que tu sais déjà ce qui attend Sansa, que tu sais déjà qui est ce type et de quoi il est capable, tu te sens te liquéfier de l’intérieur quand ses yeux passent en mode sadique.
Honnêtement, tout ce que j’espère c’est que Sansa ne tombe pas enceinte. La logique voudrait que l’on commence à aborder le sujet. Soit pour annoncer un « heureux » évènement, soit pour présenter des méthodes capables de lui faire éviter ce type de désagrément (les livres mentionnent souvent le fameux thé de lune qui n’apparait pas encore dans la série. Je verrais bien Sansa demander à Mamie Zinzin de la fournir).
[Le point chiffon.
Il sera bref, et uniquement destiné à évoquer la tristement splendide tenue de mariage de Sansa.
Je voulais juste mentionner que c’est la première fois de l’histoire de cette série que l’on voit quelqu’un porter ouvertement les couleurs de la maison Stark qui sont le gris et le blanc. Il est en effet de tradition dans les maisons nobles, et surtout dans les mariages du culte des Sept, que la promise revête les couleurs de sa maison qui seront ensuite recouvertes par le manteau de son époux. Rituel qui a pu être observé lors de mariage de Sansa et de Tyrion.
Cette série mélangeant notoirement TOUT en matière de cultes et de mariage, on a donc eu le droit à une épousée en Stark, sans manteau Bolton tout rose pour recouvrir le tout.
Oui, la couleur de la maison Bolton c’est le rose. Mais comme c’est en référence à la chair de l’écorché, on évitera toute plaisanterie sur ce choix de prime abord curieux, mais en réalité fort à propos.
La semaine dernière on évoquait le blanc chez Daenerys, une couleur qui a récemment colonisé toute sa garde-robe à mesure qu’elle affirme son autorité de reine et qu’elle s’enfonce dans le marasme meereenois.
Et paf, devinez quoi, cette semaine, c’est aussi du blanc en masse pour Sansa. Ce blanc qui signe son retour à Winterfell, son sacrifice sur l’autel des ambitions de Littlefinger et un peu comme Dany, une forme de mise à l’écart du reste du troupeau. Toutes les deux ont ce statut d’étrangère, toutes les deux sont assiégées dans leur propre fief. Quant au fait que le blanc puisse être une couleur mortifère dans une série où l’Hiver vient, cela semblerait assez logique.
Malgré la logique héraldique de ce choix de couleur pour Sansa, je ne suis pas sûre que ce gros manteau blanc relève du pur hasard. Après tout, le blanc n’est absolument pas dans cet univers une couleur de mariage (il n’y en a tout simplement pas, le concept est très récent, même pour nous) et le gris ou en général toutes les teintes sombres sont plus représentatives à nos yeux des couleurs associées au Stark.
D’ailleurs, le manteau, bloc monochrome, est tout aussi lourd et texturé que l’est la fameuse robe blanche de Dany avec les écailles de dragon. Un manteau dont les épaules ont la même forme que la robe Mockingbird, nouvelle référence au jeu de Sansa, qui arbore une tenue aux couleurs de sa maison mais dont la forme renvoie à son protecteur.
Cet épisode étant placé sous le signe de l’ironie, je ne peux pas m’empêcher de voir dans ce choix un gros pied de nez envoyé à la face des spectateurs. Lesquels sont conditionnés par l’image de la mariée en blanc, symbole du bonheur toussa. Et la série de continuer d’enfoncer le clou avec ce décor de rêve, les lampions dans le bois sacré et la neige qui tombe à gros flocons. Sur les seuls aspects cosmétiques, c’était le mariage de conte de fée.
Mais D&D nous malmènent, autant que Sansa est malmenée par la vie, en fracassant nos rêves sur le mur des réalités (LE leitmotiv des jeunes années de Sansa).
Et ce jusque dans la chambre à coucher, très joliment décorée, à mille lieues de la chambre de torture qu’elle va très rapidement devenir pour Sansa.
C’était le point chiffon]
Alors oui, certes, de la part de Ramsay on aurait pu s’attendre à 1000 fois pire. D’ailleurs dans le livre, c’était pire puisqu’il demandait à Schlingue de « préparer » sa femme (Jeyne Poole que l’on fait passer pour Arya) avant de s’en occuper lui-même.
Ici, Dieu merci pour Sansa, on nous épargne cette séquence, Theon servant au final de contrechamp à peine bienvenu. Theon qui n’était là que pour nous servir d’écran, la remarque de Ramsay, s’adressant autant à lui qu’au spectateur (Ramsay est décidément le briseur de quatrième mur de la série !) : « You’ve known her since she was a girl ». En effet, Sansa Stark nous l’avons connue gamine.
Donc si on résume, un psychopathe qui pour UNE fois s’abstient d’être créatif sur sa victime, et une scène où tout se passe en contrechamp et le public est choquay ?
Parce que la scène a été très bien préparée, presque depuis la saison 2 (même s’il est sans doute improbable qu’elle ait été en gestation alors). Avec la tentative de viol dont Sansa avait failli être la victime durant l’émeute de Port Réal, la menace de son mariage avec Joffrey, le Limier lui disant qu’elles serait bien heureuse de le voir lorsqu’il n’y aurait que lui pour s’interposer entre elle et son précieux roi, la nuit de noces avec Tyrion, les attouchements de Littlefinger, la perversité de Ramsay….
L’histoire de Sansa est l’histoire tristement banale d’un corps sans cesse menacé de viol par les circonstances. Depuis la saison 2, cette échéance est sans cesse retardée, d’abord par la rupture de ses fiançailles avec Joffrey, puis par le sauvetage in extremis du Limier, puis par la bienveillance de Tyrion, puis par la nécessité pour Littlefinger de la garder vierge jusqu’au mariage. Car c’est bien là l’unique chose qui a protégé Sansa depuis qu’elle a mis pied à bord de l’Unique au début de la saison dernière.
Un peu avant la diffusion de cette cinquième saison, Sophie Turner avait défendu son personnage en interview en demandant aux spectateurs de ne pas détester Sansa pour sa féminité. Il est un fait que depuis le départ, Sansa est l’incarnation parfaite de la femme modèle dans cette société. Sa mère l’a élevée pour qu’elle soit ainsi. Sa position dans la société fait d’elle une monnaie de valeur.
Elle est jeune, sans famille, sans soutien, sans pouvoir. Qu’on ne lui reproche surtout pas sa passivité alors qu’elle se retrouve précisément cette semaine dans une position où elle n’a aucun choix. Être femme dans un univers pareil peut s’apparenter à un calvaire. Le livre fait très souvent mention des viols et autres violences faites aux femmes, que ce soit dans le contexte de la guerre, ou le contexte conjugal. Cersei n’est pas avare de réflexions sur la brutalité de Robert, par exemple. Quant à Daenerys, elle aussi subi des viols conjugaux pendant de longs mois, impuissante et désarmée à l’image de Sansa aujourd’hui, parce que sa famille, son époux, le monde, sa culture, exigent qu’elle souffre encore et encore. Parce qu’elle, comme Sansa, n’est rien d’autre qu’un bien dont on dispose.
Et c’est sans doute la combinaison de tout cela qui fait que cette scène reste insupportable, quand bien même elle suit une logique d’une triste banalité. Voici ce qu’il en coûte donc de naître femme en Westeros.
On a trop souvent tendance à oublier la menace constante qui pesait sur les femmes en ces époques plus reculées, au sein de société largement misogynes les renvoyant à un statut d’infériorité.
Et si malheureusement cela laisse encore des traces, on ne se représente plus ce que pouvait être la condition féminine dans ce type de société (il va de soi qu’il existe encore des endroits et/ou des circonstances où la femme n’est qu’un bien meuble). Entre le statut d’éternelle mineure, la culpabilité qui leur incombait en cas de viol, ou toutes ces situations où elles devaient subir, telle la nuit de noces d’un mariage arrangé, c’est un univers de danger constant, de peur ou les brimades, les violences, les agressions sont à ce point banales qu’elles en deviennent normales.
Sansa est ici sans ambiguïté forcée à accepter ce mariage pour sauver sa peau (le « choix » que lui laisse Littlefinger est un leurre), puis découvre que son futur est un homme malsain et dérangé. Le seul qui pourrait l’aider est Theon, lui-même terrifié par Ramsay et tout aussi incapable que Sansa de réagir sans susciter une réaction plus violente encore.
Prisonnière de cette chambre, Sansa est également prisonnière dans sa propre maison, et désormais prisonnière d’un mariage et du consensus culturel autour de la nuit de noces.
C’est à tout point de vue une scène atroce dont la protagoniste principale est pieds et poings liés à la merci de son bourreau.
Toute la question étant maintenant de savoir comment Sansa va réagir à ce traumatisme.
Ok, on va arrêter le tir avec l’ironie
La semaine prochaine…
The rightful king is back, bitches. Vivement qu’il atteigne Port Réal, je veux une scène entre lui et Olenna.
Mais en attendant ce jour glorieux, il va nous falloir patienter un peu. Et espérer un épisode moins inégal.
Qu’on ne se méprenne pas, il n’était ni lent ni farci de scène inutiles, bien au contraire, mais juste à mes yeux très terne en matière de mise en scène et d’écriture, sauf concernant Arya et Sansa, qui ont bénéficié des meilleures ambiances, comme toujours depuis ce début de saison. C’était un peu l’équivalent de l’épisode 9 de la saison dernière, où tous les efforts semblaient concentrés sur le duel entre Oberyn et la Montagne.
Mine de rien, ça y est, on entre dans le dernier tiers d’une saison qui comme les livres dont elle est inspirée,se borne pour l’heure à faire beaucoup de mise en place. Petit à petit, les points se mettent en place, les joueurs les plus faibles sont éliminés, et si quelqu’un pouvait S’IL VOUS PLAIT (prenez votre souffle) : arrêter de faire du mal à Sansa Stark montrer des loup garous faire un truc bien juste un truc avec Dorne faire sortir Dany de Meereen nous montrer à quoi ressemble la boutique d’un pénicier.
Oh, si d’aventure certains ici suivent « Outlander », méfiance, chercher à vous consoler de la fin de cet épisode de « Game of Thrones » avec l’épisode 15 C’EST PAS L’IDEE DU SIECLE.
PS :ce weekend, je me suis battue avec une tomate et c’est la tomate qui a gagné. Depuis deux jours, c’est donc un peu « Vis ma vie de Jaime Lannister ». Du coup ce billet est un peu plus court que de coutume, rapport à mon manque de skill avec des doigts en moins.